Accusés de tentative de déstabilisation, atteinte à la sûreté de l’État et troubles à l’ordre public, 11 leaders politiques issus de la Coalition des partis signataires de la Déclaration du 31 mars 2024 sont détenus depuis le 20 juin. Cette Coalition a décidé le 15 juillet de suspendre sa participation au Cadre d’échanges AIGE – Partis politiques jusqu’à leur libération. Entretien avec Dr. Mahamadou Konaté, Président du Comité stratégique du M5-RFP Malikura, membre de la Coalition.
Pourquoi avez-vous choisi de conditionner votre participation au Cadre d’échanges avec l’AIGE à la libération de vos camarades détenus ?
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C’est par obligation morale. Nous ne pouvons pas participer à ce cadre de concertation politique, proposer des idées, analyser, au moment même où une bonne partie de nos camarades est en prison. Eux aussi ont leur mot à dire dans ce qui doit se mettre en place comme mesures idoines d’organisation des scrutins à venir.
Ne craignez-vous pas les conséquences éventuelles de cette politique de la chaise vide ?
Je ne considère pas cela comme la politique de la chaise vide, parce qu’il y a quelque chose dans la chaise, elle n’est pas vide. Nous avons dit notre besoin de solidarité de la part des partis politiques frères, mais aussi de l’AIGE, pour faire aboutir notre demande de libération de nos camarades qui sont de diverses formations politiques. Nous n’avons ni renoncé ni exclu notre participation aux travaux si nos camardes recouvraient la liberté. Nous pensons qu’un vrai environnement crédible d’organisation des élections ne peut advenir que si la confiance est établie entre les acteurs politiques, si la majorité des acteurs politiques, surtout des formations politiques les plus importantes de notre pays, y prennent part. La Coalition que nous représentons, signataire de la Déclaration du 31 mars 2024, comprend les 10 premiers partis politiques du Mali et une quarantaine d’autres partis. À mon sens, il est du devoir moral même de l’AIGE de faire de son mieux. Tout ce que nous demandons à l’AIGE c’est de faire son mieux pour que les autorités entendent raison et accèdent à cette doléance, ce qui n’est pas de la mer à boire.
Mais l’AIGE est une structure uniquement appeler à organiser des élections, elle n’a pas vocation à régler des problèmes politiques…
La tenue d’un scrutin électoral, c’est un problème politique. Le cadre de concertation visant à échanger entre l’AIGE et les partis politiques, les questions liées au fichier électoral, au calendrier électoral, sont des problèmes politiques. Donc il n’est pas correct de dire que l’AIGE n’a pas vocation à résoudre des problèmes politiques. Au contraire, c’est son rôle, mais bien sûr dans le cadre spécifique de la tenue des élections. C’est dans cette perspective que nous sollicitons de la part de l’AIGE de contribuer à l’apaisement du climat politique en conseillant les autorités dans le sens de la libération de nos camarades. Nous ne demandons pas autre chose.
Êtes-vous confiants pour l’aboutissement de votre demande ?
Nos camarades ont été arrêtés dans l’exercice de leurs libertés fondamentales, de leurs droits démocratiques. Ce ne sont pas des criminels, ni des terroristes. Par le passé, par soucis d’apaisement politique et social, des terroristes ont pu recouvrer la liberté. Si on peut libérer d’un côté des gens qui ont pris des armes contre notre pays dans le but de promouvoir la réconciliation et l’apaisement, je me demande ce qui empêche les autorités d’abandonner les poursuites contre des politiques qui n’ont commis aucun crime, n’ont pas pris d’armes, n’ont pas appelé à la désobéissance civile et étaient tout simplement en train de discuter entre eux, dans un domicile privé, sur des projets de document concernant leur unité d’action.
Envisagez- vous d’autres actions ?
Bien sûr. Outre la demande de facilitation à l’AIGE et aux partis politiques frères, en parallèle il y a la procédure judiciaire qui est en cours pour la libération de nos camarades. Sauf qu’il n’y a pas de date prévue pour le moment pour le jugement alors que cela fait un mois qu’ils sont en prison. Je pense que d’autres actions seront engagées à l’avenir si jamais les choses stagnent. C’est le contexte de l’évolution du dossier qui décidera.
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Article publié le samedi 20 juillet 2024
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