burkina

Accueil
burkina

Le retour triomphal de Simon

Traduction
Augmenter la taille de la police Diminuer la taille de la police print send to Comments
Lectures : 1068

 :Cher Wambi,

Après la pluie, le beau temps. Point d’âme qui puisse, en effet, démentir cette vérité historique à Simonville qui vient de redécouvrir les richesses de la quiétude et de la liberté, une semaine seulement après le concert des armes dont on se souviendra encore longtemps. Le réveil du grand sachem en aura été le vecteur, après les rencontres qu’il a eues en son palais de Kosyam avec toutes les couches socioprofessionnelles, à commencer par la grande muette, qui a droit de vie et de mort sur chacun de nous.



Après donc que chacun a craché son venin, ne voilà-t-il pas que la hache de guerre a été enterrée ! Je n’en veux pour preuve que la concrétisation de la promesse de prêts aux commerçants victimes de la furie des militaires, et cette solidarité retrouvée entre tous les acteurs du monde des affaires, qui ont su taire leurs querelles intestines pour se protéger de ce “tsumani” de mars 2011 sur les bords du Kadiogo et dans bien d’autres provinces.

Oui, cher cousin, on ne manquera pas non plus de saluer, à sa juste valeur, cet acte patriotique des militaires de la garnison de Fada N’Gourma qui, consciencieusement, sont allés remettre à la Maison d’arrêt et de correction de ladite ville, le 05 avril, leur camarade d’arme, Yonli Yemboana, condamné et incarcéré pour fait de viol sur mineure, qu’ils avaient libéré de force quelque une semaine plus tôt.

N’est-ce pas un message fort à leurs camarades de la capitale qui avaient bravé la justice en libérant cinq des leurs en détention à la Maison d’arrêt et de correction de l’armée (MACA) ? Oui, la République est en train de reconquérir ses droits ; et nous ne pouvons que nous en réjouir, en dépit de ce que cela aura coûté en vie humaine. Le prix à payer était, en effet, élevé, et pour longtemps encore nos larmes couleront à flots.

Car, au moment même où je traçais ces lignes, cher Wambi, j’apprenais le décès d’une des victimes de cette autre folle nuit du 29 au 30 mars 2011 à Simonville : il ne s’agit ni plus ni moins que de la petite Madina Bouda (15 ans), élève en classe de 3e au lycée mixte de Gounghin, atteinte d’une balle à la tête pendant son sommeil lors des manifs des militaires, Internée en soins intensifs, préalablement au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHU-YO), elle sera évacuée le 03 avril 2011 à l’hôpital Neiker de Paris pour une intervention chirurgicale, où elle succombera dans la nuit du 06 au 07 avril.

D’où cette tempête de colère qui a soufflé ce jeudi sur le monde scolaire dans la capitale et dont, certainement, les voyageurs en partance pour Yako et Ouahigouya te diront davantage. A ce sujet d’ailleurs, cher cousin, je t’invite à lire ci-après une déclaration du Service d’information du Gouvernement (SIG) qui m’est parvenue au moment même où je m’apprêtais à tourner la page :

“Au cours de la nuit du 30 au 31 mars 2011, Mlle Bouda Madina, âgée de 15 ans, élève en classe de troisième au Lycée mixte de Gounghin, a été victime d’un traumatisme cranio-cérébral par balle perdue. Conduite par les sapeurs-pompiers dans une clinique, elle a été prise en charge par le personnel de santé de ladite clinique et de la direction régionale de la santé du Centre. Au regard de la gravité de son cas, les spécialistes (neurochirurgiens et anesthésiste-réanimateur) de l’Hôpital Yalgado-Ouédraogo ont été sollicités pour sa prise en charge sur place dans cette clinique.

Pour une prise en charge plus adaptée, elle a été transférée par ambulance médicalisée dans le service de neurochirurgie de l’Hôpital Yalgado-Ouédraogo où elle a fait l’objet d’une attention particulière par une équipe multidisciplinaire afin de lui prodiguer les meilleurs soins possibles. Au regard de son état de santé, le gouvernement a diligenté une procédure d’évacuation en urgence par avion médicalisé vers la France le 03 avril 2011 avec à son bord une équipe de spécialistes à laquelle le ministère de la Santé a joint un médecin anesthésiste-réanimateur et un membre de la famille.

