Addis-Abeba a annoncé mardi 14 octobre que les négociations sur la restructuration de sa dette avec ses créanciers avaient échoué pour le moment en raison de divergences sur les termes clés alors que la situation financière du pays reste très tendue. En effet, l’Ethiopie a fait défaut sur sa seule obligation internationale fin 2023 après avoir opté pour une restructuration dans le cadre de l’initiative dite du «Cadre commun» du G20
Malgré l’échec de la conclusion d’un accord, des « progrès substantiels» ont néanmoins été réalisés, à en croire le gouvernement dans un communiqué, ajoutant «qu’il espérait que les tractations reprendraient dans un avenir proche.» Une affirmation qui n’a rien à envier à la méthode Coué.
Les progrès auxquels font allusion les autorités éthiopiennes ont notamment consisté pour les détenteurs d’obligations à concéder une décote de 15 % sur leurs prêts et un «instrument de récupération de valeur» qui leur permettrait de récupérer l’argent perdu si les exportations éthiopiennes arrivent à dégager suffisamment de recettes en devises pour couvrir le service de la dette. Les recettes d’exportation ont atteint 8,3 milliards de dollars US au cours de l’exercice 2024/25, un niveau bien au-dessus des 6,37 milliards de dollars projetés par le FMI.
Le comité des détenteurs d’obligations, qui comprend Morgan Stanley Investment Management, Franklin Templeton et les fonds spéculatifs VR Capital et Farallon, s’est dit déçu par l’échec des négociations. L’un des obstacles rencontrés a été de tenter de satisfaire l’exigence de comparabilité de traitement du Cadre commun du G20, étant donné qu’il n’avait pas vu les conditions proposées aux créanciers du «secteur officiel» – dont le plus important est la Chine, qui pèse à elle seule, près d’un quart des 31 milliards de dollars de dette totale de l’Ethiopie. «Bien qu’il reste ouvert à l’examen des propositions révisées de l’Éthiopie, le Comité a déterminé qu’à ce stade, les négociations sont dans l’impasse,» a-t-il déclaré, ajoutant qu’il envisagerait désormais toutes les options, y compris une action en justice pour contraindre Addis-Abeba à honorer ses engagements.
A lire également - Kenya | COMESA frappe fort : un nouveau système de paiement révolutionne le commerce intra-africainL’obligation d’1 milliard de dollars US, objet des négociations, a chuté de plus d’un cent, même si elle reste proche de son plus haut niveau depuis début 2021 à 95 cents pour un dollar. Le Fonds monétaire international, qui fournit les calculs cruciaux sur les niveaux d’endettement de l’Ethiopie, s’est contenté d’affirmer «qu’il saluait les progrès réalisés et qu’il encourageait les deux parties à poursuivre les discussions.»
Les analystes du marché de la dette estiment que cette impasse soulignait encore davantage les limites du processus du Cadre commun. Lancé en 2020 par le G20, il a été conçu pour réunir sous un même toit différents prêteurs des pays les plus pauvres, en particulier la Chine, dont les prêts ont explosé au cours de la décennie précédant la pandémie.
Cela a été considéré comme une avancée, mais la longueur du processus pour l’Éthiopie et les autres principaux cas tests, la Zambie et le Ghana , a donné lieu à des plaintes de retards et de complexité de la part des gouvernements et des créanciers.
Article publié le Wednesday, October 15, 2025