M. le président, depuis quand cette formation a-t-elle été créée, et quelle est la structure du Liptako FC ? Le Liptako FC est un club qui est né en novembre 2007. C'est dire donc que nous n'avons pas encore deux ans d'existence. C'est un club qui a été créé par un groupe de jeunes, passionnés par la chose sportive et qui ont l'amour du football. Dès la création de ce club, les objectifs ont été clairement
définis : doter la commune 5 d'un club de première division digne de ce nom ; parce que nous avons vu qu'il existe des clubs un peu partout ; et la Commune 5 est un grand réservoir de talents. Par rapport à la structure du club, je rappelle que nous sommes un groupe de jeunes qui ont eu l'avantage d'avoir voyagé un peu partout et donc d'avoir vu ce qui se passe ailleurs. Nous avons donc essayé de créer un club moderne, à l'image des autres clubs d'autres pays. C'est d'ailleurs ce qu'il nous faut ici au Niger, pour changer les choses, et montrer aux gens que le football n'est pas qu'un simple jeu ; et qu'il peut servir à la lutte contre la pauvreté, ou redonner une chance de réussite aux jeunes qui ont quitté l'école et qui ont un certain talent. C'est dans ce cadre là que nous avons choisi des hommes capables et qui peuvent apporter leurs connaissances, tout en ayant un dénominateur commun, l'amour du football.M. le président, parlez-nous de l'effectif de votre club, le Liptako FC. Est-ce que ce club s'identifie, comme vous le disiez à la Commune 5 seulement, ou bien, envisage-t-il une vision beaucoup plus large?Vraiment, dans les objectifs, il était question de doter la commune 5 d'un club de première division digne de ce nom. Quand vous prenez l'effectif que nous avons, une quarantaine de joueurs, plus de la moitié sont des joueurs de la Commune 5. Et cela parce que nous voulons faire la promotion du football dans cette immense commune. Mais nous avons également des joueurs qui viennent d'ailleurs, et qui veulent jouer avec nous. Et si le talent y est, nous leur donnons l'occasion de s'exprimer en contribuant à la réalisation de notre objectif qui est de donner à notre commune un club digne de ce nom. Quelle est l'ambition que vous nourrissez à travers la création de ce club, et surtout au regard de la situation de notre football qui n'est pas très reluisante ?Justement, c'est ce que je disais tantôt. Certes, notre football a connu des problèmes, mais la solution est très facile. Avant de se lancer dans toute chose, il faut d'abord avoir la passion de la chose. C'est pourquoi nous nous sommes dit que nous allons essayer de faire comme nous avons vu dans d'autres pays. Souvent les gens pensent que ce sont les moyens qui font le football. Avoir les moyens est certes un atout. Mais, quand il y a la bonne volonté, la passion, la conviction, vous ne pouvez faire que de belles choses. C'est donc pour cela qu'au Liptako FC, nous avons choisi des jeunes comme nous, qui vont essayer de suivre le programme préétabli. Je m'en vais faire une petite parenthèse ; un nouveau bureau a été mis en place au niveau de la fédération nigérienne de football et cela à l'image des jeunes gens qui ont fait leurs preuves et qui ont la passion du football. Et je vous promets que, dans quelques années, le football nigérien changera. M. le Président, le football c'est la passion, mais le football, c'est aussi les moyens. Est-ce que le Liptako FC a des sponsors ?Nous n'avons aucun sponsor. Quand vous avez des passionnés de la chose, ils sont prêts à tous les sacrifices. A Niamey, il y a 22 clubs en deuxième division. L'année dernière, lors de notre première participation à ce championnat, nous avons occupé la troisième place. Cette année, nous avons fini deuxième. Et pourtant, nous manquons de moyens. Ce n'est pas de la magie. Nous ne sommes pas allés voir un marabout ou un féticheur. C'est parce que nous travaillons et nous croyons à ce que nous faisons. Aujourd'hui, le Liptako FC est le seul club à avoir un site Internet au Niger. C'est dire que dès que vous croyez à ce que vous faites, vous