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Burundi

Et si entretenir valait autant qu’investir ?

 On parle souvent de l’entretien des infrastructures publiques, mais qu’en est-il des infrastructures privées ? « Akari mu mpene ni ko kari no mu ntama », malheureusement. Trop souvent, les entrepreneurs burundais oublient de protéger leurs biens, ce qui finit, d’une manière ou d’une autre, par mettre en péril leurs investissements.

Vous est-il déjà arrivé de découvrir un joli coin, un bel hôtel avec un service impeccable, au point d’en tomber amoureux et de le recommander à tous vos amis ? Puis, quand vous y retournez un an plus tard : déception totale. Les murs ont perdu leur éclat, le service s’est dégradé, l’ambiance n’est plus la même. Ce constat, je l’ai malheureusement fait à plusieurs reprises, et c’est ce qui me pousse aujourd’hui à écrire ces quelques lignes à l’attention des investisseurs.

Construire un hôtel, c’est bien. Ouvrir un restaurant, encore mieux. Lancer un service de transport, très utile — et d’ailleurs, on en a besoin pour faire avancer notre économie et atteindre cette fameuse vision 2040-2060. Mais à quel moment pensez-vous à l’entretien de ces belles initiatives ?

Parlons un peu d’amortissement…Récemment, j’étais dans un taxi cangacanga (quoi de plus normal, ces jours-ci). Ce taxi était dans un piteux état : la porte tenue par des fils. À peine installé, le chauffeur nous prévient : « Ne touchez pas aux vitres, elles ne descendent pas ! » Avec la chaleur de Bujumbura, c’était une vraie torture. Frustré, un passager s’est indigné : « Les chauffeurs de taxi, vraiment ! Vos patrons vous confient des voitures, et regardez dans quel état vous les mettez ! » Le conducteur, visiblement agacé, réplique : « Biroroshe kudutako amakosa ! Parfois, ce n’est pas notre faute. On signale un problème au patron quand il est encore mineur, il ne réagit pas jusqu’à ce que ça devienne grave. La porte est cassée ? Il accuse le chauffeur et refuse de la réparer. Tout ce qui l’intéresse, ce sont les versements quotidiens, sans faire sa part du travail. »

Chers investisseurs, je comprends que parfois le personnel manque de rigueur, qu’il néglige vos biens. Mais il ne faut pas oublier qu’une voiture qui roule s’use, qu’un hôtel qui accueille du monde se détériore, qu’un restaurant voit son mobilier et ses équipements s’abîmer. Ce sont des réalités inévitables. Ne pas penser à l’entretien, c’est comme espérer qu’une vache vous donne du lait et vous enrichisse, alors que vous ne la nourrissez pas et ne la soignez pas. À un moment donné, elle cessera de produire et finira par mourir.

Ces petits détails qui font toute la différenceUn hôtel qui change régulièrement ses draps attirera bien plus de clients qu’un établissement où le linge blanc tire vers le jaune moutarde, voire le brun chocolat ! Un hôtel avec des douches fonctionnelles séduira davantage qu’un endroit où la macarena des fuites d’eau est au rendez-vous. Un taxi dont les portes s’ouvrent et se ferment normalement inspire plus de confiance qu’un véhicule délabré (bon, ces jours-ci où les déplacements sont compliqués, ni hatali, mais ça ne durera pas éternellement, non ?). Un restaurant propre, avec un personnel formé et en nombre suffisant, offrira une bien meilleure expérience qu’un lieu où l’hygiène laisse à désirer.

Chers investisseurs, n’oubliez surtout pas que nous venons chercher du confort ! Et dans ce confort, ces petites choses comptent : l’accueil, la propreté, le service — tout ! Pourtant, beaucoup d’entre vous ne pensent qu’au retour sur investissement, au profit immédiat, sans se soucier de l’entretien. Pensez-vous au moins au long terme ? Si vous ne pensez pas à l’entretien, croyez-vous vraiment que nous continuerons à fréquenter ces endroits ? Et vos fameux profits, vous les aurez encore ?

Si vous voulez que vos affaires prospèrent, pensez à l’entretien. Car sans lui, votre investissement finira par s’éroder, et avec lui… vos profits.

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Article publié le Thursday, April 24, 2025