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[Opinion]Vision 2025 : utopie ou promesses non tenues ?

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 :La croissance économique a-t-elle atteint les 7 à 8 % prévus ? La pauvreté a-t-elle réellement diminué ? L’accès à l’eau potable et à l’électricité est-il conforme aux objectifs ? Les infrastructures routières sont-elles à la hauteur des attentes ? Où en sommes-nous réellement en 2025 ? Analyse.

Le Burundi d’aujourd’hui est-il fidèle à la vision ambitieuse tracée il y a près de 20 ans ? Réfléchissons ensemble à cette question, eu égard à la réalité de la situation actuelle de notre Burundi.

Lancée en juin 2011 pour redéfinir le futur de notre pays qui venait de passer tant d’années de guerre civile, dont les conséquences ont mis à mal son économie, la Vision 2025 était incontestablement ambitieuse pour un pays qui faisait face à des défis énormes.

Des maquettes de villes modernes, des statistiques prometteuses et des slogans inspirants avaient suscité un espoir parmi les citoyens. Pour comprendre (et pour mieux poser le décor), il était prévu de faire passer le PIB par habitant de 137 USD en 2008 à 720 USD en 2025, avec une croissance économique de 7 à 8 % par an, réduire la pauvreté à moins de 30 %, garantir l’accès à l’eau potable pour 85 % de la population ainsi qu’à l’électricité pour 75 %.

Rendre 80 % des routes du pays bitumées pour faciliter la circulation, la production agricole devait augmenter de 50 % et des industries devaient émerger pour diversifier l’économie. Sans évoquer la bonne gouvernance, l’intégration régionale et bien d’autres objectifs à faire rêver.

Et la montagne accoucha d’une souris.C’était des projections de croissance et de développement qui, sur le papier, semblaient presque réalistes. Des objectifs ambitieux, certes, mais qui donnaient l’impression qu’avec un peu de volonté politique, une gestion responsable de la chose publique et une bonne gouvernance, le pays pouvait pu réellement atteindre ces résultats.

Néanmoins, lorsque l’on prend du recul et qu’on examine les chiffres actuels, force est de constater que la réalité est bien différente. Les indicateurs économiques, sociaux et politiques montrent des écarts significatifs, loin en deçà des cibles projetées.

A l’horizon 2025, le tableau est sombreSelon les statistiques de la Banque mondiale, le taux de croissance économique a ralenti à 2,2 % en 2024. Pire, le Burundi reste l’un des pays les plus pauvres au monde, avec 87 % de la population vivant avec moins de 1,9 USD par jour.

Le chômage des jeunes a atteint des sommets, poussant de nombreux jeunes à chercher des débouchées à l’étranger ; le fameux phénomène de fuite des cerveaux. Les revenus des ménages se sont effondrés, plombés par l’inflation galopante et la dévaluation du franc burundais, la baisse de la production agricole, les difficultés d’exportation des produits agricoles, la pénurie du carburant, le manque de la monnaie en devises et une corruption aux allures endémiques.

Dans l’entre-temps, le gouvernement n’a pas hésité à annoncer de nouvelles ambitions : Plan national de Développement (PND) 2018-2027, Vision 2040-2060. Or, ces annonces suscitent autant de scepticisme que d’espoir. Il suffit de lire le bilan du PND ici pour comprendre.

À quoi servira ces visions dans un pays plongé dans l’urgence absolue des besoins élémentaires ? Comment parler de développement ambitieux quand une grande partie de la population peine à satisfaire ses besoins vitaux : manger, l’eau potable, l’électricité, se déplacer ?

Ici, je m’épargne les discours politiquement corrects qui tentent de peindre un tableau rassurant, affirmant que tout va bien, que les familles vivent dans un relatif confort. Ces sont des affirmations qui ne sont pas corroborées par la réalité sur terrain. Pour paraphraser le titre de l’ouvrage de Bernard Joinet, les Burundais doivent manger d’abord. Et le development ne pourra que suivre.

Des questions à qui mieux mieux : le développement est-il réellement envisageable dans l’état actuel du système ? Comment peut-on espérer avancer quand, à chaque fois, le Président lui-même ne cesse de dénoncer ceux qui détournent les ressources publiques, qui sabotent les efforts collectifs et maintiennent le pays dans les griffes de la corruption et de la mauvaise gouvernance ? Peut-on sérieusement bâtir un avenir sur des fondations rongées par l’impunité ? Ces personnalités qui, au lieu de servir le pays, s’emploient à le tirer vers le bas, pourquoi personne ni rien ne semble les inquiéter ?

Le chemin vers le développement est encore long. Très long. Surtout qu’une nouvelle vision a vu le jour, alors que celles qui l’avaient précédée n’avaient pas été préalablement évaluées. Comme disait l’autre, « trop de visions tuent la vision ». En fin de compte, si les défis ci-hauts évoqués ne font pas les top priorités, le développement tant recherché à travers ces visions ne sera toujours que l’ombre de lui-même.

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Article publié le mardi 7 janvier 2025
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