Elle a été admise le même jour en réanimation à l’hôpital NECKER de Paris, où elle a été immédiatement prise en charge. Malheureusement, le 6 avril 2011 le ministère de la Santé a été informé par l’hôpital NECKER et le médecin accompagnateur de ce que Mlle Bouda Madina a succombé à ses blessures. A la famille éplorée, aux élèves du Lycée mixte de Gounghin et la communauté éducative, le gouvernement présente ses condoléances et sa compassion en cette douloureuse circonstance. Toutes les dispositions ont été prises pour le rapatriement du corps.”

Le Service d’information du gouvernement

Et puisqu’il faut rester au cœur du Kadiogo, c’est une liesse populaire qui a accueilli ce mercredi 06 avril le retour triomphal de l’homme court de l’hôtel de Ville. On se rappelle, en effet, que le tout-puissant maire de la capitale avait été, en cette folle nuit du 29 au 30 mars, l’une des proies de luxe des croquants.

Je ne te dirai pas plus sur le sort qui fut le sien, mais son état de santé commanda un internement d’urgence à l’infirmerie de la Présidence du Faso. Bien de jours se sont écoulés, et Simon Compaoré, qui a recouvré la plénitude de ses mouvements, s’impatientait de regagner l’hôtel de Ville, où l’attendait une montagne de dossiers.

C’est désormais chose faite, et je vois déjà le bourgmestre redoubler d’ardeur, comme à son habitude, pour rattraper le temps perdu. Et parlant de dossiers, cher Wambi, il me souvient encore cette grogne des “poulets” de la municipale qui avaient décrété, pour compter du 05 avril, une grève de 72 heures pour exiger de la hiérarchie de meilleures conditions de vie et de travail quand certains ne demandaient simplement pas que la maison soit balayée.

Ce, pendant que leur premier patron, Simon Compaoré, était encore sur son lit d’hôpital. Ce qui a fait dénoncer par plus d’un l’inopportunité de cette lutte. Mais les protagonistes de cette mini-crise semblent avoir trouvé un terrain d’entente. Maintenant que la vie reprend son cours normal, Tipoko l’Intrigante est, elle aussi, sortie du bois comme te le prouve son carnet secret, que je t’invite à feuilleter avec moi :

 Ce vendredi 08 avril, militants et sympathisants de la coalition des associations de la société civile, dont les organisations syndicales, marcheront à travers les quatre coins du Faso dans le cadre de leur combat quotidien contre la vie chère et l’impunité. Ville paralysée en perspective, Ouagadougou donnera le ton à partir de la Bourse du travail, et sera sans doute le pôle d’attraction. Après les multiples mouvements sociaux qui se sont succédé ces derniers jours dans notre capitale, gageons que l’autorité saura prêter une oreille attentive aux différentes revendications.

 Des ouvriers de la plume qui ont écrit leurs premiers articles de presse dans le journal de Nakibeogo ont décidé de créer l’Amicale des anciens stagiaires de L’Observateur Paalga. L’initiative émane d’un groupe qui y était de passage en 2006-2007, en l’occurrence la 19e promotion de l’Institut des Sciences et Techniques de l’information et de la Communication (lSTIC), comme Christian Zongo et Mohamed Kaboré allias MOH’KA.

Aujourd’hui employés dans les médias d’Etat à travers tout le pays, ils entendent par leur idée exprimer leur reconnaissance au journal et à tout son personnel, et inviter leurs prédécesseurs à jeter un coup d’œil dans leur rétroviseur. En attendant que dans les tout prochains jours cette idée se précise, les initiateurs, en plus de leur participation active à l’organisation du marathon Ouaga-Laye, annoncent un prix pour le premier journaliste à franchir la ligne d’arrivée.

