:Lundi 15 Mars 2004, il est 6 heures à Yaoundé, dans la capitale Camerounaise. Quelques personnes sont sorties très tôt pour pouvoir emprunter rapidement un taxi ( il est habituellement très difficile d'en trouver un en début de semaine car nombreux sont les Yaoundéens qui prennent d'assaut les rues pour se rendre à leurs lieux respectifs de boulot). Ils attendront désespérément, ce matin-là, le taxi qui ne viendra jamais. Et pour cause! Les syndicats de conducteurs de taxi avaient mis à exécution leur mot d'ordre de grève annoncé la veille. Une grève qui devait durer une semaine.
A l'origine de ce mouvement d'humeur, la prolifération des barrages de police dans toutes les artères de la capitale (1 barrage tous les 2000m). Phénomène qui a laissé plus d'une personne perplexe sur la compréhension du rôle de la police: sa mission se limiterait-elle au contrôle routier?
Alors que l'insécurité galopante sévit dans les quartiers des grandes villes Camerounaises, la police a trouvé mieux de tourner le dos aux réalités et de s'attaquer aux voitures jaunes à qui elle a voué une haine farouche. Les conducteurs des voitures de transport urbain sont arnaqués au vu et au su de tous par ces hommes en tenue qui ont fait d'eux des vaches à lait. Il suffit qu'un motif soit trouvé ou créé par l'agent de police en contrôle à l'encontre du conducteur présumé en infraction et le tour est joué; le chauffeur interpellé ne trouvera son salut qu'en brandissant quelques pièces d'argent à son "bourreau".
Même les toutes nouvelles recrues de ce corps (environ 5000 récemment déversées dans les rues) laissent penser que le leitmotiv des forces du maintien de l'ordre est "'taxi phobie' à outrance".Nous rappelons que le Cameroun occupe la 2e place dans le classement des pays les plus corrompus en Afrique et la police figure parmi les corps les plus en vue en matière de corruption.
Bien que les choses soient revenues dans l'ordre, avec la suspension de la grève, grâce à la rencontre ayant réuni différents responsables et qui s'est tenue le même jour, on ne saurait oublier que c'est la 2e fois depuis le début d'année 2004 qu'un groupe de professionnels se met en grogne au Cameroun.
Les enseignants vacataires des écoles primaires publiques avaient donné le ton en marchant il y'a quelques semaines: ils revendiquaient leur intégration dans la fonction publique qui semble ignorer jusqu'à leur existence malgré le difficile travail qui est le leur dans le développement humain dans ce pays. Il faut dire qu'ils sont abandonnés à eux-mêmes et que leur situation est des plus précaires. Le régime au pouvoir a intérêt à résoudre ces problèmes et même à éviter que de telles situations ne se reproduisent d'autant plus que s'approche le jour de l'élection présidentielle.
Sinon le Cameroun pourrait courir vers l'enlisement socio-politique.
Jean Marcel BINDZI
Journaliste à Yaoundé - 15.03.2004
Article publié le mardi 11 janvier 2005
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