:"....Je dois dire que je suis rentré dans l’armée par vocation. Ce ne sont pas les exploits guerriers de mon grand père ou de mon père qui m’ont poussé dans l’armée. C’est tout simplement fortuit..."
L'interview:
Etes vous rentré dans l’armée par vocation ou par mimétisme du fait que votre père et votre grand-père étaient déjà des soldats ?
Je dois dire que je suis rentré dans l’armée par vocation. Ce ne sont pas les exploits guerriers de mon grand père ou de mon père qui m’ont poussé dans l’armée. C’est tout simplement fortuit. En 1947 est sorti un dictionnaire Larousse dont la partie historique traitait de la deuxième guerre mondiale. Je me suis mis à lire cette partie du Larousse et j’ai découvert que des gens faisaient des choses extraordinaires au cours de cette guerre. Cela m’a tellement fasciné et j’ai décidé de ressembler à ces héros de la guerre. C’est comme cela que je suis rentré dans l’armée.
Quand vous regardez dans le rétroviseur, que dites-vous de votre carrière ?
J’ai eu une carrière époustouflante. Tout officier aimerait avoir une carrière comme la mienne. Vous voyez un tout jeune officier qui rentre dans l’armée et qui se retrouve un jour général d’armée. J’ai pratiquement occupé toutes les hautes fonctions : Chef d’Etat major de l’armée de terre, Inspecteur général des armées, Chef d’Etat major des armées, et maintenant, Contrôleur général des armées…
Que faut-il, pour réussir une telle carrière ? De la chance ? Du génie ?
Il faut dire que j’ai eu de la chance. Mais, la chance ne sourit qu’à ceux qui peuvent la faire sourire. Cela signifie qu’il faut travailler, réellement travailler. Ne pas se contenter de ce qu’on a fait. Tout le temps, s’améliorer. Et puis, être discipliné et surtout, aimer son travail.
Si un jeune officier suit, se plie à ces exigences, il ira loin.
Qu’est-ce qui amène le général Semengue à parler contre la tradition de celle que l’on appelle la grande muette de sa carrière ?
Il faut tout de même qu’une certaine histoire de ce pays puisse être écrite valablement, que les choses soient connues. Tout n’est pas absolument secret. Beaucoup de choses doivent être connues. Les gens écrivent n’importe quoi, disent n’importe quoi sur ma personne. Je crois qu’il était normal de les dire telles qu’elles se sont passées. Mais, il y a également la ténacité de Charles Ateba Eyene. Il voulait absolument me faire parler. Je l’ai évité pendant longtemps. Mais après, je me suis dit que ce n’est pas mauvais de parler, car la jeunesse d’aujourd’hui a besoin de repères. Je parle de repères parce qu’en réalité, quand vous lisez ce livre, vous découvrez que j’étais un fils de paysan dans la forêt vierge de Bikoka à Lolodorf. Mon père est mort quand je n’avais même pas cinq ans. Et puis, me retrouver général d’armée, c’est quand même extraordinaire. Les gens pensent qu’il faut avoir la " godasse ", qu’il faut être soutenu. Non ! En travaillant, en étant sérieux, on peut, en partant de rien, aller loin. Voilà ce qui m’a amené à me confier.
Est-ce qu’il n’y avait pas des blocages du fait des autorisations éventuelles qu’il vous faut pour parler ?
J’ai obtenu de ma hiérarchie toutes les autorisations nécessaires.
Est-ce que la perspective d’une demande d’autorisation ne vous amenait pas à être réservé au moment où vous travailliez avec Charles Ateba Eyene ?
Mais oui, j’ai travaillé en tenant compte de mon devoir de réserve et je ne crois pas avoir trahi un quelconque secret. J’ai parlé par exemple de la tentative de coup d’Etat de 1984 mais, vous savez très bien qu’en 1991, il y a eu une loi d’amnistie. Donc, on peut en parler sans créer des polémiques. Sur ce sujet comme sur d’autres, les gens ont besoin de savoir comment les choses se sont passées pour ne pas fantasmer et créer des problèmes inutiles.
N’avez-vous pas été tenté de prendre vous-même la plume pour écrire votre histoire ?
Pour le cas d’une biographie comme celle-ci, ce n
Article publié le mardi 11 janvier 2005
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