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Migration/Ndioro N’Diaye(Dga de l’Organisation international pour les migrations) : “La migration peut contribuer au développement d’un pays”

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 :Question transversale et fondamentale pour divers domaines de politique, aucune stratégie de développement ne devrait ignorer les influences de la migration.

Madame le professeur, abordons une des questions clés auxquelles les gouvernements sont confrontés actuellement, à savoir l’intégration de la migration pour le développement en Afrique.

La sensibilisation des acteurs à l’impact potentiel de la migration sur le développement qui est un processus en cours est très long. Cependant, beaucoup de progrès ont été faits dans ce domaine, notamment pendant le "Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement" en 2006, et le Forum mondial sur la migration et le développement auquel ont participé de nombreux représentants des gouvernements africains.

Qu’est-ce que ce dialogue a apporté?
Le dialogue a amené un consensus sur le fait que la migration a un potentiel important pour le développement économique et social. Ce processus est toujours en cours. Je note que le deuxième Forum mondial sur la migration et le développement s'est tenu en octobre à Manille (Philippines).

Cette reconnaissance des liens complexes entre migration et développement est-elle le reflet du rôle que la migration joue dans un nombre croissant de modes de subsistance africains?
En effet, en une génération, le nombre d’Africains vivant hors de leur pays d’origine a doublé. Il y a 16 millions de migrants en Afrique, tandis que les Africains représentent 5 % de la population des pays de l’Organization for economic cooperation and developement. Les déplacements de populations sont donc un élément déterminant de la géopolitique du continent africain.

Ce constat est-il pris en compte pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (Omd)?
Malheureusement, les documents stratégiques de réduction de la pauvreté qui fournissent la structure pour le progrès vers les Omd ne tiennent pas systématiquement compte de l’impact du phénomène migratoire sur les migrants eux-mêmes et leurs familles. De ce fait, les gouvernements ne disposent pas des éléments à même de présenter de manière exhaustive et fiable à la fois les causes de la migration et ses effets, ainsi que ses implications sectorielles et globales pour le développement.

Que faut-il faire pour permettre aux gouvernements de pallier ce problème afin que tous puissent bénéficier d’une modélisation constructive et systématique de la migration ?

Tout d’abord, nous devons considérer la question du renforcement de la cohérence institutionnelle, notion que je trouve absolument essentielle. Les enjeux de la migration pour le développement, comme vous le savez, concernent des domaines et ministères différents : les Affaires étrangères, l’Intérieur, le Genre, le Développement social, les Finances, l’Emploi, l’Environnement, entre autres.

Dans ce contexte, comment garantir que des acteurs aussi différents ne poursuivent pas leurs propres objectifs, sans référence à une politique plus large ?
Une telle situation ne profite à personne. Elle ne représente qu’un gaspillage de temps, de ressources et d’efforts. Elle peut être évitée en créant des liens et des stratégies interministériels forts. Il s’agit d’un processus qui requiert une structure institutionnelle forte, qui réunisse les intérêts et points de vue de chacun et prenne en compte les différentes dimensions du phénomène migratoire et du potentiel que celles-ci représentent pour une approche holistique de la lutte contre la pauvreté.

Que se passe-t-il lorsqu’un gouvernement crée, avec l’aide de l’Oim, une Unité interministérielle sur la migration ?
Le gouvernement peut alors considérer et mettre en œuvre ses politiques sur la migration de manière logique, efficace et systématique. Au Zimbabwe, comme au Nigeria, des comités interministériels ont été établis pour assurer une collaboration et une coordination optimale entre les différents acteurs sur le développement des politiques migratoires nationales. D’autres pays tels que le Sénégal, le Bénin, le Mali, le Rwanda et la République démocratique du Congo ont eux-mêmes commencé à construire des structures similaires. Lorsque la volonté politique est associée à l’appui nécessaire, la création de telles structures de collaboration ne peut être qu’un succès.

Qu’avez-vous à dire sur l’enjeu de l’appropriation de la thématique migratoire par les gouvernements ?
La migration est un sujet qui influe sur les stratégies gouvernementales à plusieurs niveaux et dans plusieurs secteurs de la lutte contre la pauvreté. Elle a le potentiel de générer aussi bien des effets bénéfiques que néfastes sur l’économie et le développement social. Les gouvernements ne peuvent donc pas se permettre d’être passifs face à ce phénomène. Au mieux, une attitude passive aurait pour effet un grand manque à gagner quant aux contributions des travailleurs migrants.

Il est donc capital que les gouvernements soient à la tête du processus de la gestion de la migration ?
Oui. Et pour cela, les gouvernements doivent consacrer des ressources financières et humaines suffisantes pour mettre en œuvre les dispositifs appropriés; pour coordonner les actions des gouvernements partenaires, des organisations internationales et de la société civile; pour optimiser les effets de la migration sur le développement.

L’Oim est-elle prête à aider les gouvernements à identifier les effets uniques de la migration sur leurs propres communautés et à formuler leurs propres solutions politiques ?
L’Oim est prête à soutenir ce processus. Elle développe actuellement les profils migratoires de dix pays d’Afrique centrale et de l’ouest, ainsi que des bases de données et autres outils qui permettront aux gouvernements un accès optimal aux faits, chiffres et même aux personnes ressources pour soutenir le développement de leur pays. Cependant, je souhaite rappeler que c’est seulement à travers l’action proactive des gouvernements face à la migration que celle-ci pourra être gérée de manière durable et au bénéfice de tous.

Quelle valeur ajoutée les diasporas peuvent-elles apporter aux stratégies gouvernementales ?
Tout d’abord, l’effet positif de la contribution des migrants en termes de rapatriements de salaires vers leurs familles et communautés est bien connu des pays d’origine. Ce revenu peut permettre aux familles de surmonter des épreuves, d’envoyer leurs enfants à l’école et d’épargner de l’argent pour d’autres investissements productifs.

Pourtant, en matière de flux mondiaux, l’Afrique subsaharienne ne reçoit pas autant qu’elle le devrait.

Effectivement, elle reçoit la part la plus faible des flux de capital, à savoir, seulement 1,5 pour cent des envois globaux. Les gouvernements devraient donc réfléchir aux moyens d’améliorer, de faciliter et gérer le processus des rapatriements de salaire afin d’en maximiser les bénéfices pour le développement.

En plus des transferts de fonds, la migration peut-elle avoir pour effet de revitaliser certains secteurs clés du développement ?
Dans le secteur de l’éducation, les professeurs qui partent vers l’étranger pour exercer leur profession retirent de nouvelles attitudes et compétences de leur expérience à l’étranger. Les médecins et infirmiers vivant à l’étranger soignent et guérissent, mais en même temps, ils acquièrent des techniques d’organisation et des approches de travail qui peuvent être très différentes de celles de leur pays d’origine. Les compétences d’un médecin, d’un enseignant ou même d’un travailleur agronome qui part ne sont pas forcément perdues pour le pays d’origine: si un migrant peut être persuadé de rentrer, il ou elle peut apporter de nouvelles idées, approches et méthodes de gestion ou d’organisation. Travaillant dans des secteurs clés tels que la santé o


Article publié le mercredi 18 mars 2009
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