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Politiquement incorrect Nos anciens et nouveaux amis ?

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jeudi 23 juillet 2009
par Venance Konan

 







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Nos anciens et nouveaux amis ?

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Au début de nos indépendances, les Soviétiques, c’est comme cela qu’on appelait les Russes, voulaient faire de nous de bons communistes. Ils disaient que nous étions tous des camarades prolétaires, et que nous devions lutter ensemble contre le capitalisme dont la colonisation était le stade suprême. Ce langage a séduit certains d’entre nous qui n’avaient vraiment pas du tout digéré la colonisation. Alors, pour prouver leur camaraderie à la Guinée de Sékou Touré qui s’était fâché avec la France, les Soviétiques lui ont envoyé des chasse-neige. Ils étaient vraiment gentils, les camarades soviétiques. C’est grâce à ce don que nous avons su à quoi ressemblait un chasse-neige, vu qu’il ne neige pas beaucoup par ici. Après, ils ont vendu des armes à tous ceux qui se battaient contre le capitalisme. L’ancien Dahomey est devenu la République populaire du Bénin et l’empire d’Ethiopie est devenu une république marxiste avec un « négus » couleur rouge sang. Puis les Soviétiques sont allés avec leurs camarades Cubains aider les Angolais à lutter contre Savimbi qui était soutenu par les vilains Sud-africains racistes. Ils ont aussi tenté de faire de Kabila père un bon communiste et un grand révolutionnaire. C’est même le célèbre Che Guevara qui avait été commis à cette tâche. Mais il a renoncé, parce que Kabila père préférait boire et courir les filles plutôt que de suivre les passionnants cours d’idéologie et les techniques de révolution. C’est le Che lui-même qui l’a raconté dans un livre. Un jour les Soviétiques se sont rendu compte que nous apprendre à être de bons révolutionnaires n’emplissait pas les rayons désespérément vides de leurs magasins. Et en Angola, ils se sont aperçus que pendant qu’ils mourraient au nom de l’idéologie et de la révolution, les Américains se faisaient beaucoup d’argent en pompant le pétrole du pays. Alors, ils en ont eu marre d’être communistes et de perdre leur temps à enseigner une idéologie en laquelle ils ne croyaient plus à des gens qui y croyaient encore moins. Ils sont donc devenus capitalistes et ont changé de nom. On ne les appelle plus Soviétiques, mais Russes, Ukrainiens, Biélorusses, Géorgiens, etc. Les Russes, il y en a un qui a acheté un club de foot en Grande Bretagne où jouent certains de nos frères. Quelques uns exploitent du pétrole sur nos côtes, et on en voit d’autres dans des affaires bizarres, et on dit que c’est la mafia. Les Ukrainiens et les Biélorusses, ils continuent de nous vendre des armes et ils pilotent nos avions quand nous nous faisons la guerre. Depuis qu’ils nous ont montré comment se servir des kalachnikovs, nous ne pouvons plus nous en passer. Mais quand que nos amis Soviétiques sont devenus Russes, ils nous ont totalement laissé tomber. Lorsqu’ils étaient Soviétiques, nous pouvions faire du chantage à la France en lui disant « si tu ne m’aides pas, j’irai voir à Moscou si l’herbe du communisme est plus verte. » Il faut dire que passer du communisme au capitalisme n’a pas été très simple pour eux, et il fut un moment où eux-mêmes avaient besoin d’aide. Ils ne pouvaient donc plus nous aider. Or nous, sans aide, c’est très compliqué. Et c’est justement au moment où les Soviétiques devenaient Russes que Mitterrand nous a sorti son discours de la Baule dans lequel il disait qu’il ne nous aiderait plus si nous ne devenions pas de bons démocrates. Mais devenir des démocrates était encore plus difficile pour nous que devenir des communistes. Nous avons fait ce que nous avons pu. Nous avons adopté de belles constitutions démocratiques, autorisé des partis d’opposition et organisé quelques élections pas trop truquées. Mais dès que la France nous a tourné le dos pour regarder vers l’Europe de l’est, nous en avons profité pour modifier nos constitutions afin de nous maintenir au pouvoir à vie, traquer nos opposants, gaspiller de plus belle nos maigres ressources et ressortir nos vieilles kalachnikovs pour reprendre nos guerres tribales. C’est notre passe-temps favori. La France et tous ses amis Occidentaux se sont alors mis à nous tancer comme des gamins, et nous n’avons pas du tout aimé cela. Nous nous sommes donc cherché de nouveaux amis. Et nous les avons trouvés. Ce sont les Chinois. Ils sont gentils, nos amis les Chinois. Ils ne nous parlent jamais de droits de l’homme et de démocratie. C’est que sur ce plan, nous sommes logés à la même enseigne. Et puis, eux, ils ne nous ont pas colonisés. Alors, ils nous ont apporté beaucoup de cadeaux et nous vendent des produits pas chers du tout, même s’ils sont souvent du toc. On appelle d’ailleurs ici ces produits du chinetoc. Ils nous construisent aussi des ponts, des routes, des palais pas très beaux, mais beaucoup moins chers que ce que ces voleurs de Français nous faisaient. Ils font cependant venir leurs employés de Chine, on ne sait pas trop pourquoi. Et nous les regardons travailler, sans avoir du travail pour nous. Ou si peu. Ils n’ont peut-être pas confiance en nous. Il faut dire qu’ils travaillent vraiment comme des bêtes. Ils ne se reposent jamais, ne sortent jamais de chez eux, ne font pas de sieste et ne vont pas au maquis tous les soirs avec nous. Et puis, lorsque le FMI et la Banque mondiale ont trouvé que nous étions trop endettés et qu’il fallait alléger cette dette, nos amis Chinois nous ont prêté de l’argent pour nous endetter à nouveau. Ils sont vraiment gentils, nos amis les Chinois. Et comme nous sommes aussi gentils, nous leur avons donné nos forêts, nos poissons, nos minerais, notre pétrole, et même nos femmes. Je ne sais pas pourquoi, mais ils n’ont pas voulu de nos femmes.
Article publié le jeudi 23 juillet 2009
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