: Le scandale de la Cen-Sad continue de faire des vagues. Le Chef de l’Etat, le Dr Boni Yayi, était samedi dernier l’invité d’une émission spéciale diffusée sur trois chaînes de télévision de la place. Au menu, donner sa part de vérité dans ledit dossier et inviter ses compatriotes à lui faire confiance pour la suite du combat contre l’impunité, la mal gouvernance et la corruption. Durant plus heure d’horloge, le président de la République, après avoir rappelé les efforts de son gouvernement pour améliorer les conditions de vie et de travail de ses concitoyens, est aussi revenu sur les grands sujets qui fâchent dans le pays. De l’interdiction de la marche des syndicalistes à la politisation à outrance des activités syndicales en passant par les agissements de l’opposition illégale visant à déstabiliser son régime, aucun détail n’a été occulté.
Catégorie : une Posté par : jesdine Le premier point abordé au cours de cette émission télévisée et qui a attiré tous les regards est lié au scandale de la Cen-Sad. Là-dessus, le Chef de l’Etat n’est pas allé par quatre chemins pour dire ce qui s’est réellement passé. D’entrée de jeu, il a fait savoir qu’il a honte d’en parler parce que c’est de son régime qu’il est question. Mais il a avoue ne maîtrisant pas tous ses contours. Selon ses explications, il n’était pas au conseil des ministres qui a statué sur le dossier de réfection du Cic et du palais des congrès. Après le sommet, dit-il, les bruits ont couru comme quoi il y a eu des surfacturations par-ci et par-là. « Les députés étaient aussi sur le dossier et ont menacé même de mettre en place une commission d’enquête parlementaire. Lorsque j’ai appris ça, j’étais très content. Mais après plus rien. Hormis les spéculations auxquelles nous sommes tous habituées. J’ai alors décidé moi-même de cerner tous les contours de l’affaire. Personne ne m’a obligé à l’évoquer, encore moins les partenaires au développement. C’est de l’intoxication », a-t-il déclaré. Ne voulant pas sanctionner les gens sur la base des rumeurs, Boni Yayi dit avoir demandé à l’Ige d’aller vérifier les rumeurs. Ce qui a été fait. « Lorsque j’ai lu le rapport qui m’a été remis, je suis tombé des nus. J’ai appelé le ministre Lawani qui a nié tous les faits qui lui sont reprochés. J’ai convoqué les deux ministres d’Etat et en sa présence, nous avons discuté sur le sujet. La seule réponse qu’il m’a donnée est qu’il a travaillé conformément à ses prérogatives. Je lui ai dit mais vous n’avez pas peur de gérer tout seul les fonds publics. Il m’a répondu la même chose. Le dossier a été alors envoyé en conseil des ministres. Ce conseil a duré de 9 heures à 16 heures. Les débats étaient très houleux. Au départ, je croyais que c’est le ministre Noudégbessi qui a tout géré. Mais erreur. Je pouvais caché le rapport de l’Ige mais je ne veux pas trahir le peuple. J’ai pris des engagements vis-à-vis de lui et je compte les respecter. Je n’ai pas d’ami ni de parent. Le pauvre Lawani est mon ami. C’est un cadre compétent mais je n’ai pas le choix », a-t-il ajouté. « Noudégbessi est accusé d’avoir proposé des adjudicataires. J’ai été obligé de le décharger de ses fonctions pour lui permettre de répondre des faits qui lui sont reprochés, puisqu’il n’a pas voulu parti de lui-même. La commission Pognon va nous aider à situer les responsabilités dans ce dossier et les coupables seront punis. Mais en attendant, j’assume cette responsabilité morale, mais je ne suis pas coupable », a tenu à préciser le Chef de l’Etat. Voilà qui est bien clair.
Reconnaître le mérite du Chef de l’Etat
Dans l’histoire du Bénin, c’est pour la première fois qu’un Chef de l’Etat en exercice décide de tirer la balle réelle dans son propre. C’est-à-dire faire le ménage au sein de ses collaborateurs. Le dossier Cen-Sad aura permis de s’en rendre compte. Après ces explications qu’il vient de donner, les spéculateurs vont devoir se taire. Car, le chef de l’Etat n’a pas fait économie de vérité. Il a dit tout ce qu’il sait du dossier. Il est allé très loin en faisant même révélations troublantes et des aveux. Seuls les leaders et les hommes d’Etat ont cette qualité autrefois bien rare dans le pays. Comme lui-même l’a d’ailleurs souligné, il avait la possibilité de mettre le rapport de l’Ige sur la place publique. S’il l’avait fait, c’est parce qu’il ne veut pas trahir son peuple. Ceux qui le traitent de tous les noms dans ce dossier doivent alors se la boucler. C’est un acte courageux qu’il a posé et qui mérite d’être salué et encouragé à sa juste valeur.
La question de la marche interdite des syndicalistes
Au cours de l’émission, le Chef de l’Etat a aussi abordé l’épineuse question de la marche interdite des syndicalistes. Sur la question, il a rassuré ses détracteurs : « je ne vais jamais porter atteintes aux libertés syndicales. Les acquis de la conférence nationale sont intouchables. Toutefois, il faut que les choses se passent selon les règles de l’art. C’est-à-dire que les lois de la République soient respectées. On m’a dit que les syndicalistes n’ont pas eu l’autorisation pour marcher. J’étais même pas au pays. J’étais à Kara. De toutes les façons, je rassure les uns et les autres que mon intention n’a jamais été de porter un coup à notre démocratie », a-t-il expliqué.
Gaston Azoua et consorts invités à faire le ménage en leur sein
Lorsque les agitations ont commencé, le Chef de l’Etat dit avoir convoqué les responsables syndicaux pour tenter de les ramener à la raison. A cette occasion, il dit leur avoir demandé de commencer par faire le ménage en leur propre sein d’abord avant de critiquer les autres. « J’ai lu dans un journal qu’il y a des responsables syndicaux qui sont en fin de mandat mais qui n’ont jamais pensé à renouveler leurs organisations. J’ai demandé un jour à mon ami Gaston Azoua ses casquettes. Il m’a dit qu’il en a deux : il parle en tant que syndicaliste et politicien. Je lui ai demandé laquelle il utilise le plus, et il m’a la dernière. Cela veut dire beaucoup de choses… », a révélé le président de la République. Selon ses explications, des gens se cachent derrière des la couverture syndicales pour mener des actions politiques sur le terrain.
Relations avec la classe politique
A en croire le Chef de l’Etat, la politique doit nourrir le peuple. Ce qui n’est pas encore le cas au Bénin. C’est pourquoi il a lancé le débat de l’assainissement du paysage politique national. Selon lui, trop de partis politiques existent au Bénin mais ne travaillent pas réellement pour l’essor du pays. « Nous devons donc travailler à revoir notre système politique. De manière à ce que la politique nourrisse réellement notre peuple », a-t-il annoncé. Par rapport a 2011, il a été on ne peut plus clair. « Je n’ai pas encore dit que je serai candidat. Si j’y vais et que je suis battu, je serai le premier à reconnaître ma défaite. Mais en attendant, j’invite mes compatriotes à travailler d’abord pour le pays. 2011, ce n’est pas demain. Je constate que tout le monde est focalisé sur cette date au point où on ne se préoccupe pas des problèmes quotidiens. Je crois qu’il faut arrêter tout ça », a-t-il martelé.
Dossier Cen-Sad
Article publié le mardi 4 août 2009
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