:"Peut-être va-t-on donner tort à Paul Biya, un mois après l'élection présidentielle sur laquelle on ne reviendra pas ici, d'avoir décidé de remanier son gouvernement, au point même de changer le travail gouvernemental et l'organisation des ministères. Sans doute aussi, les puristes du droit nous diront-ils quelle est la date de validité des décrets présidentiels, à partir du moment où ledit décret a été publié. Parce que ce que nous avons lu hier chez nos confrères de Cameroon Tribune est proprement renversant.
On peut en effet y lire, sur toute la moitié de la page 25, un avis d'appel d'offres national ouvert, qui porte sur la fourniture de "26 motos tout terrain et 26 casques au projet d'appui à la foresterie rurale et à l'agroforesterie", sur un financement du Fonds africain de développement. C'est un appel d’offre bel et bien publié le 10 janvier 2005, émanant du ministère de... l'Environnement et des Forêts, et naturellement signé du ministre Tanyi Mbianyor Clarkson Oben, pourtant disparu des fiches gouvernementales depuis le 08 décembre. Soyons justes et reconnaissons que le document a été signé le 03 décembre, au moment où le concerné était encore dans la plénitude de sa capacité. Mais qui veut-on provoquer en le publiant maintenant, alors même que ledit ministère n'existe plus, et que deux braves Camerounais ont du mal à se partager son patrimoine? A moins que l'on n'ait voulu faire sursauter chief Mbianyor, et récupère tranquillement après une intense activité ministérielle...
Imprégnation
On prendra forcément un peu de temps pour assimiler les abréviations des nouveaux ministères créés par un décret présidentiel le 08 décembre dernier. Parce que les dénominations sont parfois tellement longues et compliqués, mais aussi parce que les abréviations consacrées récemment par arrêté du Premier ministre ont davantage ajouté à la confusion générale, avec des sigles comme Minmesa. Mais il faut dire qu'apparemment, il n'y a pas que les journalistes qui soient perdus, les propres agents et fonctionnaires des nouveaux ministères ne sachant pas où mettre de la tête.
Madame le nouveau ministre de la Famille et de la promotion de la Femme (on espère que c'est l'appelation exacte), l'a appris à ses dépens l'autre jour en antreprenant une sortie sur le terrain, à la délégation provinciale de son département ministériel. Mme Suzanne Bombak a d'abord eu la désagréable surprise de trouver les portes fermées à 9h 30 (ce qui est à l'opposé de pratiques en vogue ces derniers temps). Et quand bien même elle a eu accès aux locaux, c'était pour constater l'état de délabrement des bureaux, et le désenchantement du personnel... de la Condition féminine.
En fait, tout l'imbroglio doit venir de là. Madame le ministre ne s'est-elle pas égarée en chemin ou n'a-t-elle pas effectué sa sortie sur le terrain un peu trop tôt, alors que sont encore en préparation les organigrammes des ministères, surtout les nouveaux? Il est en effet fort possible que le personnel des services extérieurs (souvent marginalisé) du Mincof n'ait pas reconnu le nouveau ministre de "quelque chose d'autre". En ce moment où, semble-t-il, il sera extrêmement difficile d'organiser des séminaires dans ce pays, voilà pourtant un qui ne devrait pas avoir de problèmes aux Finances : un séminaire d'accoutumance au nouveau ministère de la Famille et de la promotion de la femme, à l'intention des anciens personnels du Mincof...
Agitation
On ne se lassera pas de parler de ce fameux remaniement ministériel du 08 décembre, qui a permis au président réélu Paul Biya de multiplier les ministères, afin de satisfaire une trop grande assiette électorale avide de places dans la mangeoire. Ce grand mouvement a aussi permis au président de la République, on le sait, de trouver une planque à Gervais Mendo Ze, professeur aux idées originales, comme ministre délégué auprès du ministre de la Communication, en attendant qu'il laisse le très juteux poste de directeur général de la Crtv.
Article publié le mardi 11 janvier 2005
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