:Dna - Dix ans après le tube «Premier gaou» à l'origine de son succès mondial, le groupe ivoirien Magic System a marqué sa reconnaissance à Anoumabo, petit quartier pauvre de la mégapole abidjanaise, en y organisant ce week-end un festival musical.
Baptisé Festival des musiques urbaines d'Anoumabo (Femua), il accueillait samedi et hier une soixantaine de jeunes inconnus de la musique ivoirienne, qui croisent de célèbres artistes africains de leur génération, comme le rappeur sénégalais Didier Awadi.
Blotti dans la commune de Marcory, à l'est d'Abidjan, Anoumabo est bordé par une lagune très insalubre. Un pont ouvre l'accès, parsemé de nids de poules, à cet ancien village Ebrié (une ethnie locale).
Autour de la scène, le quartier étale ses modestes maisons en dur, qui côtoient de frêles baraquements en bois.
« Nous voulons montrer au monde entier que nous sommes partis d'un ghetto »
Quand on rencontre le succès alors qu'« on est issu d'un quartier pauvre comme Anoumabo, il y a de quoi regarder dans le rétroviseur », confie A'Salfo, leader du groupe de quatre garçons. « C'est une reconnaissance, voire du civisme : c'est tout à fait normal que nous revenions dix ans après pour aider Anoumabo », estime le chanteur, Salif Traoré pour l'état-civil, casquette vissée au crâne.
Propulsé en 1999 par « Premier gaou », le groupe a collectionné depuis lors 11 disques d'or et un disque de platine, vendu plus de cinq millions d'albums dans le monde et joué dans des salles aussi mythiques que l'Apollo, à New York.
« Nous voulons montrer au monde entier (...) que nous sommes partis d'un ghetto », explique-t-il, souhaitant que leur parcours puisse « redonner espoir » aux jeunes du quartier. A'Salfo y a inauguré samedi la construction d'une école.
Animateur à Radio France Internationale (RFI), Claudy Siar, qui a contribué à écrire la légende des « gaous », salue « quatre garçons dans le vent dont le leader a l'intelligence de son métier ».
A'Salfo « a compris comment il pourrait faire perdurer sa musique en mariant son talent avec celui des autres, en conservant sa base en Côte d'Ivoire et en y revenant pour investir », indique ce spécialiste des musiques africaines. « Dans une Afrique qui voit partir ses enfants les plus talentueux, pas seulement dans le domaine artistique, il y a quelqu'un qui dit : "oui, moi je tiens à rester là et faire des choses chez moi" », se réjouit-il.
Par Autre presse
Article publié le lundi 13 avril 2009
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