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?Un fumoir incendié
mardi 21 juillet 2009
par Hermann DJEA (stagiaire)
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La tension est montée d’un cran dans la matinée d’hier lundi 20 juillet au quartier Yaoséhi de Yopougon. Exaspérées par les nombreux vols et agressions, les populations ont décidé d’en découdre avec le banditisme qui fait rage dans leur cité. Elles ont manifesté bruyamment jusqu’à obstruer la voie qui passe devant le commissariat du 16ème arrondissement en y posant des barricades. C’est très en colère que femmes, hommes et enfants de tous âges ont pris d’assaut les rues du quartier pour crier leur mécontentement face au mutisme des autorités policières devant le banditisme qui sévit. Depuis quelque temps, ce quartier est devenu un véritable no man’s land à tel point que les populations sont devenues très méfiantes. Les agressions et les vols sont devenus récurrents et se commettent de jour comme de nuit. Il y a quelques semaines, un comité de surveillance commis par la chefferie centrale du quartier pour assurer la sécurité des populations a été attaquée par des individus armés de gourdins, d’armes à feu et d’objets contondants. Informés, le chef central, M. Kouassi kan et sa notabilité ont vite fait de saisir les autorités policières notamment le chef du district en la personne du commissaire Tiagnéré qui dit avoir pris acte de cette situation. Après plusieurs semaines, au lieu de patrouilles régulières d’éléments de police, c’est plutôt une recrudescence de ce grand banditisme qui leur est servi. Ce qui les a révoltés, c’est que lorsque ces lascars sont mis aux arrêts, ils sont aussitôt relâchés et deviennent plus amers face à leurs victimes. Les populations ont jugé inutile de s’en remettre désormais aux forces de sécurité et ont alors décidé de s’auto-défendre. C’était des populations très excitées que notre équipe de reportage a pu rencontrer scandant ??on ne veut plus de bandits chez nous’’. C’est ainsi que comme un seul homme ces populations se sont ruées sur un fumoir du quartier et y ont mis feu. En tout cas le chef central de yaoséhi a décidé de faire de la lutte contre le banditisme une priorité. D’une même voix, les populations ont émis le v?u de voir fermés tous les fumoirs qui ne sont rien d’autre que des nids de bandits et grands drogués. Approché pour en savoir davantage quant aux dispositions sécuritaires pour enrayer le banditisme dans cette cité, le commissaire Tiagnéré n’a eu de réponse que de nous refouler.
La drogue et l’argent de la drogue posent problème Le soulèvement d’hier des populations du quartier précaire de Yaoséhi dans la commune de Yopougon suite aux agressions répétées dont elles sont victimes fait appel à deux problèmes majeurs. D’un côté, l’insécurité liée à la consommation de la drogue, et de l’autre l’implication des forces de l’ordre dans le trafic illicite des stupéfiants et des drogues à Abidjan. En effet, il est notoirement connu que la consommation de la drogue dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire constitue une menace sérieuse majeure qui affecte l’ensemble des équilibres de la société abidjanaise. Cette menace se traduit par l’augmentation de la criminalité, de l’insécurité et de la violence. C’est d’ailleurs ce qui se passe à Yaoséhi à Yopougon où les habitants et autres riverains font l’objet d’agressions par des jeunes, même en pleine journée. Le calvaire de ces populations n’est pas fait pour prendre fin bientôt quand on se réfère à la géopolitique de la drogue en Afrique de l’ouest. Géopolitique qui fait ressortir que la Côte d’Ivoire demeure une plaque tournante du trafic illicite de la drogue d’Amérique vers l’Europe, en raison de sa situation géographique en Afrique de l’Ouest. Le fait d’être situé entre deux des plaques tournantes du trafic dans la région, le Ghana et le Liberia, font que le problème des drogues se manifeste sous toutes ses facettes. Outre l’insécurité, la corruption reste également l’une des conséquences de la prolifération des fumoirs à Abidjan. A ce sujet, les populations de Yaoséhi sont formelles : les forces en charge de la lutte contre l’insécurité sont au c?ur de ce vaste trafic. Leurs connivences avec consommateurs et trafiquants exposent les populations à des conséquences sanitaires et à des dommages sociaux. Car il faut le signaler, l’usage des drogues contribue à la propagation du VIH/SIDA, du fait de leurs voies d’administration, mais aussi et surtout, par le relâchement des m?urs et les comportements sexuels à risque que provoquent les drogues. A Yaoséhi, tous les visiteurs sont frappés par ce triste constat : la prostitution y est au rendez-vous avec comme acteurs principaux, de jeunes filles dont l’âge varie entre 10 et 17 ans. Cette tolérance des agents des forces de l’ordre à l’égard des consommateurs et des trafiquants expliquent pourquoi la cinquantaine de fumoirs détruits en 2008 par les services de répressions sur instruction du Ministre de l’Intérieur se sont très vite reconstitués, comme une véritable hydre de Lerne. Au cours de ces opérations, d’importantes quantités de cannabis, d’héroïne de cocaïne et de psychotropes ont été saisies. Malgré ces efforts, le fléau progresse et a pour principale cible la jeunesse, en particulier les jeunes de 15 à 35 ans dont les perspectives d’avenir paraissent bouchées. La tendance est de se réfugier dans la délinquance, l’alcoolisme, la prostitution et la drogue
Bertrand GUEU
Article publié le mardi 21 juillet 2009
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