ne ferez que de belles choses. Il y a plein de clubs qui sont riches et qui peuvent avoir un site internet. Mais ils ne le font pas parce qu'ils pensent que ce n'est pas une priorité ; alors que moi je pense que dans la gestion moderne d'un club, c'est une priorité.Quelle lecture faites-vous, de manière générale, de la situation délétère du football nigérien et des perspectives nouvelles qui lui sont offertes? Je pense qu'il y a deux problèmes qui minent notre football. Le premier problème, c'est qu'il faut dépassionner les débats. Il faut mettre les ressources humaines qui peuvent véritablement œuvrer pour la promotion du football nigérien. Le deuxième problème, c'est que notre football manque d'identité. Tant qu'il n'y aura pas quelqu'un qui aura réussi dans le football, personne ne laissera son enfant jouer au football. Il faut que cela soit clairement entendu. Prenez l'exemple de la Côte d'Ivoire. Toutes les familles souhaiteraient avoir un enfant comme Didier Drogba. Au Niger par contre, tout le monde veut que son enfant se lance dans la politique parce que c'est là bas qu'il y a l'argent facile. C'est dire donc que tant qu'on n'aura pas un modèle, c'est-à-dire quelqu'un qui a réussi dans le football, notre football ne va pas sortir la tête de l'eau. Actuellement, nous avons la chance d'avoir Maazou Ouwo qui évolue au CSK de Moscou. Je profite de vos colonnes pour dire aux parents qui pensent que le football n'est qu'un jeu, que ce jeune homme a un salaire de 100.000 euros soit 65 millions de FCFA par mois. Je ne vois pas quel est le diplôme qui peut donner un tel salaire.Depuis quelque temps, on constate une floraison des centres de formation de football dans la capitale. Quel commentaire cela vous inspire ? C'est une très bonne chose. Au niveau du Liptako FC, dans le chronogramme que nous avions élaboré, nous devrions ouvrir notre centre de formation entre octobre et novembre prochains si tout va bien. Donc, nous ne pouvons que penser de bonnes choses sur la floraison des centres de formation. C'est le seul moyen de sortir la tête de l'eau. Les jeunes Nigériens sont talentueux et nous avons énormément de jeunes joueurs. On ne voit pas l'impact de ces centres aujourd'hui. Mais dans cinq ou dix ans, il est certain que nous aurons une équipe nationale compétitive et tout le monde saura que les centres ont beaucoup apporté à notre football. Je vous donne un exemple. Quand le centre de formation de l'ASEC MIMOSA a été créé, l'entraîneur des jeunes, un Belge, disait à cette époque que le jour où l'équipe nationale de la Côte d'Ivoire aura en son sein cinq ou six joueurs issus de ce centre, elle sera une grande équipe à l'échelle mondiale. Et c'est ce qui est arrivé. Aujourd'hui, l'essentiel de l'effectif des Eléphants est constitué des pensionnaires du centre de formation de l'ASEC. Kolo Touré, Gnégnéri, Zokora, Arthur Boka etc, sept joueurs issus du centre de formation de l'ASEC font la fierté du football ivoirien. Donc cela veut dire que le jour où l'équipe nationale du Niger aura en son sein sept ou huit joueurs qui sont issus de ces centres de formation, et qui auront appris dès leur bas âge, le B.A.BA du football, le Niger fera parler de lui. Il faut donc encourager les centres de formation. Il faut aussi encourager les parents à laisser leurs enfants jouer au football parce que cela peut être une source de revenu pour eux.M. le Président, depuis le 25 juillet dernier, la FENIFOOT a, à sa tête un nouveau président, en la personne du Colonel Djibril Hima Hamidou, alias Pelé. Quelle serait, selon vous, la recette de réussite pour ce nouveau président ?Je suis l'un des premiers à avoir soutenu le Colonel Djibril Hima en direct dans une émission télévisée pour montrer ma bonne foi et pour montrer le degré de confiance que j'ai en cet homme. C'est une grande personnalité du football nigérien, et j'ai toujours dit qu'on ne s'appelle pas Pelé pour rien. Cela veut dire qu'il
Article publié le dimanche 11 octobre 2009
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