Partir encore, marcher toujours.
Détours après impasses, morts après renaissances, avancer.
Partir. Oser encore le désert. Oser tous nos Déserts.
Suivre le conseil éclairé du Renard : se préparer, à trois heures moins
le quart, au plus hasardeux des rendez-vous.
Y faire la plus inattendue, la plus émouvante et la plus Magique des
rencontres.
Y faire, même, la rencontre de toutes nos Vies : la rencontre avec
nous-même.
Avec notre Dieu Intérieur.
Repartir alors sans plus jamais avoir Soif, bien plus loin encore.
Marcher, sans relâche ni repos. Étoiles après dunes, s’arrêter d’un
coup. S’agenouiller, brutalement.
Harassé par la fatigue du Chemin, pleurer les yeux ouverts, danser les
poings fermés.
Petits grains de sable perdus dans l’Infinité de tous nos Sahara à
venir.
Réconciliés, apprivoiser le pas du chameau, anonymement patiné par des
siècles de caravanes patientes.
Apprivoiser le Vent, qui ne demande, paraît-il, qu’à danser avec nos
cheveux. Apprivoiser le sable, qui s’impatiente lui aussi de nos pieds
nus.
Arrêter de lutter.
Laisser le Silence Primordial du Désert nous violer, d’abord.
Le regarder ensuite fracasser une à une toutes nos peurs, avec une
Tendresse Infinie.
L’inviter, même, à vaincre en dernier la Première de toutes nos peurs.
La plus profonde et la plus déguisée : la peur de notre propre Lumière.
Laisser le Silence nous envahir entièrement, enfin.
Et passer le reste de sa vie à le chercher et le rechercher encore dans
tous les Bruits du Monde.
Oui, une fois pour toutes, se taire. Ne plus rien faire que marcher.
Faire place au Silence et ne plus rien entendre. Ne plus rien entendre
pour pouvoir tout écouter. Ne plus rien dire et retrouver sa Voie.
Et trouver son Voyage. Le Premier de tous nos voyages est pourtant celui
qu’on repousse sans cesse à plus tard. Je partirai, demain.
Le Premier de tous nos voyages est géographiquement le plus court. Et il
est aussi le plus long : c’est celui qui mène de notre tête à notre
Cœur...
© François-Xavier Prévot 2005.
Textes extraits du Carnet de Voyages à paraître « de L’Himalaya au
Sahara : s’arrêter, un peu. Repartir, toujours... »
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