Zakai : Monstre prédateur des finances publiques, bouc émissaire, ou souffre-douleur?
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Vendredi, 04 Novembre 2011 12:41 Zakai :un homme qui a de «la veine !»


L’homme n’est plus à présenter tellement on en a parlé pendant des années. Combien de fois a-t-il occupé la une des jour- naux ? Dieu seul le sait. Le plus souvent cité dans de scabreuses affaires financières. La toute dernière est bien sûr l’affaire dite des fausses factures au ministère des finances, une affaire qui a conduit plusieurs fonctionnaires dudit ministère en prison et qui a motivé le remplacement de l’ancien ministre Badmassi Annou à la commission de l’Uemoa par l’ancien ministre Abdallah Boureima. Il passerait pour un opérateur économique véreux, monstre prédateur des finances publiques. D’après une certaine presse, il serait l’auteur de la situation économique désastreuse dans laquelle végète notre pays aujourd’hui.




Une économie sous perfusion pendant des années, ce qui fait de notre démocratie une démocratie à responsabilité limitée (drl), dépendante des desiderata de l’extérieur qui détient le cordon de la bourse. Son nom est assimilé à : fausse factures, marché non exécuté, marché par entente directe et tout ce qui y ressemble. Cependant on aurait tort de lier son cas à un parti comme on le fait, mais au système qui, pour le moins qu’on puisse dire, est une passoire. Voilà quelqu’un qui n’a nommément soumissionné nulle part, pas de bon de commande, pas de livraison, mais qui se retrouve avec un peu moins de 2 milliards dans son compte.


Quelle veine et quel système ! En fait si tous les problèmes du Niger se résument à lui seul, vraiment on n’en a pas. On pourrait même dire que le Niger est un pays où les operateurs économiques, les hommes politiques, les fonctionnaires de l’Etat dans leur ensemble sont tous propres, intègres, « clean ». Et alors Dieu merci! L’administration Issoufou peut faire lever son immunité, le mettre en accusa tion. Ils seront nombreux les honorables députés qui ne voteront pas la levée de son immunité pour ne pas se faire harakiri. La levée de son immu- nité au profit de qui ? Du Niger, oui, car Zakai a déjà remboursé plus d’un milliard 500 millions. Exercice dont certains privilégiés de la république ont été dispensés. Aux commerçants qui font partie de la galaxie des « camarades », sûrement car elle ne va pas échapper à cette pratique.


Zakai : produit du système.


Bientôt il y aura des nouveaux riches, des appauvris par les différentes campagnes électorales passées qui seront requinqués, des riches qui vont s’enrichir davantage. Des Zakai vont émerger. Ce n’est absolu- ment pas un problème pour qui nomme son épouse, ses beaux-frères et ses belles-sœurs. Le printemps n’est pas fait par une seule hirondelle. Que chacun examine sa conscience. Tout le monde sait que Niamey n’est pas construite par le seul Zakai. En faisant le tour de la capitale, avec des bâtiments de plusieurs niveaux ayant coûté des centaines de millions de nos francs, qui poussent tous les jours comme des champignons, on a le vertige.


Tout ceci dans un contexte de marasme économique où même la classe moyenne a du mal à joindre les multiples bouts du mois, ils ne sont plus deux, on se rendra aisément compte que le Niger est malade de ses fils, pas d’un seul. Ce n’est pas un argument, dira-t-on. Et que le voleur c’est celui qu’on a pris. C’est faux, absolument faux. Un voleur, c’est quiconque a pris frauduleusement ce qui ne lui appartient pas, quiconque s’est enrichi de façon illicite même si jusqu’à sa mort il n’est pas pris. Qu’il soit pris ou pas, le voleur se connaît. Chacun sait que tous les régimes, surtout de l’ère démocratique, ont fabriqué des opérateurs économiques, parfois partis de zéro et qui se retrouvent excessivement riches comme par enchantement aux dépens de leurs pauvres com- patriotes. Et ils sont nombreux.


Le financement des partis politiques et des milliers de Zakai.


A votre avis, comment sont fi- nancés les partis politiques dont les militants ne cotisent même pas, les campagnes électorales des candidats aux différentes échéances électorales ? Ceux qui les financent, en l’occurrence les opérateurs économiques, font-ils de la philanthropie ? Comment recouvrent-ils l’argent ainsi investi ? Chacun connaît les réponses à ces questions. Il faut alors revoir, entre autres, l’épineuse ques- tion du financement des partis politiques dont les ressources proviennent en principe d’abord des cotisations de leurs militants. Dans tous les textes de nos formations politiques, on retrouve ces dispositions.


Mais on sait comment nos partis politiques sont entretenus, tous sans exception : généralement par le premier responsable lui même financé de façon occulte et quelques opérateurs écono- miques, en plus éventuellement d’un financement extérieur, ce qui est d’ailleurs plus grave. Zakai, nous en avons des milliers et chacun en connaît. Mais grand faroteur devant l’eternel, il fait le bouc émissaire parfait, l’exutoire, la décharge publique où chacun se défoule pour ne pas penser à ses propres forfaits. Pour se faire bonne conscience. En attendant, le problème n’est pas réglé car on s’est assis sur sa propre saleté pour doigter celle de l’autre. Nous pouvons enfermer notre voisin dans un asile sans pour autant parvenir à nous convaincre et convaincre les autres que nous ne sommes pas nous mêmes fous.


Article publié le samedi 5 novembre 2011
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