Le ‘’Mouvement d’Action Patriotique (MAP) AN KA BEN’’, composé d’anciens dignitaires du régime Ibrahim Boubacar KEITA, en l’occurrence Moussa TIMBINE, ancien éphémère Président de l’Assemblée nationale, Amadou KOITA, ancien ministre, en ralliant la philarmonique des frotte-manches, des adulateurs, marque l’effondrement de ce qui a incarné le défunt régime. Pourquoi le dernier bastion a-t-il cédé ?
Au-delà de ses appels aussi pompeux que fumeux de rassemblement ; de retrouvailles fraternelles, de réflexion et d’actions patriotiques, nous permettant à terme de créer les conditions de la renaissance et de la prospérité dans notre chère patrie, le ‘’Mouvement d’Action Patriotique (MAP) AN KA BEN’’ s’inscrit logiquement dans une bataille de repositionnement dans la chienlit des mouvements qui poussent comme des générations spontanées avec le même objectif alimentaire : soutenir la Transition. Avec un avenir politique assiégé d’incertitudes, les calculs tactiques relèvent de l’instinct de survie. Ainsi, un compagnonnage avec les princes du jour, serait du pain béni ; à défaut, sortir de leur champ de tir, ne représenterait pas une maigre consolation pour qui ceux sont collectivement et solidairement comptables de la faillite de l’ancien régime et des déboires du peuple malien.
Qu’il est difficile d’assumer son statut d’ancien dignitaire ! Et pour cause !
En tout cas, l’ancien Premier ministre, Dr Boubou CISSE, dont les incartades n’ont pas été négligeables dans le naufrage de l’ancien régime par ses ‘’mazarinades’’, dès sa sortie de clandestinité, file droit vers l’URD, le Parti de l’ancien chef de file de l’Opposition, pour brocanter son investiture à la candidature pour le présidentielle de 2020. Sur son élan pouvoiriste, l’infatué Premier ministre devenu séducteur jusqu’à l’obséquiosité, s’adjuge une première victoire politique en se faisant coopter Secrétaire aux Affaires économiques de la Section URD de Djenné.
Bien avant lui, bien d’autres chantres avaient déjà largué les amarres. Il s’agissait de ces cadres, élus de la Nation qui surnageaient la foule bigarrée des manifestants du Mouvement du 5 Juin-Rassemblent des Forces Patriotiques (M5-RFP), parce que n’ayant pas été servis à leur goût et à satiété à la table du banquet national. Bougons, frustrés, ils ont quitté le navire dès qu’il a commencé à tanguer pour migrer vers de nouveaux horizons de prairies verdoyantes où coulent le lait et le miel.
A présent, c’est l’atomisation de l’Alliance Ensemble Pour le Mali (EPM) avec toutes ces grosses pointures politiques qui tournent casque.
En réalité, cette fin était écrite d’avance.
Primo, parce que la coterie politique était alimentée moins à des valeurs qu’à des impératifs de satisfaction des crampes d’estomac. Ne s’agissait-il pas d’une association de rentiers politiques, plutôt que de ‘’démocrates convaincus et de patriotes sincères’’ dévoués à servir l’intérêt supérieur du Mali? Un tel jugement pourrait, certes, être vexatoire pour les personnes concernées ; mais la facilité déconcertante avec laquelle les oiseaux se sont envolés quand le baobab s’est couché est un révélateur sérieux du degré d’attachement à des valeurs sur lesquelles priment clairement les intérêts personnels. En version facile, quand il n’y a plus rien à servir, pis, quand l’hôte n’est plus maître de la maison, les convives quittent la table, certains par la porte dérobée, d’autres par l’entrée principale.
Secundo, il y a le manque de leadership de celui était censé garder la boutique politique, à savoir le Président de l’Alliance Ensemble Pour le Mali, Dr Boacary TRETA. Sa tendance à la patrimonialisation du Parti qui s’est vidé de nombre de ses cadres, ses combats d’arrière-garde, son autoritarisme désuet, ont précipité la déconfiture d’une organisation politique qui n’était finalement qu’un géant aux pieds d’argile. Outre les événements du 18 août, le management catastrophique du Dr TRETA a atomisé, comme les particules élémentaires, autant son Parti que l’Alliance coquille vide dont il est le président.
Dans cette débandade générale, la digue incarnée dans une certaine mesure par le ‘’Mouvement d’Action Patriotique (MAP) AN KA BEN’’ a naturellement cédé. Qui l’eût cru ? Un changement spectaculaire de braquet de l’Honorable Moussa TIMBINE, celui-là que le père fondateur du RPM a imposé comme candidat à la présidence de l’Assemblée nationale contre le vote de l’écrasante majorité des membres du Bureau Politique National (BPN) favorable à l’Honorable Mahamadou DIARRASSOUBA ; celui-là dont l’élection et la réélection contestées en Commune V du District de Bamako ont dégoupillé la bombe factieuse qui a sonné le glas du régime de celui qu’il appelé, la gorge nouée par l’émotion, sur les écrans de la télévision nationale, son père, le seul père qu’il a eu depuis le décès de son père biologique.
Quels sont les arguments de crédibilité que les politiciens ‘’hybrides’’ peuvent encore servir aux Maliens, à commencer par ceux à qui ils font une cour assidue pour trouver une petite place au soleil ? That is the question.
PAR BERTIN DAKOUO
Article publié le jeudi 22 juillet 2021
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