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FMI : Gilbert Ondongo dans les jupons de Christine Lagarde

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Tribune libre


Quelques minutes de folie furieuse dans un hôtel Sofitel de New-York, et c'est la communauté financière internationale qui vacille. Et, avec elle, la Françafrique qui se sent orpheline. Le Fonds monétaire international (FMI) décapité par la démission de son Managing Director (MD), Dominique Strauss-Kahn, empêtré dans une affaire de viol, est en pleine tourmente. La Françafrique perd ainsi un de ses dignes soutiens à la tête de l’une des institutions financières les plus importantes au monde. Du Congo-Brazzaville au Sénégal en passant par le Gabon, le Cameroun, le Tchad, le Burkina Faso, le Togo, la RCA, le Bénin et la Côte d’Ivoire, l’inquiétude submerge les palais présidentiels. Ne rien faire correspondrait à un suicide collectif. La France médiatique est critiquée aujourd'hui pour ses silences sur les frasques sexuelles du Don Juan comme elle l'était hier pour ses déballages. La France profonde se sent bafouée d'avoir cru en cet homme et humiliée de voir l'un des plus puissants sujets déchoir ainsi. L'onde de choc de l'affaire DSK n'a encore fissuré qu'en surface les vieux piliers de nos certitudes. Un tel drame va longuement, et profondément, affecter la planète finance, laquelle doit dorénavant trouver un successeur à DSK à la tête du FMI.Mama FMI « J'ai décidé de présenter ma candidature à la direction générale du Fonds monétaire international... ». C'était le 25 Mai 2011, à Bercy. Cheveux blancs et brillants, tailleur noir impeccable, voix posée et verbe précis, Christine Lagarde a officialisé une candidature que tout le monde attendait jusqu’au fond de la forêt tropicale. Au Congo-Brazzaville de Denis Sassou Nguesso, le pays du « chemin d’avenir ». Le soutien de la Françafrique ne fera jamais défaut. Foi de Sassou Nguesso via Gilbert Ondongo, imbibé d’économie planifiée. Le ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public, Gilbert Ondongo, a indiqué, le 22 mai à Brazzaville, que la République du Congo soutiendrait une éventuelle candidature de la ministre française de l'Economie et des Finances, Christine Lagarde, au poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI). « Madame Lagarde est pour moi le meilleur candidat au poste de directeur général du FMI. » On retient son souffle. « Si sa candidature dépendait de moi, je l'appuierai dans les meilleurs délais et je donnerai le meilleur de moi-même pour qu'elle soit demain directeur général du FMI. Pour moi et beaucoup d'autres d'ailleurs, Mme Christine Lagarde, est la personne la mieux placée pour succéder à Dominique Strauss Kan, parce qu'elle est pleinement engagée dans la recherche des solutions à la crise financière, aux problèmes macro-économiques du monde », a déclaré Gilbert Ondongo, au cours d’une conférence de presse (congositeportail.com, 23 Mai 2011). On perd son latin. La jactance de Gilbert Ondongo à propos de la candidature de Christine Lagarde au FMI est à la fois navrante et affligeante. Quelle noble vision teintée de fausse naïveté que celle de Gilbert Ondongo, le ministre des Finances de Sassou Nguesso, biberonné au marxisme et au « gosplan » (en russe, abréviation de comité étatique pour la planification), dont les valeurs évoluent en fonction des élections et des circonstances ! L’éligibilité du Congo-Brazzaville au statut des pays pauvres très endettés (PPTE) a été obtenue grâce à l’appui de la France et du rôle très actif de Paris au sein du conseil d’administration du FMI. C’est un secret de polichinelle. Les missions du FMI au Congo-Brazzaville, ces dernières années, se soldent en dernière instance par des satisfecit tous azimuts. La situation financière est florissante alors que la réalité économique et sociale est loin d’être reluisante. Cherchez l’erreur. Les faux dossiers et les documents falsifiés présentés par Sassou Nguesso, Gilbert Ondongo et le gouvernement du Congo-Brazzaville passent entre les mailles du filet des experts du FMI comme une lettre à la poste. Comme par hasard. Les experts du Fonds n’y voient que du feu, les pauvres ( ?). Complaisance ? Duplicité ? Complicité ? Ou tout bonnement corruption d’institutions internationales ? Certaines observations soulignent que le pouvoir du Directeur général est finalement limité car, comme dans toutes les institutions, c'est le Conseil d'administration qui détient le véritable pouvoir au sein du FMI. N'empêche que ceux qui connaissent les institutions internationales savent le rôle important qu'occupent les premiers responsables et les patrons dans ces organismes. Certes, leur rôle dans la gestion quotidienne n'est pas fondamental. Leurs adjoints et collaborateurs assurent le fonctionnement efficace de ces institutions et leur rendent compte. Cependant, la présence de ses premiers responsables est essentielle dans la mesure où c'est eux qui élaborent les grandes visions et les grandes orientations de ces institutions et souvent lui insufflent le sang neuf dont elles ont besoin pour redéfinir leurs mandats et leur rôle dans le monde global. D’où l’activisme de Paris pour remplacer à la direction du FMI un Français par un autre Français. Pour y parvenir, les réseaux de la Françafrique sont mis en branle. Comme à l’accoutumée lors des tractations diplomatiques. Je te tiens par la barbichette, tu me tiens par la barbichette. Rien de nouveau donc sous le ciel françafricain. Ce que la France veut, Dieu veut. Et, les chefs d’Etats des pays africains de la zone franc à l’instar de Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville n’y dérogent guère. Françafrique, quand tu les tiens ! Y aurait-il une relation de causalité entre le statut PPTE du Congo-Brazzaville et le soutien affiché de l’administration Sassou Nguesso à la candidature de Christine Lagarde à la direction du FMI ?


