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?Les fidèles sur le pied de guerre ?La paroisse divisée ?Le conflit bascule sur le front ethnique ?La réaction du prêtre mis en cause
lundi 13 juillet 2009
par Check Kone (stg)
du même auteur
Un curé accusé de détournement de plusieurs millions
EGLISE CATHOLIQUE (l’inter du 12 / 07/2009)
La paroisse Saint-Jean Baptiste de Yopougon quartier Mamie-Adjoua à Abidjan, vit actuellement des heures chaudes. C’est le moins qu’on puisse dire. En effet, depuis plusieurs semaines, les quelque 5000 paroissiens réclament le départ du Curé, le père Guillaume Agnimel qu’ils accusent d’avoir une gestion opaque des ressources financières de la paroisse. Et cela, ils l’ont exprimé de la manière la plus violente en perturbant la tenue de la messe du dimanche 28 juin dernier. "Plus rien ne va, la paroisse se vide de son monde, tous les fidèles sont démotivés par les pratiques mafieuses du Curé" nous ont laissé entendre plusieurs paroissiens. L’acuité des plaintes et récriminations nous a amené à remonter l’origine de cette crise aux relents économiques et ethniques.Les informations en notre possession sont des plus édifiantes. De fait, arrivé à la tête de la paroisse Saint Jean-Baptiste de Yopougon Mamie-Adjoua en 2000, le père Guillaume Agnimel aurait initié la levée d’une cotisation par les paroissiens en vue d’achever les travaux de construction de ladite paroisse. La communauté paroissiale va alors mettre la main à la poche. Selon des sources proches du conseil paroissial chargé des affaires économiques que nous avons rencontrées dans le cadre de nos investigations, ce sont plus de dix millions de francs CFA qui sont mobilisés chaque année pour les travaux de construction . Ces cotisations durent depuis 10 ans. A cette faramineuse somme ainsi recueillie, s’ajoutent les fonds générés par la fête annuelle de la charité qui avoisineraient la quinzaine de millions par an. Malheureusement tout cet argent, selon les paroissiens, aux lieu et place du financement des travaux de construction de la paroisse, va plutôt atterrir dans les comptes personnels du curé. Toujours selon les mêmes sources, le Vicaire de la paroisse, le père Jean-Baptiste Hubert Allicot, aurait subi le courroux du Curé pour avoir osé lui demander des comptes sur la gestion de l’argent. Ces deux hauts dignitaires locaux de la paroisse vont alors se livrer une guerre sans merci avec son corollaire de menaces de mort, de coup-bas et autres intimidations attribués au curé et ses affidés. La situation s’envenimant, le clergé décide alors de mandater deux médiateurs que sont les vicaires généraux le père Camille N’Drin (qui a refusé de se prononcer sur cette affaire lorsque nous l’avons joint au téléphone) et Etienne Narcisse pour ramener l’ordre dans la maison de Dieu. Mais depuis, le feu continue de couver. La décision de trop qui viendra raviver les tensions sera l’affectation officielle depuis le samedi 11 juillet dernier du père Jean Baptiste Allicot que tous les paroissiens considèrent comme la seule personne à mesure de ramener l’union dans la paroisse.
Le départ du curé exigé La situation aujourd’hui au sein de la paroisse Saint Jean-Baptiste est en tout cas très tendue. Les dissensions au sein de la communauté paroissiale sont palpables. Des mouvements de jeunes tels que le Mouvement de Libération Pacifique de la Paroisse (MLPP) ou encore le Front de Libération Totale de la Paroisse (FLTP) sont nés avec pour seul objectif, le départ du curé, le père Guillaume Agnimel. " Si le curé est toujours à la tête de la paroisse, nous allons rendre cette paroisse ingouvernable. Nous ne voulons plus le voir célébrer une messe. Si d’aventure il continuait à officier des messes, nous allons mener des actions d’envergure pour que toutes les messes soient perturbées jusqu’à son départ.". ont averti les meneurs de ces mouvements de libération. " Nous exigeons d’une part le départ sans condition du curé Agnimel et d’autre part l’annulation pure et simple de l’affectation du vicaire Allicot Hubert" poursuivent-ils. Mais toutes ces actions semblent ne pas inquiéter le père Agnimel qui aurait dit à qui veut l’entendre qu’il demeure le seul chef de la paroisse et que son départ n’était pas à l’ordre du jour. Pis, selon des sources crédibles, il aurait menacé d’ameuter tous les prêtres adjoukrou du Léboutou (région de Dabou) dont il est le président, pour casser une quelconque décision qui viendrait exiger son départ. Joint pour en savoir davantage, le père Agnimel Guillaume ne nie pas toutes les tractations et autres mouvements de mécontentement des paroissiens envers sa personne ; toutefois il nous ramène à sa hiérarchie qui seule, selon lui, est habilitée à réagir. Pour l’heure, les paroissiens sont sur le pied de guerre pour obtenir le départ du père Agnimel. Les jours à venir nous situeront.
Article publié le lundi 13 juillet 2009
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