:Une toute autre issue aurait été dommageable pour le continent africain au-delà même des considérations strictement footballistiques : la 26ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) remportée par l’Egypte a consacré une gestion de football qui devrait faire école jusque dans d’autres secteurs dans un continent où l’improvisation semble devenir la norme. En finale, la foi et la détermination réputées inébranlables des Lions indomptables du Cameroun, ou encore la somme de talents de leurs individualités n’ont pas suffi face l’homogénéité, à l’esprit d’équipe et à la discipline tactique implacables des Pharaons d’Egypte.
Arsène Wenger, l’entraîneur français de l’équipe anglaise d’Arsenal avait déclaré un jour que « les footballeurs se comportaient sur un terrain de foot comme ils sont dans la vie ». En se laissant tenter par l’analogie on peut se permettre de penser que la gestion des pays africains est à l’image de celle de leurs équipes nationales de football. Réputé pour ses conflits récurrents entre la fédération et les joueurs, pour ses choix tardifs et cafouilleux des entraîneurs expatriés, le Cameroun a toujours su compenser , avec le talent et la foi de ses individualités et un amour de la patrie largement au dessus de la moyenne. à chaque fois que ses joueurs enfilent la tunique de l’équipe nationale. Ils ont même remporté une CAN après avoir débarqué d’un avion militaire sans siège confortable avec des maillots non-floqués et seulement une partie de leurs équipements.
Pour leur part, lors de l’édition 2006 de la CAN, les joueurs de la République Démocratique du Congo avaient négocié leurs primes jusqu’à 4 heures du matin, sans compter des échanges téléphoniques et des SMS entre le président de la République et l’entraîneur Claude Leroy. Et le lendemain, un conseiller du président débarqua avec des primes en liquide. Entre le président de la République et un entraîneur national, tous les interlocuteurs officiels intermédiaires, du ministère des sports à la fédération, avaient été occultés. Sur le plan politique, la RDC vivait alors la bizarroïde expérience de 1+4 (un président de la République et quatre vice-présidents issus des partis d’opposition, de la société civiles et de rébellions). Ceci expliquant cela.
Après que la presse a essayé de ramener cette CAN à une confrontation entre les stars Samuel Eto’o (Cameroun), Didier Drogba (Côte d’ivoire), Michael Essien (Ghana), Frédéric Kanouté… l’Egypte a rappelé avec brio que force doit rester au collectif fût-il composé quasi intégralement des joueurs évoluant dans le championnat égyptien et seulement quatre qui jouent en Europe. Une statistique exactement inverse pour le Cameroun , la Côte d’ivoire et le Sénégal. Mieux encore, l’Egypte était la seule nation favorite dirigée par un entraîneur du cru contrairement à tous les autres favoris encadrés par des techniciens européens. L’entraîneur des Pharaons, élu meilleur joueur de la CAN de 1974 remportée par le Zaïre au Caire, est ainsi devenu le premier entraîneur à remporter deux fois d’affilée cette compétition.
La domination du football de l’Egypte est le fruit d’une organisation très bien structurée et de l’attractivité financière pour ses meilleurs talents, avec une régularité de très bons résultats au niveau des clubs. La distance qui le sépare des autres « grandes » nations de football a été nettement reflétée par les scores infligés au Cameroun (4-2 puis 1-0) et 4-1 à la Côte d’ivoire. Il serait bien sûr exagéré de laisser penser que le football est le fidèle thermomètre de la gestion politique d’un pays, même si cela semble vrai pour des pays comme le Cameroun, le Sénégal, la Côte d’ivoire, la RDC… sinon ça serait sacraliser un peu trop vite et trop facilement le très peu démocratophile Hosni Moubarak.
Et comme un symbole fort et peut-être même prémonitoire, le capitaine camerounais vieillissant Rigobert Song, qui s’est accroché à son poste, semble rappeler l’avidité du président du Camerou
Article publié le mardi 12 février 2008
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