Ondongo
Est-ce un renvoi d’ascenseur de Brazzaville à l’égard de Paris pour services rendus ? Faut-il y voir un alignement systématique des pays africains de la zone franc (PAZF) sur les positions et les décisions financières et économiques de la métropole ? Pendant combien de temps encore les PAZF se plairaient-ils à demeurer des marionnettes entre les mains de l’Hexagone ? Pourquoi Sassou Nguesso et Gilbert Ondongo ne soutiendraient-ils pas un candidat originaire d’un pays émergent ? Quid de l’unité africaine ? Quid de la coopération Sud-Sud ? Plutôt que de soutenir Christine Lagarde, Gilbert ONDONGO, « éminent » économiste du PCT et du « chemin d’avenir » ne disposerait-il pas de background technique et théorique pour postuler à ce poste ? Le temps des émergents Les années 2000 ont redistribué les cartes du jeu planétaire. Les pays émergents sont montés en puissance dans l’économie mondiale de façon spectaculaire dans le sillage de la Chine devenue " usine du monde ", de l'Inde, " bureau du monde " et du Brésil, " ferme du monde ". Tout naturellement, ils ont demandé plus de place dans la gouvernance mondiale et dans ses institutions, et avec d'autant plus de force, à partir de la crise de 2007-2008, que les dettes ont disparu de leurs comptes alors qu'elles mettent en péril ceux des pays riches, naguère donneurs de leçons d'orthodoxie financière ! Les sommets du G20 ont conclu qu'il fallait au FMI et à la Banque mondiale une procédure électorale plus conforme à cette nouvelle donne. Tout le monde est tombé d'accord, mais sans l'acter formellement, pour dire que l'élection des patrons des deux institutions « sœurs », FMI et Banque mondiale, devait être " ouverte " et " transparente ", dépendre du mérite et pas de l'origine géographique. Cet accord ne signifie pas la même chose pour les Etats-Unis et l'Europe d'un côté et pour les pays émergents de l'autre. Ceux-ci l'ont entendu comme la promesse de pouvoir faire élire, pour la première fois, un de leurs ressortissants à la tête des deux institutions, comme cela s'est vu à l'ONU ou à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ceux-là n'y ont pas vu d'inconvénient puisqu'il s'agit non d'organismes internationaux, mais d'institutions financières multilatérales surveillées par les agences de notation et dont ils sont les premiers actionnaires et les premiers bailleurs (Le Monde, 26 Mai 2011). Les pays émergents réfutent, à juste titre d’ailleurs, l'argument utilisé par les européens selon lequel l'agenda du FMI dans les prochaines mois et les prochaines années sera dominé par les questions européennes, aussi sa présidence doit revenir à un européen. Deux poids, deux mesures. Pour les pays émergents, la crise asiatique dans les années 1990 comme la crise de la dette des pays africains dans les années 1980 et 1990 n'ont pas été à l'origine de l'avènement à la tête du FMI de responsables asiatiques ou africains qui connaissent mieux les réalités spécifiques de ces régions. Les P.A.S, leurs potions amères et leurs remèdes de cheval appliqués sans discernement aux pays d’Afrique ont laissé les traces indélébiles. Par ailleurs, les pays émergents avancent un autre argument et considèrent, contrairement aux européens, que l'importance des crises européennes dans l'agenda du FMI doit justifier la nomination d'un non-européen qui aurait moins de pressions et une plus grande neutralité à gérer les problèmes d'une région dont il n'est pas originaire. Au Congo-Brazzaville, Sassou Nguesso et Gilbert Ondongo ne sont-ils pas convaincus par cette argumentation de bon sens ? Argent au sud, Dette au nord Le Japon a une dette publique qui doit approcher les 200 % de son produit intérieur brut (PIB) et, en 2010, un déficit budgétaire qui frôlait les 10 % du PIB ; pour les Etats-Unis, ces chiffres sont respectivement de 90 % et de 9 % ; pour l'Allemagne de 83,2 % et de (seulement) 3,3 % ; pour le Royaume-Uni de 80 % et de 10 % ; pour la France de 81,7 % et de 7 % ; pour l'Italie de 119 % et de 4,6 %.