 L’une des plus grandes mines du Burkina fait face depuis plus de 02 semaines aux revendications salariales des employés ; la grogne a contraint la direction, le 29 mars dernier, à leur proposer 03 options :  une augmentation générale de 15% rétroactive pour compter du 1er janvier 2011 ;  une augmentation de salaire de 30% applicable à compter du 1er juin pour les employés des catégories B et C, de 10% pour les A, D, E, F ;  une augmentation générale de 10%, celle de l’indemnité de logement de 10 000 FCFA et la considération du mardi comme premier jour de la semaine, avec une promesse d’investissements de 07 milliards de nos francs.

Ces propositions ont été rejetées en bloc, les employés demandant en revanche et pour faire bref :  une augmentation de 100% pour les catégories A, B et C ; 50% pour les D ; 20% pour les E et 10% pour les F ; le tout rétroactif pour compter du 1er janvier 2011.  une souscription à une assurance-maladie de l’ordre de 80 à 100% concernant les maladies professionnelles ;  une augmentation de l’indemnité de logement de 50 à 200% ;  et un 13e salaire.

Il faut dire que c’est de bonne guerre, car les employés de cette mine, malgré sa taille et sa capacité de production sont moins payés que ceux d’autres compagnies. Comparaison n’est pas raison certes, mais les injustices sont criardes aux yeux des 1 800 travailleurs locaux, qui pensent que plus de 80% de la masse salariale de l’entreprise est absorbée par pas moins de 130 expatriés si, en plus du billet d’avion en classe économique pour chaque congé, on doit considérer cette espèce de “prime pour la boisson” , gracieusement octroyée chaque semaine (je tais la somme).

Mais là n’est pas le problème ; que les ressources humaines rendent à César ce qui est à César ! On apprend en effet que la classification n’est pas respectée : des recrues de niveau Bac+3 sont classées en catégorie C1 au lieu de C3 ; et des niveaux zéro, qui ont appris sur le tas, touchent mieux que leurs patrons.

Ne cherchons surtout pas à voir la grille salariale, car là, mystère ! N’en déplaise même à certains travailleurs de ce département, et ce n’est pas tout : les employés, majoritairement, commencent leur quart le jeudi pour 7 jours ; cependant dans le décompte de la mine, c’est lundi qui est considéré comme 1er jour. De ce fait, la masse laborieuse, qui trime 12 heures/j, voit ses heures supplémentaires absorbées dans les calculs. Et que dire des dimanches qui, dans les textes, sont payés sans que cela ne soit appliqué ?

Autant de brimades, cher cousin, et dans ces conditions, ce sont les mines concurrentes qui se frottent les mains. Il se susurre qu’une dizaine d’agents a démissionné ces derniers mois, géologues comme chauffeurs ou grutiers, etc.

Réunis néanmoins au sein de leur syndicat informel, les travailleurs entendent réclamer leur dû. Profondeur de la crise ou phénomène de mode, les vigiles se sont mêlés à la grogne ; ils ont boudé les postes de garde mercredi dernier, laissant l’or sans gardien, pour exiger un relèvement de leurs salaires à 150 000 CFA, vu les risques encourus et au regard de l’emplacement de la mine à la porte d’AQMI. Espérons seulement que les dirigeants entendront raison pour ne pas faire de leur entreprise une école de mines au Burkina.

 Dans les sociétés coutumières, en l’occurrence celle moaga, la fin des récoltes, marquant du même coup une nouvelle ère, est marquée par plusieurs événements. Parmi eux, le kitoaga, le naab-kiugu ou le naab-basga selon les régions. C’est dans ce cadre que, ce samedi 9 avril 2011, le Kamsongh-Naaba Sanem sacrifiera à la tradition en louant les mânes des ancêtres pour tous les bienfaits reçus au cours de l’année écoulée.

Outre les différentes manifestations culturelles qui entoureront cette fête, un repas fraternel vous sera servi au domicile de ce ministre de sa Majesté le Mogh-Naaba Baongo à Kamsonghin. A défaut de bazookas locaux, ceux de Gounghin devraient s’y présenter avec des gourdins. Car ainsi l’exige la tradition.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin Passek Taalé.



 lobservateur


Article publié le samedi 9 avril 2011
1068 lectures

Infos par pays