Imprimer
Afrique

Tribune | Eolien en mer : quel défi pour le Maroc ? [Par Dr. Mounir Belkouch et Dr. Abdeljalil Elgot]

  Bénéficiant d’un espace maritime côtier conséquent et venté, le Maroc entend poursuivre sa croissance verte inclusive avec pragmatisme et détermination. A ce titre, il pourrait accueillir des parcs éoliens offshores. Le déploiement de ce type d’énergies renouvelables pourrait soutenir la souveraineté énergétique du Royaume. Décryptage !

Croissance verte au Maroc : un fort potentiel éolien offshore L’éolien

en mer – ou éolien offshore – a connu un

Dr. Mounir Belkouch développement important au cours de ces vingt dernières années dans le monde, notamment en Europe, en Chine et en Amérique du Nord.

Le Maroc fait partie des cinq pays de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) avec le meilleur potentiel éolien offshore identifié selon le dernier rapport 2024 du Global Wind Energy Council (GWEC).

Les analyses du GWEC avancent un potentiel de 1 400 gigawatts (GW) d’énergie éolienne en mer qui pourrait être exploité dans cette région Mena.

Dans ces conditions, le Maroc, en pointe sur les énergies renouvelables, pourrait ouvrir la voie au développement du secteur de l’éolien offshore en Afrique.

Selon les experts du GWEC, la côte Atlantique sud du Royaume dispose d’un potentiel important pour accueillir des parcs éoliens offshores, avec une vitesse moyenne du vent supérieure à 10 mètres par seconde (m/s).

En outre, «le Maroc dispose d’une ressource importante et d’un gouvernement engagé dans le développement de cette technologie dans la région.»

A ce titre, la Banque européenne d’investissement (BEI) a accordé en 2022 à l’Agence marocaine pour l’énergie durable (Moroccan Agency for Sustainable Energy) (MASEN) une subvention de 2 millions d’euros pour la réalisation d’une étude de faisabilité sur l’éolien offshore au Maroc.

Cette étude chiffrée permettra notamment d’évaluer précisément les exigences technico- économiques pour développer cette technologie au large des côtes atlantiques marocaines. Elle aura aussi pour but de prendre en compte les risques et enjeux environnementaux et sociaux du projet.

A lire également -  Le courant passe en Afrique de l’Ouest et du Centre !Eoliennes offshores versus énergies renouvelables terrestres La filière de l’éolien offshore offre de multiples avantages par rapport à l’éolien terrestre :

• Moins contraignantes en termes d’espace, ce qui permet d’installer plus de turbines élargies et donc d’obtenir un rendement accru en électricité ;

• Des vents plus puissants et plus réguliers que sur terre, limitant le phénomène d’intermittence, le facteur de charge moyen est 30 % supérieur à celui de l’éolien terrestre ;

• Des enjeux de pollution visuelle moindres.

Pour le Maroc, il est d’une impérieuse nécessité de prendre en compte l’ensemble des enjeux liés au développement potentiel de parcs éoliens offshores dont le marché est en forte croissance à l’échelle mondiale.

Les principaux défis à relever sont :

• Environnementales, il s’agit d’évaluer soigneusement l’impact sur la biodiversité marine ;

• Economiques, les coûts d’investissement et de maintenance des éoliennes en mer sont significativement plus élevés que ceux des éoliennes terrestres ;

• Techniques et logistiques : l’accès aux éoliennes offshores nécessite des infrastructures spécialisées et des opérations plus complexes (fondations gravitaires, raccordement électrique à terre et montage des éoliennes) en raison des conditions marines.

Dans ces conditions, l’éolien offshore serait perçu comme moins compétitif par rapport aux énergies renouvelables terrestres.

Néanmoins, ces dernières années il y a eu une forte réduction des coûts d’opération. Les prévisions à l’horizon 2030 et 2050 maintiennent cette tendance à la baisse. En outre, il faut noter que les surcoûts sont notamment compensés par de meilleurs rendements.

Le Maroc : un futur leader de l’éolien offshore en Afrique ? Les technologies de l’éolien offshore pour la production d’énergie renouvelable offrent des perspectives d’évolution intéressantes dans les années à venir, en Europe et dans le reste du monde.

Selon le GWEC Market Intelligence, la croissance rapide de ce secteur ajoutera 410 GW de capacité éolienne offshore entre 2024 et 2033.

Le rapport indique également que le secteur de l’énergie éolienne en mer évoluera avec un taux de croissance annuel moyen de 25% jusqu’en 2028 et de 15% jusqu’au début des années 2030.

A lire également -  Veille technologique | Un Sommet pour l’action sur l’Intelligence artificielle à Paris [Par Benoist Mallet Di Bento]Les installations annuelles d’éoliennes en mer devraient notamment tripler en 2028 par rapport aux 10,8 GW de 2023.

Ce secteur stratégique pourrait contribuer à soutenir les objectifs de transition énergétique du Royaume. Pour rappel, le Maroc ambitionne de sécuriser plus de 52% de son mix électrique à partir de sources d’énergies renouvelables d’ici 2030.

L’éolien offshore offre une possibilité de diversification des sources d’énergie propre. L’énergie produite par les éoliennes offshore pourrait d’ailleurs bénéficier à certains projets de production de l’hydrogène à Dakhla.

En outre, la mise en place d’interconnections sous-marine avec l’Europe et le fort potentiel d’exportation d’énergie et de produits verts sont en faveur d’une réflexion profonde sur les bénéfices au long terme de la mise en activité de cette technologie verte.

Des centaines d’emplois locaux pourraient être créés par l’exploitation de ce type de technologie et ainsi soutenir les programmes de développement économique durable du Maroc.

Il est vrai que des conditions favorables, aussi bien sur le plan technologique et politique, d’un développement à long terme de l’éolien en mer sont réunies au Maroc.

De fait, le Maroc bénéficie d’infrastructures portuaires adaptés sur la côte atlantique sud, d’une main-d’œuvre qualifiée et d’une expérience consolidée en matière de développement des énergies renouvelables.

Des politiques publiques fortes au Maroc ont été engagées de manière pionnière en Afrique en faveur de la transition énergétique. Le Pays est aujourd’hui un leader mondial dans ce secteur.

Le Maroc dispose d’atouts majeurs pour allier engagement en faveur de la transition énergétique, prise en compte des besoins et ressources de ses territoires et respect réaffirmé de la protection de l’environnement.

 


Article publié le Tuesday, March 11, 2025