:Samedi, s'est ouverte la 21e édition du Festival panafricain du cinéma de Ouaga, en présence du Premier ministre burkinabé, Tertius Zongo.
Chants, danses, parades des marionnettes géantes, drapeaux flottants au gré du vent, chorégraphie de la Burkinabé Irène Tassembédo avec le défilé des majorettes, des mobylettes et des vélos aux couleurs du Burkina Faso et de l'Afrique ; musiciens aux doigts alertes jouant du balafon, rues et édifices aux couleurs de l'évènement. Spectacle haut en couleurs. Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, Fespaco, pour cette 21e édition qui marque aussi la célébration de ses 40 ans (il naît en 1969), n'entendait pas faire les choses à moitié. Ils sont venus de partout pour fêter "la vieille de 40 ans". Ou, ce qui revient au même, pour être témoins de l'évènement. Autorités politiques et administratives du pays (le Président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, fait rarissime, n'y était pas), hauts représentants des structures qui financent le cinéma, cinéastes, producteurs, artistes, hommes et femmes des médias, etc. ont effectué le déplacement dans un lieu qui est aussi tout un symbole : le plus grand stade de la capitale burkinabé. Avec comme invité d'honneur, le Malien Cheick Modibo Diarra, directeur de Microsoft Afrique. Les spécialistes des chiffres parlent de quelque 20. 000. Sous le thème "Cinéma africain, tourisme et patrimoine culturel", cette 21e édition est aussi celle d'un vibrant hommage à rendre au doyen des cinéastes africains, le Sénégalais Sembène Ousmane, rappelé à Dieu en 2007. Baptême d'une rue portant son nom (avant l'ouverture, une avenue proche du Palais de la Présidence burkinabé a été baptisée de son nom, en présence de son fils aîné, Alain), inauguration exposition sur lui, veillée d'hommage à la salle de conférences du mythique Hôtel Indépendance (dites Indé) flambant neuf auquel on a ajouté Azalaï. Au bout, le musée Sembène Ousmane, la mythique chambre N°1 du cinéaste au "Indé". C'était l'icône du Festival. Le numéro 1. Et comme le disait si bien Michel Ouédraogo, délégué général du Festival, c'est "une reconnaissance à un digne fils de l'Afrique. Sembène est certes de nationalité sénégalaise, mais il est un Africain, comme il aimait à le dire. Pour nous, sans être le géniteur du Fespaco, il en est le père adoptif, celui qui l'a porté, allaité de son intelligence, de sa production filmographique ". Le maire de la ville, Simon Compaoré, ne dira pas le contraire. Surtout le représentant du directeur général de l'Unesco, Tidiani Serpos. Pour qui cet "homme libre, écrivain et cinéaste" reste et restera un " fabuleux témoin des cultures africaines". Pour ce combat de l'homme, que prend en compte le Fespaco, l'Unesco ajoutera-t-il, est prête, non seulement à favoriser la promotion des arts vivants, mais surtout à accompagner le Burkina Faso, qui va abriter le Centre international de la culture, à avoir les armes nécessaires pour répondre aux nouveaux défis d'un rayonnement culturel de l'Afrique à l'heure de la diversité culturelle; partant, à renforcer les structures et programmes en Afrique. Aussi, a-t-il invité les jeunesses africaines à suivre l'exemple de Sembène.
A ce Fespaco d'ailleurs, elle a donné le la de deux prix spéciaux à attribuer. Le premier, pour la lutte contre la pauvreté et le second, pour les droits des enfants. Pour la première fois aussi, un des systèmes des Nations unies, la Banque mondiale, anime un stand au Mica.
D'un exemple à suivre à un autre. Cheick Modibo Diarra (invité d'honneur), a salué l'action du gouvernement burkinabé et celle de tous ceux qui ont donné ses lettres de noblesse à la valorisation du riche patrimoine africain, et au cinéma africain. Aussi, n'oubliera-t-il pas d'associer Sembène Ousmane à cet engagement. Et comment ? Il (Sembène) avait refusé comme règle de vie le "mimétisme et le larbinisme". Il saluera donc "l'insoumis", "le veilleur de nuit" qui ne sera pas absent, mais toujours là, "rayons du matin qui poignent à l'horizon".
Son adresse aux anciens qui restent encore : qu'ils transmettent aux plus jeunes les valeurs défendues par l'illustre disparu, la défense du riche patrimoine africain, afin qu'ils suivent le chemin tracé par "le doyen". Au nom du Festival, le ministre de la Culture, Filippe Sawadogo - il avait mis sur orbite le Fespaco, en douze ans-, a salué, dans un discours bref, en anglais, en français et en dioula ; discours à lire dans son entièreté sur le Net, tous les festivaliers : "Merci d'avoir cri en l'Afrique". Et surtout à son cinéma : "Navets pour navets, il faut que nous consommions nos navets", rapportait-il les propos de Sembène Ousmane. Une manière d'inviter les Africains à retourner aux sources si riches et fécondes encore d'Afrique.
Article publié le lundi 2 mars 2009
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