Le 1er championnat national de lutte traditionnelle a eu lieu en 1974- 1975. Il a depuis lors produit des icônes, de grands lutteurs qui, émergés du lot, ont imposé leur suprématie. Les régions qui les ont produits s'en réjouis-sent. Salma Dan Rani de Dosso est certainement parmi ces grandes figures de la lutte traditionnelle. Elégant dans sa tenue (communément appelé Banté) et très fair-play, Salma n'a pas encore perdu de ses qualités, malgré ces 61 ans son-nés.
Né en 1947 à Goulma (canton de Guéchémé, département de Doutchi), Salma ne se rappelle pas à quel âge il a commencé à lutter. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il a commencé à lutter très jeune. ''Je suis né dans un environnement de lutteurs. Au début, les parents nous empê-chaient de lutter, de crainte que nous ne nous blessions'', déclare-t-il. ''Mais au fil du temps, quand nous devenons matures et que nous nous distinguons dans notre classe d'âge, les grands frères nous emmènent avec eux dans les tournois inter-villages. C'est comme cela que j'ai évolué jusqu'à l'organisation du 1er championnat national, en 1974-1975, à Tahoua. Salma Dan Rani était un des premiers postulants au sabre. Mais c'est Kantou qui l'a remporté. Au 2ème championnat en 1975-1976 à Maradi, Salma Dan Rani remporte le sabre face au non moins célèbre Kadadé de Tahoua. Il le conquiert pour la deuxième fois en 1979 à Diffa contre Salami Mato, une autre célébrité d'Agadez. Il a raccroché au sortir du championnat de 1983. ''A partir de cette date, nous n'avons plus été sélectionnés, du fait de l'âge certes, mais aussi il faut savoir quitter les choses avant qu'elles ne vous quittent'', dit-il.
Salma Dan Rani a évolué dans une époque marquée par d'autres grands champions. Il cite notamment Kantou de Maradi, Kadadé et Kataki de Tahoua, Oumarou Sabon Karfi et Guissa d'Agadez, Balla Kado et Langa Langa de Zinder, etc. A la question de savoir le lutteur qu'il craignait le plus à leur époque, Salma répond évasivement : ''C'est le lutteur que je n'ai jamais terrassé''. En poursuivant notre bref retour dans l'histoire de la lutte, Salma nous confie que Kantou les a toujours dominés, Balla Kado et lui, alors que Kadadé a toujours eu raison sur Kantou. ''Voilà comment ça se passait, sinon il n'y a aucun lutteur que je n'ai pas terrassé''. Par ailleurs, précise-t-il, il n'a jamais croisé Langa Langa. En outre, tout comme les spectateurs, Salma déclare qu'il a son idole dans la lutte. Il s'agit de Kadadé. ''Je lutte avec lui, mais je l'admire''. ''C'est un ami et on est resté tel même après que nous avions arrêté''. Et comme tout vieux sage africain, Salma n'est pas resté inactif après sa ''retraite''. Il se consacre depuis à l'encadrement de ses jeunes frères, en même temps qu'il contribue au développement de ce sport au côté des autres anciens champions, qui sont associés par le ministère en charge des sports. Il fait partie de l'encadrement de l'équipe de Dosso. Il faut noter qu' après sa retraite sportive, Salma a été engagé comme auxiliaire au Centre de Promotion Rurale (CPR). Il a pris sa retraite (la 2ème) en 2005. Il se consacre depuis lors à l'agriculture tout en participant à l'encadrement de l'équipe locale lors des championnats. Ouverture d'esprit et sympathie, telles sont entre autres qualités que les cadets reconnaissent en lui. Et malgré ses 61 ans Salma reste toujours solide. Il n'hésite pas à taquiner ses cadets, à faire certaines prises de combat avec eux.
Au demeurant, Salma n'a pas manqué de constater l'émergence, ces dernières années, de lutteurs très talentueux. Il cite entre autres Balla Harouna de Zinder, Oumarou Bindigaou, Maman Bachir et Natabawa de Maradi, Kobbo Babougayya de Diffa, Harouna Abdou de Tahoua, etc. ''J'en ai aussi dans mon écurie, mais je ne vous les dévoile pas maintenant'', dit-il avec un sourire.
Toutefois lorsqu'il est question de faire de pronostics sur cette 29ème édition, Salma déclare ''tous ceux qui viennent au championnat espèrent gagner, mais Dieu seul conn
Article publié le vendredi 22 février 2008
10314 lectures