: Elections couplées 2012 vendredi 21 décembre 2012, par Bendré
Toutes les versions de cet article :
français Les femmes ont dicté leur loi
75,96%, c’est le taux de participation aux élections législatives du 2 décembre 2012. Sur 4 365 153 inscrits, le nombre de votants s’élève à 3 315 795. Le suffrage exprimé de 316 379 avec un nombre important de bulletins nuls : 299 416.
En regardant les circonscriptions sur le plan de la participation, on se rend compte que le Houet est en bon dernier avec 67,75%. Le Nahouri en tête 84,25%. En termes de taux de participation, les chiffres viennent confirmer l’impression générale. On n’a pas les détails des chiffres pour analyser la mobilisation des différents groupes : jeunes, femmes, hommes. Cependant, on a constaté que l’électorat féminin a été courtisé pendant ces élections couplées. A posteriori, nos femmes, nos filles, nos mamans et nos sœurs des villes et des campagnes ont répondu massivement présentes. Pouvait-il en être autrement ? Les femmes burkinabè sont là, là où l’histoire de notre pays les attend. Il est vrai qu’il n’en a pas été toujours ainsi car, il y a eu des moments et des grands où on aurait aimé sentir leur présence et leur engagement mais elles ne se sont pas manifestées. Elles restées timorées, laissant aux hommes le soin de défendre leurs intérêts.
Il y a eu des moments manqués avec les femmes, n’empêche que personne n’oublie ce qu’elles ont fait le 03 janvier 1966, ce qu’elles ont fait pendant la révolution, ce qu’elles ont fait au temps forts de la crise née de l’assassinat de notre confrère Norbert Zongo et ses compagnons le 13 décembre 1998, et bien sûr, ce qu’elles ont fait pendant les grands moments de mobilisation des acteurs sociaux. Pour les élections qui viennent de s’achever, il est évident qu’elles ont été déterminantes pour les partis et formations politiques qui ont réalisé des scores plus en moins appréciables, en particulier le CDP pour qui la majorité féminine engagée semble " rouler ". Le CDP et les autres partis politiques leur doivent. Maintenant que les élections sont finies, quel sort pour les femmes ?
D’abord, elles devraient être regardantes sur les résultats de l’application de la loi portant quota genre. Le nombre des conseillères municipales et de députés a-t-il cru ? On sait déjà que leur positionnement sur les listes de candidature donnait signe qu’elles seront moins représentées à l’Assemblée nationale et dans les conseils municipaux moins que leurs camarades hommes, mais elles pouvaient s’attendre à des améliorations par rapport aux situations précédentes. Si tel n’est pas le cas, il faudrait que les femmes et leur moitié masculine revoient les règles de la promotion politique des femmes, si tant est qu’on veut vraiment que la Femme burkinabè soit représentée politiquement et donc dans les instances décisionnelles, proportionnellement à son importance dans la société. Cela signifie que les débats soulevés par rapport aux stratégies pour promouvoir les femmes doivent être poursuivis et conclus avant les prochaines échéances électorales. Les partis et formations politiques qui ont vu une partie de leur financement de campagne amputée, devraient tirer les leçons dans le sens de donner à la femme la place qu’elle mérite en leur sein.
Ensuite, les femmes qui sont sorties nombreuses voter le 02 décembre dernier attendront que les vainqueurs des élections, les élus pour l’Assemblée nationale et les conseils municipaux mettent en œuvre leurs promesses de campagne. Les partis et formations politiques leur ont promis à manger et à boire. Ils ont promis aux femmes qu’elles pourront loger, se soigner, s’épanouir, s’éduquer ; que leurs enfants auront la possibilité de vivre dans un pays où ils peuvent réaliser leur potentiel.
Les élus auront cinq ans pour faire en sorte que la situation de la femme burkinabè change. Si tel n’est pas le cas dans cinq ans, les femmes devraient ressortir massivement, plus que dans ces élections, pour se faire entendre, en faisant encore des choix. Ce sera tant pis pour ceux qui auront fait des fausses promesses ; ce sera tant mieux pour ceux qui tiendront leur parole. Disons que les femmes choisiront pour tout le monde, en principe, selon que les promesses à leur tenues sont tenues ou pas, car ce sont elles qui décident, puisque ce sont elles qui votent plus.
Au-delà de la question spécifique des promesses faites aux femmes, les électeurs du 02 décembre 2012, attendent qu’après la fièvre de la campagne électorale, les votes ainsi que les jubilations, la champagne de la victoire ou la gueule de bois de la défaite, les élus se mettent vite au travail et mettent en œuvre leurs promesses. C’est une exigence pour les élus. Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui a remporté largement les élections avec 70 députés est interpellé en premier.
Par Bendré
Article publié le lundi 24 décembre 2012
3781 lectures