MARAICHAGE: La pratique séculaire de la culture irrigée de tomate dans les massifs de l’Aïr – Le Canard Déchaîné Niger
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L’Agriculture irriguée et la culture de tomates est une pratique agricole séculaire, liant interculturel et socioéconomique. Une activité qui fait le bonheur des habitants de cette zone qui s’approvisionnent ainsi de cette denrée incontournable dans le panier de la ménagère. Des produits qui sont consommés crus, mais également séchés et qui approvisionnent les marchés du pays.

Selon Dr Haboubacar Maman Manzo, Enseignant-Chercheur à l’Université Boubakar Ba de Tillaberi et Salouhou Djibrilla, Data Ressource, la culture irriguée est l’alternative adoptée par les Kel Tamasheq pour se mettre à l’abri des conditions aléatoires de la saison des pluies et les péripéties du climat. « C’est pourquoi les cultures sous pluie sont délaissées, voire interdites au-delà de la ligne limite de cultures fixée en 1962 » expliquent-ils.



Selon les deux experts, dans l’Air, l’Agriculture est majoritairement irriguée, sa pratique est ancestrale et est conditionnée à la phytogeomorphologie des terroirs. Ainsi, se distinguent dans l’Aïr plusieurs zones d’agriculture irriguée allant du Nord au Sud suivant le jalonnement des massifs Tamgak, dans la vallée d’Iferouane, aux environs des massifs Agalak comprenant les aires de cultures d’Abaraka et de Timia jusqu’à Tiggeure, puis la zone du plateau du massif de Bagzam, objet de nos investigations scientifiques pour la caracterisation des systemes agricoles en presence et leur valorisation.



Dr Haboubacar Manzo et Salouhou Djibrilla soulignent que « Au niveau de cette zone d’altitude culminant à plus de 2020m pour une superficie de plus de 600 km², de forme ovale, se prolongeant du Nord – Ouest vers le Sud-Est vers Afasas, Tabelot jusqu’à Borkot, sur près de 60 km de long et 24 km de large (Salouhou Djibrilla. 2024), nous nous intéressons au système agricole en place et à ses modes et conduites culturales ». Ils ajoutent que « Sur ce massif et à ses pieds, l’Agriculture irriguée se pratique depuis très longtemps, de facon maîtrisée et avec des techniques adaptées. Cette activité offre de la flexibilité, de la diversité et de la complémentarité pour faire face aux contraintes saisonnières, à la disponibilité de la main d’oeuvre et le respect des itinéraires culturaux ».

On apprend également des deux chercheurs qu’une des caractéristiques de l’Agriculture irriguée du massif de Bagzam, c’est le type d’irrigation qui se fait à partir des points ou l’eau d’irrigation provient des sources. Ainsi, expliquent-ils, « le dénivelé du massif favorise un drainage naturel du Nord au Sud, créant des ecoulements gravitaires et l’affleurement des sources d’eau accessibles pour l’irrigation, en plus des autres usages domestiques ».

De plus selon les deux chercheurs, avec l’augmentation démographique et l’estimation d’environs 6000 habitants en 2022, plusieurs puits ont été dénombrés (150 puits) en décembre 2024 sur le massif, en plus des sources d’eau existantes.(cf Tableau) pour supporter la pratiques des cultures irriguées toute l’année.

Ils notent que l’Agriculture irriguée pratiquée sur le massif du Bagzam est similaire à celle conduite aux pieds du massif. « Les carrés exploités sous cultures irriguées sont de dimensions correspondantes à la capacité du puit creusé. Les exploitants veillent précieusement sur la restauration et la fertilisation du sol en y apportant de la fumure organique (bouse de vache, déjections de mouton, de chèvre, d’ânes et les fuyantes de volailles). Ce qui permet de maintenir le niveau de fertilité du sol et atténuer son usure rapide. Une bonne pratique de fertilisation observée dans l’Air consiste à réutiliser la terre des anciens sites villageois pour amender les parcelles de cultures. C’est le cas de la réutilisation, comme terreau, des gravats de concessions et habitations écroulées suite aux inondations exceptionnelles de 2024 » indiquent-ils.

S’agissant des cultures mises en valeur en systemes irrigués dans l’Air et précisément sur le plateau du Bagzam, les deux chercheurs ont constaté que c’est surtout le blé qui occupe la grande part des surfaces emblavées avec une phénologie de 4 mois, de Novembre à Fev/Mars. Apres le blé, la tomate est la seconde culture irriguée par ordre d’importance historico – systemique dans l’Air.

La culture de tomate est pratiquée depuis tres longtemps, dans des planches/ parcelles d’exploitation, d’abord en pepiniere comme l’ail ou l’oignon et ensuite repiquée dans les parcelles sans tuteur.

Ces sont les hommes qui travaillent pour le suivi de la pepiniere et le repiquage de jeunes plants de tomate. Mais aussi, les femmes s’adonnent aux activités de découpe et le contrôle du sechage. Pour les travaux d’etalage, de sechage, de ramassage, de mise en sac, de transport et de stockage de tomate séchée avant écoulement, c’est la main-d’oeuvre jeunes locaux et exogènes, venant du Sud du Niger, qui est employée.

La récolte de tomate étant échelonnée sur plusieurs semaines, la main-d’oeuvre est demandée tout le long jusqu’à son écoulement sur le marché local, fraîche ou séchée, (Tabelot et Agadez) voire plus au Sud vers (Zinder, Maradi, Tahoua) et au Nigeria.

Aussi, la tomate produite et transformée (séchée) dans le massif du Bagzam s’exporte vers l’Est du Niger au Kawar où les caravaniers troquent ces tomates séchées (kawdha) contre les dattes et le sel.

Vendu le sac de de 20 – 25 mesures (tiya) de 15 000 à 30 000 fcfa, son commerce est un de plus séculaire qui compose le chargement des caravaniers qui relient les communautés et les cultures, les modes alimentaires et les traditions culinaires, les saveurs et les gouts, les offres et les demandes de la denrée tomate et la diffusion de sa consommation dans l’espace territorial Saharo-Sahelien .

La tomate de l’Aïr c’est bien le liant interculturel et le dénominateur alimentaire seculaire qui symbolise le métissage de nos communautés et consolide leurs relations intergenerationnelles.

« Pour bâtir notre souveraineté alimentaire sur base des systèmes alimentaires durables, il est bien nécessaire de connaître les terroirs de production agricole potentiels et d’origine afin de les préserver et les valoriser durablement aux bénéfices des communautés et de l’économie nationale » estiment Dr Haboubacar Manzo et Salouhou Djibrilla.

On constate ainsi que la culture irriguée que les habitants de l’Aïr ont hérité de leurs ancêtres, continue de perdurer au grand bonheur d’une population qui continue ainsi de produire ses propres moyens de subsistances, sans avoir recours aux marchés de la région et du pays.

Garé Amadou

 

 


Article publié le mardi 11 mars 2025
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