:Dans un Congo où les mœurs sont en pleine décadence il était important et même salutaire de voir l’élite secouer dans son sommeil qui n’a que longtemps duré, alors pour se faire TUMBA Bob MATAMBA donne un coup de massue pour que demain la conscience reviennent dans le chef des congolais.
Planète Afrique : Et si on vous demandait de résumer votre livre, que diriez-vous ?
Tumba Bob Matamba : Je dirai qu’il est grand temps que les Congolais se réveillent, qu’ils puissent opérer un sursaut de conscience décisif en vue de prendre leur destin en mains. Car le Congo ressemble à un grand dortoir où des zombies somnambules sont plongés dans une sieste interminable, pendant que dans la pièce d’à côté les gens s’activent pour construire leur avenir et leur bonheur.
P. A : Pensez-vous que pour que le Congo avance il faudrait supprimer la solidarité familiale, appelée aussi « solidarité bantoue » ?
T.B.M : En cinquante années d’indépendance, quelle est le bilan de cette solidarité familiale bantoue empruntée aux traditions ancestrales? Où nous a-t-elle conduits ? Mon propos n’est pas de combattre la notion de solidarité, qui est une manifestation de la noblesse des sentiments humains. Je demande tout simplement que cette richesse d’âme, cette propension à lutter contre la précarité, soit modernisée et adaptée à l’évolution du mode de production capitaliste. Il faut créer des instruments modernes de solidarité communautaire qui soient compatibles avec l’évolution sociale, avec des critères objectifs et des mécanismes de fonctionnement respectueux de la dignité humaine, ce qui n’est pas le cas avec l’instrument traditionnel de solidarité qui passe par la main tendue, autrement dit la mendicité, attitude dégradante pour le nécessiteux. Il faut des institutions de solidarité et d’entraide qui fassent aussi office de leviers de développement, en concourant à l’expansion économique. Il suffit de regarder ce qui se fait ailleurs, au lieu de chercher à réinventer la roue !
Pour me résumer, je dirais qu’il appartient aux dirigeants contemporains de concevoir des mécanismes modernes de sécurité et d’assistance, qui soient compatibles avec le mode de production de la société capitaliste moderne, en remplacement des liens de solidarité qui avaient cours dans les sociétés traditionnelles.
P. A : Le 30 juin 1960 vous aviez douze ans et treize jours. Comment entrevoyiez-vous l’avenir à cette époque-là ?
T.B.M : Tous les espoirs étaient permis, et l’avenir était envisagé en rose. Mais dans la décennie qui a suivi l’indépendance, je me suis rendu compte personnellement de la dérive du navire Congo, et c’est la raison pour laquelle je me suis inscrit en sciences économiques pour essayer d’appréhender le phénomène et de situer les responsabilités.
P. A : vous avez parlé des migrations de populations qui ont donné naissance d’abord à des lignages, puis à des villages et enfin à des royaumes en Afrique. Que pensez-vous de la forme actuelle de la migration, où des Africains fuient leur terre pour l’Europe considérée par eux comme l’eldorado?
T.B.M : C’est révoltant, humiliant et dégradant à la fois ! C’est le résultat concret de notre échec à assumer notre destin. Nous avons arraché l’indépendance à l’Occident, mais aujourd’hui, faute de créativité, nous désertons le pays pour rejoindre le même Occident, par terre, par mer et par air, bravant tous les dangers et subissant la mort par noyade pour certains, et par engourdissement sous l’effet du froid pour d’autres, recroquevillés comme des chenilles sur les trains d’atterrissage ou dans les soutes à bagages d’avions.
La jeunesse du pays a perdu tout espoir, et consacre ce qui lui reste encore d’énergie à quitter le bateau ivre en déperdition. Ceux qui sont restés prisonniers du pays et de son enseignement au rabais, sont gagnés par l’amertume et se muent en hordes de vandales qui cannibalisent tout sur leur passage. Inconsc
Article publié le samedi 12 mai 2007
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