:Cimencam fait face à une augmentation inhabituelle de la demande. Des mesures correctives sont annoncées à l'usine de Douala.
Trouver un sac de ciment en vente dans la capitale relève de la chance. Tant le produit est rare sur le marché. Les consommateurs repartent des quincailleries généralement déçus. Tout au plus, ils inscrivent les quantités dont ils ont besoin dans un cahier ouvert pour enregistrer les commandes, avec la promesse de figurer parmi les premiers à être servis une fois que la marchandise sera livrée. Mais personne ne peut vous dire avec exactitude quel jour il faudra repasser. Conséquence, plusieurs chantiers de construction tournent au ralenti, lorsqu'ils ne sont pas tout simplement à l'arrêt.
Dans la plupart des quincailleries, on note une rupture prolongée du stock de ce matériau de construction depuis plusieurs semaines. A Zapa, l'une des maisons de commerce qui a pignon sur rue à un jet de pierre du carrefour Mvog-Atangana Mballa, un responsable qui a requis l'anonymat affirme qu'il n'y a pas de ciment en ce moment dans ses magasins. " La semaine dernière, il y avait un petit retard dans les livraisons à l'usine Cimencam à Douala. Je ne pense pas qu'il y a là-bas un problème lié aux matières premières car celles-ci se trouvent sur place.
Il ne faut pas que les collègues essayent de profiter de la situation actuelle pour augmenter les prix ", lance-t-il, l'air affairé. Cette tentative d'explication rompt avec le point de vue des autres tenanciers des quincailleries. En effet, à COGENI, le directeur régional, Pierre Tagne, déclare qu'il n'a pas été ravitaillé depuis deux semaines. " Ceux qui me ravitaillent me disent qu'il n'est pas facile de charger les camions à l'usine Cimencam de Douala.
Il faudrait attendre sur place quatre jours au moins pour espérer charger son camion ", explique-t-il. Plus loin, vers le carrefour Mvog-Mbi, la société SOREPCO n'a pas non plus de ciment. Le chef d'agence, Rigobert Nzuguem, raconte que le camion de l'entreprise a attendu pendant cinq jours à Douala avant d'être servi. Alors qu'avant, la même opération s'effectuait en 24 h. A SOCSUBA, le chef d'agence de Mvog-Mbi, Joseph Wamba, se borne quant à lui à parler de la rupture de stock qui remonte à deux semaines.
Hausse de la demande
Chez Afrique Construction, le leader de l'importation du ciment au Cameroun, le ciment importé ne fait plus partie des matériaux proposés à la vente dans son agence de Yaoundé depuis un mois. Le patron des lieux, Jean-Pierre Fonkwa Kuate, affirme que n'eût été le stock disponible de ciment importé, le sac de 50 kg se vendrait à 6 000 F Cfa aujourd'hui à Yaoundé. Il dit ne pas être surpris par la situation actuelle, car " c'est en 1994 que les dirigeants de l'entreprise ont constaté le déséquilibre croissant entre la faible production nationale et la demande en hausse constante ".
C'est alors que le cap est mis sur l'importation du ciment fabriqué en Chine, en Roumanie, en Iran et en Egypte. Jean-Pierre Fonkwa Kuate déplore cependant " les tracasseries administratives qui rendent difficile l'importation du ciment au Cameroun ". Au dépôt Cimencam sis au quartier Nsam, une petite quantité de ciment est observable dans le grand magasin.
D'après le directeur général de Cimencam, la pénurie actuelle est due à une hausse inhabituelle de la demande de ciment en cette période marquée par le boom des constructions. Mais, rassure-t-on de ce côté-là, des mesures correctives sont en train d'être prises. Du côte de l'administration, le directeur du Commerce intérieur, Valentin Mbarga Bihina, parle de la lutte engagée contre les spéculateurs. Tout en encourageant la production locale.
Article publié le mardi 9 mai 2006
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