:Le juge a donné son verdict dans l’affaire des 65 millions escroqués au préjudice de la société de téléphonie mobile MTN Côte d’Ivoire. La secrétaire du chef de l’Etat a pris cinq ans fermes d’emprisonnement, ainsi que sa complice. Les inconditionnels de Laurent Gbagbo, à coup sûr, applaudiront cette volonté du chef de l’Etat d’assainir son entourage. Il est donc clair qu’il y a une volonté manifeste de redorer le blason d’un régime sali par des scandales inédits. En témoigne cette débauche d’énergie dans une « petite affaire d’escroquerie portant sur la somme de 65 millions » alors qu’il y a eu des scandales plus importants. Ce réveil tardif d’un régime de forfaiture qui recherche ses repères, en dépit des apparences, est la preuve patente que la Refondation a conduit dans le gouffre, le pays qui faisait jadis la fierté de la sous région ouest africaine
Redorer le blason terni
En effet, la Côte d’Ivoire est devenue sous la Refondation, un pays à scandales, marqué par des détournements de deniers publics, le racket, l’affairisme rampant au sommet de l’Etat, la célébration de la médiocrité et de l’impunité. Pendant ce temps, le peuple croule sous le poids de la pauvreté et la misère. La fin de mandat du Président Gbagbo s’avère une vraie catastrophe pour tout le pays. La première page des scandales sous la Refondation a été écrite par Sia Popo, du nom de ce filou qui a réussi à braquer de manière spectaculaire la Banque centrale des états de l’Afrique de l’ouest, à Abidjan. Il est de notoriété publique que ce braqueur pas comme les autres s’est rendu au siège de la Banque avec un véhicule de la Présidence de la république. L’alerte était donnée ainsi, que l’entourage du chef de l’Etat se transformait en une bande de complices des bandits de grands chemins. La presse avait tiré sur la sonnette d’alarme. Le chef de l’Etat avait balayé du revers de la main ces informations en les mettant sur le compte de dénigrement de l’opposition. Cette page n’était pas fermée quand la guerre a éclaté avec son corollaire de violations graves de droits de l’homme commises dans la partie du pays censée être sous le contrôle des institutions de la République. Cette période aura été l’occasion pour des soi-disant « jeunes patriotes » de racketter des chefs d’entreprise. Les ivoiriens ont encore en mémoire les actes de vandalisme que ces « chérifs » de la Refondation ont perpétrés sur des opérateurs économiques jusqu’à les réduire à néant pour certains et les chasser du pays pour d’autres. Tout cela avec la complicité passive de la Présidence de la République. Bref, le Palais de la Présidence est devenu un lieu où des individus, du fait de leur présence auprès du chef de l’Etat, croient être des intouchables. Que leur position leur donnait un blanc seing pour abuser impunément de leurs compatriotes. C’est pourquoi, ce procès sanctionné par un verdict aussi sévère qu’inattendu, apparaît comme une volonté du maître des lieux de nettoyer son écurie d’Augias. Mais seulement, pourra-t-il aller jusqu’au bout de sa logique ? C’est la question que se posent bon nombre de ses compatriotes et même des observateurs de la vie politique nationale.
La fin de l’impunité ?
En effet, il y a pas mal de scandales qui éclaboussent les amis du chef de la Refondation. Le plus gros scandale à ce jour est la dilapidation de 100 milliards de Fcfa des paysans dans une affaire scabreuse d’achat d’usine de chocolat aux Etats-Unis. La bande à Tapé Doh croupit actuellement à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan pour ce forfait, en attendant leur jugement. Cette affaire suivait son cours quand une autre non moins spectaculaire est venu édifier les Ivoiriens sur les pratiques nauséabondes qui ont lieu au Palais. La secrétaire particulière du Président de la République est reconnue coupable d’escroquerie portant sur la somme de 65 millions de Fcfa. Le chef de l’Etat n’a pas voulu se laisser éclabousser par cette affaire. Il a dû se séparer de sa collaboratrice immédiate en la mettant à la disposition de la justice. Peut-on croire à une nouvelle ère qui sonnerait le glas de l’impunité sous la Refondation ? La question demeure posée. En tout état de cause, le jeune juge Yapi Tobo n’est pas allé de main morte pour prononcer la sentence maximale contre l’indélicate secrétaire particulière de Laurent Gbagbo. Il n’a pas suivi le Parquet qui avait requis un an contre la prévenue. Il a donné l’exemple d’une justice qui veut elle aussi redorer son blason vis-à-vis des justiciables. Une leçon que cette nouvelle génération voudrait sans doute donner à la vielle garde. Ses interventions dans les affaires sales ont provoqué l’indignation des Ivoiriens. Nul doute que ceux-ci seraient plus heureux si d’autres gros bonnets du régime passaient devant la justice pour répondre de leurs actes dans des crimes qui les éclaboussent.
Ibrahima B. Kamagaté
Article publié le dimanche 15 février 2009
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