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lundi 27 juillet 2009
par JMK AHOUSSOU
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Sous nos propres yeux, la lagune Ebrié est en train de disparaître petit à petit au boulevard de la Corniche, l’étendue d’eau faisant place à des bancs de sables. Et pourtant ce pays regorge d’experts en tous genres, climatologues, géologues, urbanistes, spécialistes en aménagement du territoire, et que sais-je encore. Des experts qu’on exporte vers l’étranger, via le Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD), pourtant riverain de cette même lagune qui rétrécit d’année en année, sans que ce même BNETD ne réussisse à la sauver. Et pourtant, nos experts sont « exportés » pour aller arranger les pays des autres pendant que le nôtre se meurt là sous nos yeux, à petit feu. Sous nos propres yeux, nos hommes politiques nous mentent à longueur de journée, gouvernants comme opposants y compris. Quand ce n’est pas le « duo de Ouaga », c’est-à-dire Gbagbo et Soro qui sont en train de crier sur tous les toits que la Présidentielle aura bel et bien lieu le 29 novembre 2009 alors qu’ils savent très bien que c’est le contraire qui va se produire, ce sont les opposants, gouvernants d’hier, qui nous saoulent avec leurs promesses fallacieuses à coup de milliards FCFA pour refaire ce pays. Mais, qui prend-on pour l’imbécile de service en Côte d’Ivoire ? Opposants ivoiriens, qu’est-ce vous n’avez pu faire hier quand vous étiez aux affaires, que demain vous pourrez encore faire pour ce pays et ses habitants ? Sous nos propres yeux, la Côte d’Ivoire reste coupée en deux, malgré les discours jubilatoires de nos deux armées, Forces de Défense et de Sécurité (FDS) de Côte d’Ivoire et Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN). Comment voulez-vous, généraux Philippe Mangou et Soumaïla Bakayoko, que le citoyen lambda puisse croire en une armée ivoirienne nouvelle quand dans toutes les cérémonies officielles, c’est vous deux qu’on voit alors que vous devriez disparaître pour laisser le colonel Kouakou Nicolas et son Centre de Commandement Intégré (CCI), qui est notre armée intégrée, pour ne pas dire unifiée ? Ne savez-vous pas qu’à vous voir, on sait qu’il y a toujours deux armées « nationales » en Côte d’Ivoire ? « Ivoiriens du Sud », allez à Bouaké ces temps-ci par cars de transports, et revenez m’en dire un mot. Les mêmes contrôles ahurissants et méfiants des ex-combattants rebelles, dénoncés à l’époque, ont repris au Pont Bascule à Bouaké. « Ivoiriens du Nord » venant au Sud, faites un tour aux corridors de Gesco ou de Kpousousou (Yamoussoukro), vous me direz aussi que les mêmes contrôles humiliants des FDS ont repris, signe que la confiance tant clamée n’est pas là. Y a-t-il quelque chose qui se prépare et qu’on nous cache ? Qu’on nous le dise clairement afin qu’on se prépare pour ne pas être surpris comme dans la nuit du 19 septembre 2002 avec l’attaque d’Abidjan... Sous nos propres yeux, là tout doucement, le tribalisme, le clanisme, l’ethnicisme et le repli identitaire reviennent à grands pas alors qu’on croyait les avoir chassés. Des leaders politiques ivoiriens, toute honte bue, parlent d’électorat « sociologique » ou de vote « sociologique » en s’appuyant sur leur ethnie ou leur tribu. Pourquoi se croit-on obligé de vouloir jouer les plus fins avec les grands mots ? Ayez le courage, messieurs de ces partis politiques, de dire publiquement que vous demandez aux membres de vos ethnies respectives de venir voter pour vous. « Electorat sociologique » ? Quelle est cette nouvelle nègrerie, (pour parler comme mon aîné Venance Konan) qu’on a trouvée pour venir distraire la galerie en Côte d’Ivoire ? Sous nos propres yeux, on fait de faux procès au tribunal d’Abidjan. Pourquoi veut-on diantre tout politiser dans ce pays ? Un match se déroule au stade, il y a 19 morts. On condamne Anzouan Kacou de la FIF à 6 mois sans qu’il ne parte en taule, parce que tout simplement il fallait trouver un bouc émissaire dans l’affaire pour apaiser les gens. Est-ce Anzouan Kacou qui prenait 200F ou 500F à l’entrée du stade avec ceux qui n’avaient pas de tickets pour les faire entrer ? Pourquoi, pendant qu’on y est, le Procureur de la République n’a pas eu le courage de requérir son homologue militaire Ange Kessy afin de mener une enquête au niveau de la Police et de la Gendarmerie pour retrouver les agents de l’ordre qui ont occasionné cette vaste escroquerie ? La vérité est que le Procureur ne peut pas, parce que tout Procureur qu’il est, il ne vaut que par la Police et la Gendarmerie, ses bras séculiers. Or, ce qui s’est passé au stade ce jour-là, c’est que des agents venus pour un service public, l’ont privatisé à leur seul profit. « On ne jette pas son propre couteau, même quand il vous a blessé », a dit feu Félix Houphouët-Boigny pour ne pas sanctionner les militaires à l’issue de la descente punitive de la nuit du 19 mai 1991 à Yopougon. Sous nos propres yeux, la Côte d’Ivoire part en lambeaux et se meurt à petit feu. Incapables, nous le sommes de pouvoir la sauver. Tout ce qui nous intéresse, c’est de crier : « Elections ! Élections ! Elections !... »
Article publié le lundi 27 juillet 2009
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