Le phénomène rwandais peut être observé sous plusieurs angles. On a trop privilégié l’angle militaire. Paul Kagamé n’a pas besoin de faire la guerre à ses voisins pour s’étendre physiquement. Il possède une arme redoutable : la matrimonialité exogamique. Il lui suffit de la mettre en branle pour obtenir gain de cause. Et il ne s’en est pas privé jusque-là.
Horizon
Selon une légende qui est vraie, il existe un génie Tutsi lié au mythe de fondation du royaume rwandais. Lorsqu’on demanda à l’ancêtre fondateur quelles limites il comptait donner à son empire celui-ci estima qu’il avait pour ambition géopolitique d’avoir comme frontière « l’horizon » : un territoire sans limites en sorte.
On retrouve cette mégalomanie impérialiste (doublée de suprémacisme) chez les Tsars russes et leur descendant moderne Vladimir Poutine. Chez Donald Trump aussi qui veut élargir les USA au Canada et au canal de Panama.
Système matrimonial tutsi
Pour ce faire, le système de parenté tutsi pratique l’exogamie, forme d’échange matrimonial qui fait circuler la femme vers des horizons lointains. Les anthropologues parlent de règle dysharmonique quand dans un système matrilinéaire, la résidence de l’épouse n’est pas avunculocale mais au contraire virilocale. La femme réside au village de son mari. Il y a donc dysharmonie. En France préindustrielle le conjoint féminin habite sur les terres de son époux où elle apporte sa dot. Il y a harmonie.
En société Tutsi, le mariage interethnique et/ou interculturel est encouragé quand il donne lieu à une viri-localisation. La femme rwandaise mariée à un conjoint étranger d’un pays voisin ou lointain est bien vue puisqu’elle va élire domicile au pays de son mari, ce qui représente un « investissement des lieux » en toute légalité. Elle est en service commandée. Les enfants qui naîtront dans le pays de leur père seront des propriétaires fonciers rwandais en terre étrangère, patri ou matrilinéarité oblige, selon le système de parenté.
Depuis le génocide tutsi, une submersion de femmes rwandaises fut notable dans les pays voisins, de la CEMAC. La vague constitua une réserve de femmes mariables, notamment au Congo de Sassou où vont naître des générations d’enfants issus de l’immigration rwandaise.
Françoise Joly
Le cas de Françoise Joly, déguisée en ministre-conseillère au Congo, est emblématique de cette stratégie de conquête territoriale au cœur de la philosophie tutsie . On soupçonne, à raison, la Mata Hari rwandaise d’être la énième maitresse-épouse de Denis Sassou-Nguesso, grand timonier de l’adultère.
L’infiltration de Françoise Joly est le meilleur coup politique de Paul Kagamé en termes de conquête des terres des voisins bantous, sans verser une seule goutte de sang. C’est tout le contraire des guerres sanglantes dans l’Est de la RDC par M23 interposé.
La terre comme dot
« Qui a terre, a guerre » dit Honoré de Balzac. On n’a pas tours besoin de faire la guerre pour accéder à des butins. Il suffit de se marier. Il suffit de faire un bon mariage avec une belle dot en perspective. La philosophie Tutsi a compris l’instrumentalisation potentielle du statut de la femme. La rwandaise qui a conjoint étranger possède en réalité la terre en guise de contrepartie matérielle de son alliance. Et, bilinéarité faisant, la femme qui a la terre a gagné la guerre de l’expansion territorialiste par le fait que les enfants binationaux qui vont naître vont hériter du parent indigène. Dans le cas de Kiki Nguesso régi par la parenté mbochi patrilinéaire (la succession se fait de père en fils et non d’oncle à neveu comme les kongo) ses enfants issus du mariage interculturel et interethnique mbochi/tutsi sont les héritiers des terres d’Alima/Léfini. Or des Kiki Nguesso ayant pris femmes dans l’immigration rwandaise sont légion. Les générations futures nous promettent des cohortes d’enfants congolo-rwandais.
Bien vu, cher Kagamé !
Qui pourrait reprocher cet impérialisme à Paul Kagamé, inconditionnel tutsi imbu de philosophie des Grands Lacs, dans la mesure où l’histoire de l’humanité est expansion d’empires et de conquêtes sur la base de la trilogie mariage/guerre/terre (le sexe, le fusil, le territoire). Ce d’autant plus que que les pays des Grands Lacs gèrent péniblement une transition démographique extrêmement dense.
