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Le vieux briscard a tiré sa révérence

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 :Comme indiqué dans notre précédente édition, notre collègue Pierre Tapsoba alias Brice Kaboré est décédé le mardi 25 août 2009 dans sa 51e année. Il repose depuis hier après-midi au cimetière de Gounghin où, après l’absoute à l’église Christ-Roi de Pissy, il a été accompagné à sa dernière demeure par une foule de parents, d’amis, de simples connaissances ainsi que de nombreux confrères et ses amis sapeurs-pompiers, avec qui il a collaboré de longues années, dans le cadre notamment des "Figas du jour", qu’il animait. Voici l’oraison funèbre qu’au nom de ses collègues Ouédraogo Adama, dit Damiss, a prononcée avant la mise en terre. On lira également un témoignage de Justin Daboné sur celui qui laisse une veuve et une orpheline, inconsolables.

Adieu, vice-doyen ! « Les années passent et on voit les amis disparaître ». Les poètes savent ce qu’ils disent et quand cela arrive, ça vous fend le cœur. Comme les autres collègues, je me suis senti envahi par une tristesse invincible en apprenant la mort de Brice.

Une nouvelle consternante qui a joué sur mon moral au moment où j’étais en plein travail pour rendre un papier. J’étais poursuivi par l’image de cet être disparu cher à tel point que je n’arrivais pas à jeter sur le papier. Toute la soirée de ce mardi 25 août 2009, je ne sais pas combien de fois j’ai secoué la tête tristement. Brice et moi, nous avons été recrutés le même jour dès la reprise du journal en 1991.

On n’était pas ensemble dans le bureau où chacun avait été reçu séparément. C’est dans la cour qu’on s’est rencontré fortuitement, et c’est après qu’il m’a dit qu’on l’a chargé de s’occuper des chiens écrasés. Un genre journalistique dans lequel ce monsieur se sentait. Quand il lui arrivait de titrer : « 5 malfrats au frais », cela me faisait souvent rire à l’époque.

Mais ce qui m’étonnait, c’est qu’il signait Brice Kaboré au lieu de Pierre Tapsoba, son nom à l’état civil. Et quand je lui ai demandé pourquoi ce pseudonyme, il m’a répondu en ces termes : « Daboné, Ouaga est petit, et si ces gens-là sortent un jour de taule, ils peuvent avoir ma peau. » Ah, ce Brice a toujours le mot pour rire. Dès lors, je me suis habitué à ce nom.

Depuis 1991, nous étions ensemble dans ce journal, et quand il avait été nommé réviseur général (une sorte d’adjoint au secrétaire de rédaction), je l’avais taquiné en lui demandant s’il voulait laisser la place aux jeunes gens.

Il m’a répondu qu’il se faisait « vieux », et qu’en tant que vice-doyen de la rédaction, le moment était venu pour lui de laisser les autres écrire « au frais ». Sacré Brice ! Aujourd’hui, c’est donc fini, et je ne plaisanterai plus avec l’homme à la barbichette qui ressemblait à celle de la petite chèvre de monsieur Séguin.

Il m’appelait le doyen (en âge bien entendu), mais, quand le vice-doyen s’en va, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas au sacré vallon. Adieu, vice-doyen, j’aurai toujours une pensée émue pour toi. Les années passent, et comme nul n’échappe à son destin, je suis…

Justin Daboné

Oraison funèbre de Pierre Tapsoba, alias Brice Kaboré Il n’était pas très bien depuis quelques mois, mais on était loin de s’imaginer que Pierre Tapsoba alias Brice Kaboré nous quitterait si tôt. Il y a encore quelques semaines, nous étions passés te voir à la maison, tu nous avais montré la batterie d’examens que tu avais déjà subis ou que tu t’apprêtais à faire ; et on t’avait dit en te quittant : "Prends soin de toi, vieux briscard, car on préfère t’avoir vivant pour t’insulter de temps à autre en conférence de rédaction que de te savoir à six pieds sous terre". "Ça va aller !", t’étais-tu contenté de répondre.

Jusqu’à ce qu’on apprenne que tu devais subir une intervention chirurgicale et, plus tard, que tu avais fait l’opération en question. Pas plus tard que mardi matin, nous avons eu ton épouse au téléphone, qui nous assurait que ç’allait.

Et puis, patatra !! En début d’après-midi de ce mardi 25 août 2009, la triste nouvelle est tombée, plongeant tes collègues dans la stupeur et le désarroi.

Celui que nous pleurons aujourd’hui est arrivé à L’Observateur paalga dès la reprise du journal en 1991. Celui que les jeunes gens appelaient le "Vieux briscard" était, à ce titre, l’un des anciens de la rédaction ; l’un des doyens d’âge aussi du haut de ses 51 ans. Mais la cinquantaine, c’est si jeune pour mourir.

On se disait d’ailleurs que, quelque part, ta maladie te ferait du bien et que tu étais sur la voie de la rédemption, car, une fois rétabli, tu jetterais aux orties tes péchés mignons... Hélas, tu n’en auras pas eu le temps, puisque le sort en a décidé autrement.

Brice, ton nez dégoulinant de sueur à la moindre contrariété ou quand tu avais un papier corsé à pondre va nous manquer. "Vieux poporo", ainsi qu’on t’avait également surnommé, tes colères homériques et tes fausses confidences vont nous manquer.

Brice Kaboré, ton "mystère et boule de gomme", qui ponctuait si souvent tes faits divers, vont nous manquer. Pierre, ton gosier toujours en feu (et tu joignais le geste à la parole) quand quelqu’un "insistait" pour t’inviter au bistrot du coin va nous manquer.

Pierre Tapsoba, à ta famille éplorée, à ton épouse, Sanata, et à ta fille, Anaïs, le directeur de L’Observateur (absent du pays) et tout son personnel présentent leurs condoléances les plus attristées.

REPOSE EN PAIX, ET QUE LA TERRE LIBRE DE GOUNGHIN, DONT TU TE PROCLAMAIS LE PRINCE DES RATEURS DE CHEFFERIE, TE SOIT LEGERE !



 lobservateur


Article publié le jeudi 27 août 2009
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