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Gaza : “Puis d’un coup, il faut tout recommencer à zéro” - SOLIDARITÉS INTERNATIONAL


Le bilan humain de la guerre dans la bande de Gaza continue de s’alourdir alors qu’Israël poursuit ses opérations militaires. Poussées dans leurs retranchements, plus d’un million de personnes ont fui le sud, occupé par l’armée israélienne, en direction des gouvernorats de Khan Younès et de Deir el-Balah. Philippe Bonnet, directeur des urgences pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, dont les équipes sont sur place depuis le mois de mars, témoigne de l’ampleur de la catastrophe humanitaire. 

80%

des habitants de la bande de Gaza sont aujourd’hui déplacés de force¹

Depuis le 7 octobre 2023 et le début de la guerre dans la bande de Gaza, près de 38 000 Gazaouis ont perdu la vie et 86 000 ont été blessés. Des femmes et des enfants pour la plupart. Plus d’1,9 million de personnes, 80% des habitants de la bande de Gaza, sont aujourd’hui déplacées de force¹. Du nord vers le sud, puis du sud vers le centre, elles ont été contraintes de fuir, au gré des ordres d’évacuation israéliens. “Leur vie s’est effondrée, leurs proches ont été tués, ils n’ont plus de travail, plus de sources de revenus et, chaque fois qu’on croit que ça va s’arrêter, qu’on pense avoir atteint un pic, ça continue et la situation se détériore encore plus ” déplore Philippe Bonnet, directeur des urgences pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. 

Les équipes de notre ONG interviennent à Deir el-Balah depuis le mois de mars. Peu après l’offensive sur Rafah, début mai, elles ont été témoins du déplacement de plus d’un million de personnes, vers Khan Younès et Deir el-Balah². Des personnes multi-déplacées, car pour la plupart, elles s’étaient déjà déplacées depuis le nord de l’enclave, pour fuir les bombardements et les ordres d’évacuation de l’armée israélienne. “À chaque déplacement, les gens doivent trouver où s’abriter, dépenser leurs économies pour acheter une bâche ou quelque chose pour s’abriter. Puis, ils commencent doucement à trouver leurs repères, à savoir où est le centre de santé, où est le point d’eau le plus proche, à trouver, peut-être, un petit boulot. Puis, d’un coup, il faut à nouveau se déplacer et tout recommencer à zéro.«  explique Philippe Bonnet. 










Palestine, bande de Gaza


Contexte et action





2,3
millions d'habitants

111ème
sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain




18 667
personnes bénéficiaires



À chaque déplacement, les gens doivent trouver où s’abriter (…) Puis, ils commencent doucement à trouver leurs repères, (…) peut-être, un petit boulot. Puis, d’un coup, il faut à nouveau se déplacer et tout recommencer à zéro. 

Philippe Bonnet

Le droit international humanitaire protège les civils, où qu’ils se trouvent. Les belligérants se doivent, non seulement de ne pas les cibler, mais aussi d’utiliser des moyens évitant les dommages collatéraux. Pourtant, dans la zone dite “humanitaire”, que l’armée israélienne a incité les civils à rejoindre, la réalité est toute autre. Étendue à Deir el-Balah après le déclenchement de l’attaque sur Rafah, le 7 mai, cette zone a continué de faire les frais des offensives. L’hôpital d’Al-Aqsa, dernière infrastructure de santé publique en fonctionnement dans l’enclave, n’est pas dimensionné pour faire face aux urgences vitales qui y affluent chaque jour, d’autant plus qu’il pâtit des coupures d’électricité et du manque de carburant. Alors que la majorité des infrastructures sont endommagées ou détruites, les besoins sont immenses et la menace sur la vie des Palestiniens constante. 

Les gens sont arrivés de Rafah, ils se sont installés sur les premiers sites disponibles (…). Ils y vivent à côté d’une décharge car les sites de stockage des déchets ne sont plus accessibles, ils sont en zone de guerre.  

Philippe Bonnet 

“Les gens sont arrivés de Rafah, ils se sont installés sur les premiers sites disponibles qu’ils ont trouvé, comme celui de El Berka. Ils y vivent à côté d’une décharge car les sites de stockage des déchets ne sont plus accessibles, ils sont en zone de guerre. Les latrines ne peuvent plus être vidées et débordent, les conditions d’hygiène sont inhumaines.” décrit Philippe Bonnet. Sur le site de Chalet, nos équipes ont récemment distribué 700 kits hygiène composés de savon, shampooing, dentifrice, brosses à dents, lessive, désinfectant, papier toilette… et d’autres produits essentiels du quotidien, qui manquent pourtant cruellement dans l’enclave. Chaque kit doit permettre de répondre aux besoins d’une famille de cinq personnes pendant un mois.  

“Les personnes déplacées n’ont pas l’habitude de vivre dans ces conditions. Vivre sans eau, sans électricité, ça demande une adaptation importante et des précautions particulières” rappelle Philippe. Stocker l’eau, s’assurer qu’elle reste propre à la consommation, désinfecter un bidon ou encore construire des latrines ne s’improvise pas. Nos équipes aident donc les Palestiniens de Gaza à réduire les risques liés à l’eau et l’hygiène, qui pèsent sur leur santé. “On travaille avec Unlimited Friends Association for Social Development, un partenaire palestinien qui intervenait déjà à Deir el-Balah avant la crise, pour acheminer de l’eau potable. Nous menons aussi avec eux un projet de réhabilitation d’une grande station de traitement d’eau qui a été endommagée par les combats.”  

On veut continuer à délivrer une aide de qualité (…) qui permette aux gens d’avoir accès, de façon digne, à de l’eau, des infrastructures d’hygiène, de la nourriture. Avec plus de moyens financiers, il serait possible de faire plus. 

Philippe Bonnet  

Acheminer du matériel humanitaire demeure complexe. Les restrictions aux postes frontières, imposées par Israël aux acteurs humanitaires, ralentissent les approvisionnements. De fait, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL s’adapte et mise sur les matériaux déjà disponibles dans l’enclave pour améliorer l’accès à l’eau. “On veut continuer à délivrer une aide de qualité, en fonction des critères de vulnérabilité que l’on a identifiés. Une aide qui permette aux gens d’avoir accès, de façon digne, à de l’eau, des infrastructures d’hygiène, de la nourriture. Avec plus de moyens financiers, il serait possible de faire plus.” conclut Philippe Bonnet.  

Sources : ¹ Selon Sigrid Kaag, coordinatrice humanitaire de l’ONU, au 2 juillet 2024 ² OCHA, Humanitarian situation update Gaza #179

Photo : © SOLIDARITÉS INTERNATIONAL








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Article publié le lundi 29 juillet 2024