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Quatre quotidiens nordiques adressent une lettre ouverte à Xi Jinping pour dénoncer les atteintes à la liberté de la presse à Hong Kong | RSF



Cela n’a que trop duré. Aujourd’hui, la coupe est pleine. Le monde ne peut plus rester les bras croisés alors que la Chine asphyxie, à petit feu, la liberté de la presse à Hong Kong. L’espoir que nous avaient laissé entrevoir les assurances et les promesses du gouvernement chinois de défendre et protéger les libertés démocratiques civiles fondamentales à Hong Kong n’a fait que s’amoindrir, tandis que grandissaient notre peur et notre mépris.

  

Le dernier espoir - peut-être naïf - vient malheureusement de s’éteindre avec la disparition du quotidien indépendant Apple Daily, qui a succombé aux atteintes à la liberté de la presse perpétrées par les autorités. Nous sommes les témoins de plus en plus inquiets de la criminalisation de notre profession – le journalisme libre, indépendant et critique. Nous sommes les témoins de plus en plus inquiets de la propagation de ce phénomène, qui gagne un média après l’autre, et dont le dernier exemple est Apple Daily, au sein de ce Hong Kong jadis si riche en perspectives. Avant cela, c’est Radio Television Hong Kong qui a été placée sous le contrôle des autorités, alors que la police se voyait accorder de nouveaux pouvoirs de censure d’internet. Propriétaires de médias, producteurs et journalistes sont poursuivis et jetés en prison pour l’exercice de leur métier et l’accomplissement de leur mission : être la voix du public.

Et la liste continue de s’allonger…

 

Nous sommes un groupe de rédacteurs en chef des plus importants journaux des pays nordiques qui souhaitons exprimer notre soutien et notre appui à nos collègues d’Apple Daily et aux autres publications de Hong Kong privées de la capacité de fournir un journalisme critique, sans entrave ni censure, au nom du public. Nous protestons contre les dirigeants chinois qui aiment à se décrire comme un pouvoir bienveillant. Il n’y a aucune bienveillance ni aucune noblesse dans un Etat qui attaque la presse libre. Bien au contraire, ces attaques nous apparaissent comme un signe de faiblesse. Elles reflètent un gouvernement qui, en dépit des immenses progrès effectués dans beaucoup d’autres domaines ces dernières décennies, est à peine capable de concevoir que si cette presse libre existe, c’est pour le bien du peuple. Sinon, pourquoi la faire disparaître ?

  

Nous pensons qu’à chaque fois que Pékin supprime l’opposition et la critique, l’esprit de résistance croît ; qu’à chaque disparition d’un titre de presse, un autre, espérons-le, naîtra.

  

C’est pourquoi il est temps que les choses changent. C’est aujourd’hui, à l’occasion du 100e anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois, que la République populaire de Chine doit se montrer digne de son nom de république pour le peuple et plus uniquement pour ses dirigeants.

  

La défense d’une presse libre fait partie de cette bataille. Et nous ne nous contenterons pas d’être une partie de cette défense. Nous sommes décidés à l’intensifier et à ouvrir nos journaux à une couverture encore plus étendue des inquiétants événements que vit Hong Kong. Nous le ferons grâce à cette liberté de la presse dont nos consœurs et confrères de Hong Kong sont privés.

 

On peut entraver la vérité et la liberté par l’exercice du pouvoir. Mais seulement pour un temps. Nous devons nous unir pour qu’à la fin, ce soit la force des lumières qui triomphe. Nous devons nous unir pour montrer que l’information susceptible d’être censurée à Hong Kong surgira ailleurs dans le monde. Nous devons nous unir.

 

 

Peter Wolodarski, rédacteur en chef, Dagens Nyheter

Christian Jensen, rédacteur en chef, Politiken

Trine Eilertsen, rédactrice en chef, Aftenposten

Kaius Niemi, rédacteur en chef, Helsingin Sanomat

 




Article publié le vendredi 2 juillet 2021