Non, pas du tout ! Mon propos reste dans la même optique que celle de l’interview que vous évoquez. De fait, le présent ouvrage n’est que l’édition "papier" du texte d’une réflexion menée depuis de longues années et qui s’est fixée pour objectif de dégager les éléments culturels et cultuels susceptibles de conduire à une vision plus exacte et j’espère plus juste, de l’homme noir aussi bien par lui – même que par le reste du monde. Mes réserves demeurent donc inchangées. Mais, de quoi s’agit – il ? Ou bien, plus précisément, quels sont l’objet et le sens de ces réserves ?
Je me suis attaché à montrer que dans la culture qui a cours dans le golfe du Bénin depuis des siècles, il y a un ensemble de valeurs dont le propos est le vivre et l’agir au quotidien de l’homme, comme partout ailleurs sur notre planète. Ces valeurs englobent aussi une démarche spécifique dont le but avoué selon moi est d’offrir une méthodologie pour une meilleure progression de la société tant socialement que spirituellement. Cela veut dire que sans méthodologie, l’homme progresse certes, mais il le fait à un rythme très nettement lent que ce soit en Afrique ou ailleurs dans le monde. En stratifiant les données culturelles des Yoruba, des Adja et apparentés, on peut repérer une approche méthodologique plus ou moins nette, plus ou moins immédiate à condition de prêter une attention toute particulière à la structure des légendes et autres mythes que supportent certaines divinités.
C’est à ce niveau que se situent mes regrets ; c’est à ce niveau que je place la critique, car, j’estime que nous sommes restés à un palier d’approche qui ignore la structure profonde de notre culture. Nous nous sommes contentés d’une vision superficielle ; une vision qui ne fait pas le tri entre les différentes strates et qui n’a pas cherché à détecter systématiquement les finalités des dites strates. C’est là que se trouve le fond de mes regrets que vous évoquiez. En ne prenant en compte que l’aspect folklore et surtout une vision essentiellement pratique, parce que tournée vers le quotidien, des enseignements qui nous viennent de nos ancêtres, nous en avons oblitéré les bénéfices ; nous avons perdu beaucoup de temps, sans compter le fait que nous présentons un regard inapproprié à tout observateur extérieur.
Mes observations ne prennent personne en particulier pour cible, puisque je souligne aussi le fait que malgré tout, la pratique que je dénonce n’a pas empêché les fondements de cette culture de parvenir jusqu’à notre époque sans rien perdre d’essentiel ; les différentes façons dont les hommes mettent en ouvre ces valeurs culturelles ne peuvent être condamnées absolument. Ceci étant, il faut déplorer l’absence de curiosité, surtout intellectuelle, pour dégager le contenu doctrinal du vodou. Ici, je ne suis pas sur un plan religieux, mais sur celui de la raison humaine ; je me place au niveau de l’activité créatrice de l’homme détachée de tout ancrage.
Il s’agit donc d’une insuffisance. Nous pouvons aborder la question de ce qui fait défaut d’une autre manière ; la réflexion peut en effet être conduite en se posant la question de savoir s’il n’y a pas une confusion ontologique entre croyance et religion. En effet, si toute religion repose sur une croyance ou un ensemble de croyances, ces dernières ne donnent pas nécessairement lieu à l’émergence d’une religion. Je pense qu’on peut regretter que l’élaboration doctrinale n’ait pas été poursuivie.
• Le sous-titre de votre ouvrage : « L’horloger de Kouti » laisse planer pour le profane un doute sur sa localisation. S’agit-il du Bénin, du Cameroun, de l’Iran, de la Grèce ou d’une ville p
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