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La coalition internationale de la société civile marque le quatrième anniversaire de l’assassinat de Daphne Caruana Galizia par un nouvel appel à la justice | RSF
Malgré les progrès ténus qui ont été accomplis dans cette affaire, la pleine responsabilité pour l’assassinat de la journaliste n’est toujours pas établie avec certitude. La lutte contre l’impunité ne cessera que lorsque tous les responsables auront été jugés au regard complet de la loi : les assassins, les intermédiaires et les commanditaires doivent tous comparaître devant la justice sans plus attendre. Tarder à rendre ces décisions ne peut que renforcer ceux qui souhaitent utiliser la violence pour réduire au silence le journalisme critique à Malte, et ailleurs.Néanmoins, la justice pour Daphne Caruana Galizia ne se limite pas à la condamnation des criminels qui ont commis son assassinat. Elle a été tuée pour ses écrits, qui révélaient une corruption systématique et des abus de pouvoir au plus haut niveau du gouvernement et du monde des affaires. Elle avait reçu de nombreuses menaces de mort et, au moment de son décès, elle était la cible de 47 plaintes en diffamation différentes, ou SLAPPs (poursuites-bâillons), destinées à l’intimider et à la ruiner jusqu’à la faire taire. Elle a été contrainte de subir des attaques en ligne attisées par les principales personnalités politiques du pays et leur armée de trolls internet. Malheureusement, son assassinat n’a pas mis un terme à ces pratiques abusives qui visent les journalistes et employés des médias maltais.
L’enquête publique de référence sur les circonstances de sa mort a conclu que « l’Etat doit endosser la responsabilité de l’assassinat du fait qu’il a créé une atmosphère d’impunité. Générée à partir des plus hautes sphères, au cœur de l’administration du cabinet du Premier ministre, elle s’est étendue comme une pieuvre à d’autres entités comme les institutions de régulation et la police, jusqu’à provoquer l’effondrement de l’Etat de droit. Le puissant rapport de la Commission d’enquête, rédigé en dépit de pressions politiques inacceptables qui ont tenté, en vain, de réduire son efficacité et d’entraver son indépendance, constitue une étape cruciale dans la lutte pour la vérité et la prise de responsabilité. Nous appelons à présent à la création d’une Commission d’experts indépendante, afin que les recommandations de l’enquête publique pour une réforme soient mises en œuvre de manière impartiale et rapide.
Enfin, il est important de soutenir son travail. « Daphne avait raison » devrait devenir le cri de ralliement pour que ceux dont elle a révélé la corruption et les méfaits assument les conséquences de leurs actes.
Daphne Caruana Galizia nous a légué un journalisme d’investigation de la plus haute qualité. Alors que nous pleurons sa mort, souvenons-nous de son journalisme et célébrons-le.
Signataires :
ARTICLE 19
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ)
Le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (European Centre for Press and Media Freedom, ECPMF)
La Fédération européenne des journalistes (European Federation of Journalists, EFJ)
L’International Freedom of Expression Exchange (IFEX)
Index on Censorship
L’International Press Institute (IPI)
OBC Transeuropa
PEN America
PEN International
Reporters sans frontières (RSF)
Scottish PEN (PEN Ecosse)
Article publié le mercredi 20 octobre 2021