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Fama Diagne Sène
a répondu à la question : "Quelle(s) symbolique(s) rattachez-vous à la Journée Internationale de la Femme ?"

Madame Fama Diagne Sène est née en 1969 à Thiès, au Sénégal où elle a fait ses études primaires et secondaires avant d'aller à l'IUMFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres) de Bonneuil en France. Au début de l'année 2002, elle enseignait le français, l'histoire et la géographie à des jeunes collégiens à Thiès. 
Source : http://www.arts.uwa.edu.au/AFLIT/SeneDiagneFama.html

Fama Diagne Sène :

Aujourd’hui, 08 mars 2004
Journée internationale de la femme, mon regard se tourne vers mes sœurs d’Afrique.

Ce matin encore comme tous les jours depuis des millénaires, au premier chant du coq, elles seront debout, pagnes retroussés, foulards noués derrière la tête pour une longue journée de labeur.

Elles seront au puits tirant l’eau pour le bain du matin, elles seront au champs, courbées sur la terre asséchée à la recherche de condiments pour le repas des hommes. Et comme tous les jours elles se rendront dans la forêt, houe pendue sur l’épaule, à la recherche de bois mort.

Je pense à ces milliers de femmes, mes sœurs d’Afrique qui donneront aujourd’hui la vie, couchées à même le sol, dans le silence d’une case lointaine, sans un pot d’eau pour étancher leur soif ni un calmant pour atténuer leur douleur.
Seules comme durant toute leur vie, face aux drames quotidiens, face à la mort, face à leurs destins de femme !

Je pense à toutes mes sœurs d’Afrique ; nombreuses sur les routes d’exil, victimes innocentes des guerres tribales. Ces femmes battues, humiliées, mal nourries, mal aimées et enrôlées dans la polygamie infinie sans jamais avoir droit ni à la parole, ni au choix décisif concernant leur avenir et celui de leurs enfants.

Je pense à mes sœurs d’Afrique. Je compatis et je dis basta !

Si le continent noir est dans son état actuel de délabrement c’est qu’il n’a jamais su redonner aux femmes qui représentent la couche la plus nombreuse et la plus active de nos sociétés, les droits fondamentaux qu’elles méritent dans le cercle familial et national des prise de décisions.

En cette journée internationale de la femme, j’invite toutes les nations africaines autour de ce constat : la douleur a une fin, les sacrifices ont des limites, la femme africaine a trop donné d’elle - même!

Il est temps que le continent noir se décide à redonner à la femme ses droits humains fondamentaux sans lesquels aucun processus de développement ne peut aboutir aujourd’hui, car le monde évolue vers l’état de droit impliquant systématiquement le respect des libertés individuelles et un renforcement institutionnel des droits des citoyens, hommes et femmes compris.

Il faut que l’Afrique « marche » et communie avec ses femmes si elle veut rejoindre, en ce troisième millénaire, la ronde des grandes nations.

FAMA DIAGNE SENE
Romancière sénégalaise.

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