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Pourquoi le président équatorien censure-t-il la presse sur le réveil d’un volcan ? - Reporters sans frontières



Tweet Après le réveil du volcan Cotopaxi, les autorités équatoriennes ont mis en place une “censure préventive” pour contrôler toute information sur le sujet. Les communiqués officiels émis par le gouvernement sont la seule source autorisée.

Le président d’Equateur Rafael Correa a signé le samedi 15 août le décret 755, déclarant l’”état d’exception” dans tout le pays, qui interdit à tous les journalistes de communiquer librement sur le réveil du volcan Cotopaxi, le 14 août, après plus de 73 ans d’inactivité. Ce décret prévoit notamment la “censure préventive” de toutes les informations concernant l’activité du volcan, et plus particulièrement celles circulant sur les réseaux sociaux. Concrètement, les médias équatoriens n’ont le droit de s’exprimer sur le sujet qu’à partir des bulletins officiels émis par le ministère de la sécurité.

Cette mesure aurait été prise afin d’”éviter les rumeurs et la désinformation”. Pour le ministre de la communication Fernando Alvarado, cette censure préventive ne signifie pas que les journalistes ne peuvent pas aller “un peu au-delà” des informations officielles délivrées par le gouvernement. Autrement dit, il autorise les rédactions à faire des infographies, à condition qu’elles soient fondées sur les bulletins… Pour Alvarado, “le plus important est de ne pas créer une panique inutile dans la population, ni non-plus une tranquilité excessive”.

“Au motif d’éviter une panique générale, les autorités équatoriennes traitent les journalistes comme des vulgaires relais de sa communication officielle, regrette Emmanuel Colombié, responsable du Bureau Amérique Latine de Reporters sans frontières. Le danger que représente le réveil du volcan Cotopaxi est réel et mérite d’être traité avec précaution. Cependant, il n’est pas légitime que les reporters soient contraints de ne rapporter que les informations des sources scientifiques officielles et de dédaigner les autres.”

Cette mesure s’inscrit dans un contexte de liberté de la presse très dégradé. La semaine du 13 août, une vingtaine de manifestants ont été arrêtés, violentés et incarcérés en marge d’un large mouvement de protestation contre la politique du président Correa. Parmi eux, un photographe du quotidien El Comercio et la journaliste franco-brésilienne Manuela Picq, qui ont été libérés depuis.

L’Equateur est classé 108ème sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en février 2015.


Article publié le mercredi 19 août 2015