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Désordre au marché Rood Woko : Simon aura-t-il gain de cause ?

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 : Dans la nuit du 13 au 14 août 2009, le marché Mont- Bouët, la plus importante infrastructure marchande du Gabon, situé au cœur de Libreville, la capitale, a été, pour la seconde fois, le théâtre d’un violent incendie. La densité des stands et les nombreuses étales en bois auraient été des facteurs adjuvants de la propagation des flammes, parties des alentours.

Ce qui n’a pas facilité la tâche aux sapeurs-pompiers, qui, bien qu’y ayant réagi promptement, ont eu de la peine à circonscrire le feu, en raison de l’exiguïté des rampes d’accès aux foyers de l’incendie. Comme il fallait s’y attendre, même si l’on ne déplore pas de perte en vie humaine, les dégâts matériels sont importants : environ 400 échoppes et leur contenu, réduits en cendres.

Bref, à peu de chose près, c’est la même indiscipline que celle qui a provoqué l’incendie survenu le 27 mai 2003 au marché Rood Woko, le poumon économique de la capitale burkinabè. C’était là le résultat de laisser-faire et de désordre, dont les conséquences ne sont plus à conter aux victimes que sont les commerçants de Rood Woko, qui, à la suite de ce drame, ont dû errer de marché en marché à travers la ville de Ouagadougou pendant six années.

Dieu merci, on est parvenu, tant bien que mal, à sortir de cette situation, grâce au concours, une fois de plus, de l’Agence française de développement (AFD), pour que Rood Woko renaisse de ses cendres. On se retrouve certes une ardoise salée d’un milliard et quelque 300 millions à éponger, mais tout le monde se réjouit de la réouverture, depuis le 16 avril dernier, du grand marché de Ouagadougou.

Il se réanime peu à peu, mais non sans quelques difficultés, car deux camps s’y opposent : d’un côté, nous avons les partisans de l’ordre, pour qui il ne faut plus laisser le bordel s’installer ; de l’autre, il y ceux-là qui considèrent qu’un marché africain, c’est le pêle-mêle. C’est dans cette ambiance de rivalité de conceptions d’ailleurs qu’en juillet dernier un incident y a occasionné des casses : entre autres dégâts, les barricades, érigées à la réhabilitation du centre commercial, ont volé en éclats, et les policiers municipaux, chargés, eux aussi, de la sécurité des lieux, ont été déclarés persona non grata par les commerçants.

Suite donc à ce spectacle dont le bilan des dommages matériels, évalués par les autorités communales, se chiffre à plus de 40 millions de nos francs, le bourgmestre de Ouagadougou, Simon Compaoré, a jugé nécessaire de rencontrer, le 14 août dernier, les locataires du marché Rood Woko. L’objectif étant de porter à leur connaissance de nouvelles mesures prises par la commune pour éviter tout incident de nature à compromettre la prospérité des affaires dans le marché.

Comme par coïncidence, ces échanges se tenaient au moment même où le principal centre commercial de la capitale gabonaise était la proie de flammes, qui ne s’étaient pas encore totalement éteintes. A cette occasion, Simon Compaoré a fait remarquer à ses partenaires, pour ne pas dire à ses potentiels électeurs, qu’il sentait « le feu dans l’air » avec le retour du désordre dans la zone piétonne autour de Rood Woko.

L’édile de Ouagadougou a laissé entendre qu’il ne tolérerait pas la pagaille. Voilà qui est bien dit, et on espère qu’il œuvrera à ce que sa voix d’autorité soit entendue par ses interlocuteurs. Cependant on ne peut s’empêcher de lui reprocher de s’en prendre à des innocents que sont des entreprises régulières comme Diacfa, Faso cadeau, la station Total… comme si ces derniers étaient responsables de l’obstruction du passage devant leurs magasins par les commerçants ambulants.

Par ailleurs, plutôt que de jeter l’anathème sur l’Organisation nationale des commerçants du Burkina (ONACOMB), qui demande l’allègement des mesures restrictives et sécuritaires pour favoriser la bonne marche des affaires, le maire de Ouagadougou gagnerait à user du dialogue pour mettre tout le monde d’accord sur l’essentiel pour sauver Rood Woko. Sinon des propos du genre telle organisation est « opportuniste et ignorante des lois …et n’a rejoint les rangs que tardivement », au lieu de calmer les esprits, jettent l’huile sur le feu comme lui-même l’a si bien dit.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga


Article publié le mardi 18 août 2009
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