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la conversion au christianisme des Beti du Cameroun

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 :Les éditions Karthala publient une nouvelle étude de Philippe Laburthe-Tolra, " Vers la lumière ? Ou le désir d’Ariel. " Avec en sous titre : " Minlaaba III ", "A propos des Beti du Cameroun. Sociologie de la conversion. ". Ouvrage magistral de 654 pages, ce travail passionnant constitue une plongée dans l’histoire du peuple Beti et de sa spiritualité.

Le symbolisme des personnages de " La Tempête " de Shakespeare, qui avait déjà offert son titre l’an dernier au livre de Pierre Moussa, Caliban naufragé, est à nouveau sollicité ici dès le titre, " Le Désir d’Ariel " y faisant directement référence. C’est entre Prospero, Miranda, Caliban et Ariel que se jouent les succès et les échecs d’une immense entreprise, où la générosité et le don de soi croisent l’intérêt et l’égoïsme, sans que les jeux soient toujours clairs.

Les Beti représentent plus d’un demi-million de personnes, groupées pour l’essentiel dans un rayon d’une centaine de kilomètres autour de la capitale Yaoundé, avec une avancée en direction de l’Océan. Ils habitent essentiellement la forêt tropicale, en limite de la savane. Philippe Laburthe-Tolra présente donc l’histoire de leur découverte du Christianisme et de leur adhésion massive à cette nouvelle religion, grâce à l’action des Pallotins allemands puis des Spiritains français.

Questions sensibles

Le travail de l’ethnologue-historien s’enracine dans l’étude du passé d’un village, Minlaaba, qui a déjà nourri deux ouvrages édités chez Karthala, " Les Seigneurs de la Forêt " et " Initiations et sociétés secrètes au Cameroun ". Interrogeant le rapport de cette population au Christianisme, Philippe Laburthe-Tolra n’élude pas les questions sensibles : qui a mis en oeuvre cette conversion ? Quels en étaient les acteurs et comment procédèrent-ils ?

C’est toute la complexité du rapport entre évangélisateurs et évangélisés, colonisateurs et colonisés, qui est ici traversée, où les missionnaires sont porteurs d’une modernité occidentale confrontée aux traditions africaines. Rien de tout cela n’est simple ni univoque, et l’aventure de la conversion n’est pas toujours synonyme de libération, au fil des rebondissements politico-religieux qui se succèdent. Pourtant le Christianisme, une fois implanté, a pris vie sur cette terre nouvelle et y est devenu particulièrement fécond...
Article publié le mardi 11 janvier 2005
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