Le ton du Président se voulait à la fois mobilisateur et apaisant. En déclarant que la jeunesse n’est pas « une simple catégorie sociologique », mais « la force motrice de notre développement », Félix Tshisekedi veut redonner l’espoir aux jeunes, acteurs économiques majeurs du pays, mais aussi premières victimes du chômage et de l’insécurité.
Un message fort à la jeunesse des territoires occupés La séquence la plus marquante du discours a été l’adresse du président aux jeunes des zones sous contrôle des rebelles de M23/RDF/AFC, soutenus par le Rwanda. « Tenez bon, l’avenir que vous méritez n’est pas compromis », a-t-il lancé, avant de promettre un programme prioritaire de reconstruction dès la libération des territoires: routes, écoles, énergie, numérique. Bref, les services sociaux de base.
Ces propos visent autant à maintenir la cohésion nationale qu’à contrer le sentiment d’abandon qui s’installe dans les provinces meurtries du Nord et du Sud-Kivu. En invoquant la « compassion » et la « solidarité de la nation », Tshisekedi cherche à renforcer le lien entre le pouvoir politique et ces populations déchirées par la guerre.
Cette mise en avant de la jeunesse s’inscrit aussi dans une logique politique plus large. En 2025, le chef de l’État tente de consolider sa base sociale alors que son régime fait face à des critiques sur la lenteur des réformes, les scandales de gouvernance et les divisions internes. En plaçant les jeunes au centre de la relance nationale, le président redonne à son discours un ton volontariste, rappelant la nécessité d’un « Congo qui innove sans sacrifier la justice sociale ».
Mais la question demeure: cette volonté de « mobiliser le potentiel jeune » se traduira-t-elle en actes? La réussite du CNJ, qui est un organe consultatif, dépendra de sa capacité à devenir un véritable espace de proposition pour la jeunesse.
Un enjeu de crédibilité et de cohésion Ce discours reflète la double bataille du pouvoir congolais: militaire à l’Est et sociale dans l’ensemble du pays. Face à une population jeune, connectée et critique, la parole présidentielle devra s’accompagner des réalisations tangibles: formation professionnelle, création d’emplois, initiatives culturelles, appui à l’entrepreneuriat, et surtout restauration de la paix.
L’allocution présidentielle du 4 octobre aura donc valeur de test. Si elle parvient à susciter une mobilisation sincère de la jeunesse, elle marquera une étape vers une cohésion nationale renouvelée. Sinon, elle risque d’être perçue comme une nouvelle promesse d’un pouvoir qui peine à transformer son discours en actions concrètes.
Obed Vitangi Kakule
Article publié le mercredi 15 octobre 2025
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