:Lougah immortalité, aujourd’hui
L’artiste ne meurt jamais, dit l’adage. En plus de son inaltérable discographie, riche et diverse, François Lougah, affectueusement appelé "Papa National" sera immortalisé aujourd’hui à Lakota, sa ville natale, par l’inauguration d’un mausolée digne de sa trempe. Rappelé à Dieu en 1997, Lougah avait été inhumé dans une tombe qui froissait le regard de tous ceux qui l’ont connu. Alors, pour lui donner une sépulture à la dimension du talent et de l’aura de l’homme, le Bureau Ivoirien du Droit d’Auteur (BURIDA), en partenariat avec la maison de téléphonie mobile MTN et le Port Autonome de San Pedro, ont réalisé le mausolée qui sera rétrocédé à la famille et à toute la Côte d’Ivoire aujourd’hui.
François Lougah, de son vrai nom Dago Lougah François, est né en 1942 à Lakota (Centre-Ouest du pays). Après ses études primaires à Bondoukou et Treichville (1950-1956) et secondaires au Collège Ajavon d'Abidjan (1956-1958) qu'il ne termine pas, arrêtant ses études en classe de quatrième pour partir en 1958 en France où il s'inscrit à l'Ecole française de maçonnerie et de briqueterie de la rue Lambert à Paris.
Il obtient son CAP en bâtiment en 1961 et, après avoir travaillé dans une entreprise en France, et tenté une expérience de footballeur professionnel à Aubervilliers, il rencontre Philippe Brunet, un promoteur de spectacles et de cinéma qui va changer complètement sa vie. Le promoteur français l'oriente vers l'art, d'abord le théâtre. Il joue dans de nombreuses pièces en France, dont "Jules César" de Shakespeare, "Aventure en France", puis "Africains de France". Il a également joué dans le film "Un si charmant garçon", et produit plusieurs sketches publicitaires…
Il forme avec ses compatriotes Joseph Miézan-Bognini et Michel Parayso, le "Trio Midiloms", puis, avec Yves Beugré et Viera Koré, les "Cocoblicos". Il remporte de nombreux prix "Le jeu de la chance", le Grand Prix du Music-Hall après avoir suivi des cours à l'Olympia (1966-1968). La carrière musicale de Lougah est ainsi lancée. Surtout après avoir rencontré des grandes vedettes internationales (Gilbert Becaud, Mireille Mathieu, James Brown, Fernandel, Eddie Constantine, Claude François, Miryam Makéba) qui l'initient au show-business et au jeu de la scène. Mais, c'est surtout sa rencontre avec Manu Dibango qui sera décisive dans sa carrière. De leur collaboration est sorti son premier disque : "Pécoussa", qui est un grand succès continental, voire international. Il sera invité à de nombreux festivals mondiaux dont celui des chansons populaires de Lomé (1972-1973). Il a également participé à de nombreuses fêtes nationales africaines. Au nombre de ses succès, on peut citer, outre "Pécoussa", "Marie", "Kouglizia"… Il a été "la première voix internationale ivoirienne" qui a ouvert la voie à la musique ivoirienne de variétés. Il séduit par ses tenues vestimentaires impeccables, sa prestance scénique et son admirable performance vocale…
C’est à cette icône de la musique ivoirienne que hommage sera rendu aujourd’hui.
Jean Antoine Doudou
Article publié le mercredi 18 mars 2009
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