Les voix africaines de Lagarde et de la France...Les principaux membres du G8, censés représenter le vieux Nord riche face au jeune Sud émergent, sont dans une situation financière catastrophique. En revanche, si l'on dresse la moyenne de la dette publique chez les grands émergents (Chine, Indonésie, Brésil, Inde, Afrique du Sud, etc.), on arrive au chiffre de 34 % du PIB. Nouveau déséquilibre mondial : l'argent est au Sud, la dette au Nord(Le Monde, 27 Mai 2011). D’après cette logique donc, Sassou Nguesso et Gilbert Ondongo devraient se résoudre à accepter que la direction du FMI puisse échoir à un candidat des Pays émergents. Les candidats de choix ne manquent pas, du Sud-africain Trevor Manuel au Singapourien Tharman Shanmugratnam en passant par l'ancien ministre turc des Finances Kemal Dervis, l’économiste mexicain et ancien gouverneur de la Banque centrale Agustín Carstens, le ministre singapourien des Finances Tharman Shanmugaratnam, et l'économiste indien Montek Singh Ahluwalia et bien d'autres candidats de valeur, les pays émergents ont montré qu'ils disposent de personnalités de premier plan capables de gérer cette institution internationale.Vision Le Conseil d'administration du FMI vient de fixer la procédure ainsi que les délais pour la désignation du prochain Directeur général. D'après ce calendrier, le FMI sera fixé sur le nom de son prochain big boss au plus tard le 30 juin 2011. D'ici là c'est une bataille de grande envergure qui va opposer les européens aux pays émergents pour le choix du prochain Directeur général. Le résultat de cette bataille indiquera si l’économie, désormais mondialisée, est rentrée dans une ère post-Bretton Woods en matière de gouvernance globale ou si cet accord continue à gérer notre monde ! A moins que l'on s'oriente vers une solution de compromis. Toutefois, il ne faut pas se bercer dans l’illusion. Du reste, au-delà du choix du prochain big manager, son profil et ses orientations économiques demeurent également importants car ils renseigneront également les analystes et les observateurs sur le prochain consensus qui guidera l'action du FMI dans les prochaines années. Maintien du consensus keynésien, certes mou, mais pragmatique en vigueur pour consolider le retour de la croissance, comme l'a fait la Réserve Fédérale aux Etats-Unis ou retour au monétarisme pour lutter contre le retour de l'inflation, comme l'indique les choix récents de la Banque Centrale européenne qui pourrait enfoncer l'économie mondiale dans la déflation ? Christine Lagarde se situe dans cette école de pensée qui accorde une primauté à la libéralisation des marchés. Le monétarisme échevelé, c’est du petit lait pour elle. Entre dérégularisation et régularisation de l’économie, le choix de Christine Lagarde est clair. Denis Sassou Nguesso et Gilbert Ondongo qui soutiennent sa candidature à la tête du FMI, sont-ils soucieux de cet aspect de théorie économique ? Rien n’est moins sûr. Le choix du prochain directeur général du FMI n'est pas seulement une bataille d’ego ou une guerre de personnes mais c'est aussi et surtout le choix d'une vision macro-économique pour sortir de la crise actuelle. Benjamin BILOMBOT BITADYS










Article publié le mardi 31 mai 2011
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