:Ce candidat à la succession de John Fru Ndi dresse un bilan du parti et esquisse son programme.
Pouvez-vous nous brosser brièvement votre passé militant au sein du Social Democratic Front ?
J'ai adhéré au Sdf "Province France", en novembre 98. Le peuple nourrissait alors un profond besoin de changement et le Sdf, par son fameux slogan de "power to the people", était en phase avec cette attente. Dans ces conditions, mon choix de militer au sein de cette formation politique ne souffrait plus d'aucun doute dans mon esprit. Un choix cependant délicat, car le microcosme politique camerounais grouillait déjà d'une foultitude de partis plus ou moins aventuriers. De 2001 à 2003, je deviens chargé de la communication du Sdf France et c'est à ce titre que je rencontre à Bruxelles, en octobre 2002 M. Fru Ndi, qui accepte ma proposition de demander, pour son compte, une interview à Rfi. Fin 2001, je suis co-fondateur du Sdf-Europe. En septembre 2005, suite aux dérives répétées dans la gestion du parti, je décide de me porter candidat à sa tête pour le sortir des bas-fonds et lui redonner le sang neuf dont il a cruellement besoin.
A quel prochain congrès serez-vous candidat à la présidence du Sdf, celui de Bamenda ou celui de Yaoundé?
Pour moi, la question ne peut se poser en terme de lieu. Bamenda ou Yaoundé ce sont deux villes camerounaises pour lesquelles je ne nourris aucun a priori politique, ni négatif ni positif, cela va de soi. Un cas épineux se pose avec la crise actuelle du Sdf. Peut-il y avoir deux congrès au nom du même parti, le même jour, autorisés par la même autorité? Le Tribunal de Yaoundé nous le dira dans quelques jours. Personnellement, je trouve çà improbable et surréaliste, même si les calculs machiavéliques de l'Etat-Rdpc peuvent consister à ordonner à "ses juges" de prononcer une telle décision et créer ainsi un imbroglio politique. C'est d'autant plus improbable qu'un sous-préfet vient d'annuler une précédente décision d'autorisation pour la tenue du congrès de Yaoundé. Par conséquent, restons prudents. Je reste serein et je pense qu'il n'y aura, au bout du compte, qu'un seul congrès au nom du Sdf.
Pourquoi vous présentez-vous à la présidence de ce parti ?
Seize ans d'échecs, absence criarde de stratégie, collusion plus ou moins avérée avec l'adversaire politique, dérive autocrate d'un chef de parti aux méthodes de chef de village et emmuré dans ses certitudes politiquement suicidaires, ont fini par me convaincre qu'il était temps de sauver le Sdf, patrimoine de tous les Camerounais et non pas seulement des Camerounais d'expression anglaise. Voilà essentiellement pourquoi je me présente à la tête de ce parti. Notre pays a besoin de changement et de profonds changements. Pour cela il faut des hommes neufs, les hommes et les femmes d'une autre génération et porteurs de nouvelles idées, de nouvelles valeurs. Mon peuple refuse de vivre éternellement à genoux. Nous avons trop souffert et nous ne pouvons plus accepter de souffrir. Le Cameroun refuse d'être éternellement un peuple d'esclaves.
Tout le monde est blasé et désabusé dans mon pays, au point de ne même plus réagir quand on lui réduit son salaire de plus de 70%, au point, pour certains, de continuer de travailler quand bien même ils ne sont plus régulièrement rémunérés. Tout ceci n'est plus acceptable et nous devrons décréter la fin de la peur et sortir de la torpeur qui nous mine et nous paralyse. Je me présente à la présidence du Sdf parce que ce parti demeure, quoi qu'on dise, une formidable machine pour contribuer à un véritable changement dans notre pays. Il n'en demeure pas moins vrai cependant que le parti est pris en otage par un clan. On peut réformer le Sdf de l'intérieur, j'y crois profondément. Je me présente à la présidence pour réformer, pour convaincre et pour proposer à un parti à bout de souffle qu'on ne peut pas rester inactif lorsque son parti se meurt.
Votre candidature doit-elle être essentiellement interprétée comme
Article publié le vendredi 21 avril 2006
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