:En prélude à l'assemblée générale du Burida attendue dans quelques jours, une rencontre s'est tenue le vendredi 13 mars dernier au cabinet du ministre de la Culture, Augustin Kouadio Komoé. Pour l'artiste Noël Dourey, cette rencontre s'est organisée sur fond de copinage. Très amer, l'auteur de "Salut les aigris" sort de sa réserve.
Noël Dourey, pour avoir pris part à l'atelier de février 2008 portant sur la réforme du Burida, peux-tu nous dire à quand la date exacte de l'AG. Et à quoi répond la réunion annoncée pour demain (NDLR : ce matin) au cabinet du ministre Komoé Augustin ?
Il y a un peu plus d'un an que nous avons travaillé à l'avant projet de décret portant reforme du Burida. C'est vrai que le Burida renfermait en son temps les causes de ce que nous avons connu comme explosion de colère, comme déchirement. Donc le Président de la République ayant été à la base de la création du Burida a jugé bon, pour calmer la tension et redonner un peu de dignité aux artistes avait dit en son temps qu'il remettrait le Burida aux artistes. C'est cette joie qui nous a animé tout au long des trois jours qu'a duré l'atelier à l'hôtel Ivoire. A la clé, nous avons eu le décret signé. On dit souvent qu'un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès. C'est pourquoi, contre mauvaise fortune, bon coeur nous avons accepté ce décret. C'est vrai qu'il donne une grande lisibilité au Burida. S'il permet à la structure de fonctionner non plus en tant que association définie par la loi du code 60. Mais aujourd'hui, nous fonctionnons dans le décret comme société civile de type particulier.
A t'entendre parler, tu reproches bien de choses à la tutelle. Que veux-tu dire par un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès ?
Un texte, fût-il le meilleur, a toujours des points de divergences. Mais ces différends sont venus d'un groupe de camarades. Le ministre s'est enfermé dans son bureau au 22e étage avec un groupe d'artistes, et il a choisi son camp pour remodeler les textes initiaux. Vous comprenez que lorsqu'un artiste va dans la presse pour dire qu'il a travaillé avec le ministre nuitamment, c'est à désespérer. Le président scientifique de cet atelier s'appelle Bernard Zadi Zaourou. Mais si on doit travailler dans le noir avec certains copains, la bienséance voudrait qu'on associe ce monsieur à ce qui est en train d'être fait.
Nous n'avons jamais dit dans nos travaux qu'en cas de dispute, le Burida reviendrait au ministre. Même de manière transitoire, on ne l'a jamais dit. Nous n'avons jamais dit dans nos textes que le ministre nommerait un membre du conseil défaillant pour quelques raisons que ce soit.
Ce qui nous revient par les mêmes personnes est qu'il y a des têtes de liste proposées pour les élections à venir, pour le contrôle du Burida. Je tiens à rappeler à tous ceux qui seraient tentés par cette aventure que dans aucune maison de droit d'auteur, les inscriptions, les adhésions ne se sont faites par groupes, par listes. C'est de manière individuelle qu'on adhère librement à une maison de droit d'auteur et qu'on en ressort.
Je ne vois pas l'opportunité de préparer un arrêté pour dire voilà les conditions dans lesquelles vous irez en concertation. Qui a donné l'idée de cet arrêté ?
Maintenant si le ministre dit qu'il a choisi son camp, quant à moi, c'est un manque de respect. On va le laisser continuer donc dans ce manque de respect vis-à-vis des uns et des autres. On dit que c'est parce que l'autre camp mobilise. Mais mobilise quoi ?
As-tu les preuves de ce que tu avances ND ?
Que le ministre me contredise. Que le ministre et son cabinet me contredisent sur la question. Je serai à l'aise. Nous nous connaissons en Côte d'Ivoire et particulièrement ici à Abidjan. Je pense que le ministre Augustin Kouadio Komoé est en train de faire fausse route. Il veut faire la part belle à l'Unartci. Sinon pourquoi un artiste peut aisément affirmer qu'il travaille nuitamment avec le ministre sur une question qui nous concerne tous. Et ces gens se tapent la poitrine pour dire qu'ils orientent tout ce que nous faisons parce qu'ils ont le ministre avec eux. Et pourtant il n'y a pas longtemps nous avons lancé " les sillons de la paix financés par l'Etat. Jusque-là, aucun bilan n'a été fait. Avec l'Unartci, nous devons donc aller de chantiers inachevés en chantiers inachevés. Alors ce que moi je demande au ministre de la Culture, c'est de faire la politique culturelle de la Côte d'Ivoire et non la culture de la politique.
Entretien réalisé par Dieusmonde Tadé
Article publié le mercredi 18 mars 2009
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