Dans la compensation matrimoniale ( la dot masculine ) de Sassou au gendre Kagamé, il y a les « terres sur berge » à Maloukou-Tréchot, en face de Kinshasa. Le poste avancé de Maloukou en terre congolaise est pièce maîtresse dans la stratégie de conquête de la RDC par le Rwanda. Au grand dam des Congolais de la RDC ! Mais l’élargissement du petit Rwanda « au-delà de l’horizon » est à ce prix.
Sacré Kagamé !
Francophobie
C’est sûrement ce génie mythique appelé « Kigali » en langue rwandaise, qui explique l’ exploit de Kagamé d’avoir pentecôtisé ses compatriotes en imposant, de but en blanc, l’anglais comme langue officielle du Rwanda, de francophone que ce pays était après son indépendance. Le tour de main linguistique mérite le prix Nobel de l’aliénation / désaliénation.
Envoûté par le très intelligent Kagamé, Emmanuel Macron a confié au Rwanda (quoiqu’ayant censuré le français dans son administration ) la présidence de l’Organisation internationale des pays ayant en commun la langue française.
La France macroniste, soit dit en passant, peut foutre où elle veut son « Droit du sol ». Ce n’est pas Paul Kagamé qui ira le mendier comme les migrants à Mayotte, humiliés par les deux « punaises de lit du racisme » que sont nos deux pestes brunes : Bruno Retaillau et Moussa Gerald Darmanin.
A l’inverse Paul Kagamé demanda aux Anglais de lui envoyer les personnes en situation irrégulière expulsées de l’île britannique. Paul Kagamé n’a pas peur de la submersion migratoire comme François Bayrou et Marine Le Pen en France.
Kagamé, chouchou des Occidentaux
Depuis le génocide Tutsi, Paul Kagamé était devenu intraitable avec les Hutu et la communauté Internationale comme Vladimir Poutine avec les Ukrainiens ou Benjamin Nyétaniaou avec les Palestiniens. Représentant le modèle absolu de l’holocauste après (bien entendu) l’indépassable tragédie juive, Paul Kagamé, maître-chanteur de la surenchère réparatrice, pouvait se dire intouchable. Depuis, la tragédie Tutsi est étudiée dans les programmes scolaires, examinée dans les conférences, au risque de faire une rude concurrence à l’holocauste juif.
Les mines de la RDC
Le matériel minier qui sert à fabriquer nos smartphones vient du sous-sol de la RDC.
Que seraient alors le progrès technologique et l’intelligence artificielle (IA) sans le Rwanda de Paul Kagamé ?
Les désirs et les délires de Kagamé passent pour des ordres. Le silence de la Communauté Internationale vaut de l’or. Le scandale géologique que constitue le pays de Félix Tsisékédi fait la joie des puissances occidentales. Grace au Rwanda de Paul Kagamé.
On ferme yeux, bouches et oreilles sur tous les dysfonctionnements politiques dont est coupable notre « Nyétaniaou des Grands Lacs ». Par exemple ses scores électoraux staliniens frisant les 99% de voix, ses atrocités à l’est de la RDC par la milice M23 par procuration. Ca mérite de la part des dirigeants occidentaux félicitations et satisfécits. Aucune condamnation.
On devrait joindre au prénom de Paul Kagamé celui d’Exaucé. Tout ce qu’il demande lui est accordé.
Splendeurs et misères d’un tyran
« Si on ne peut pas toujours changer les croyances de quelqu’un, […] on peut évidemment les rendre trop coûteuses politiquement, socialement, économiquement et parfois même physiquement ». C’est Mark Bray, l’un des théoriciens du mouvement antifa, (cité par Le Figaro) qui l’explique, dans un livre publié en 2018.
Lorsque tombe la ville de Goma en ce mois de janvier 2025, le python Tutsi effraie ses dresseurs. Paul Kagamé devient politiquement trop coûteux. Ca commence à faire trop cher.
« Le Rwanda est aussi grand que la ville de Yaoundé » dit un lanceur d’alerte camerounais. Kagamé veut faire d’une bouchée les deux Congo, dix mille fois plus grands que son pays !
Mais on peut avaler un éléphant et s’étouffer avec moucheron.
A force de pousser leurs frontières au-delà de l’horizon, le risque des Tutsi est de se mordre la queue puisque la terre est ronde et « elle tourne » ( Galilée ). Elle tourne comme le destin.
Tango pour l’échafaud
Article publié le mardi 18 février 2025
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