Le prix d’un bidon d’essence provenant de la RDC via Nyamitanga a bondi, passant de 250 000 à 360 000 BIF, voire 400 000 BIF. Que va devenir la vie à Bujumbura si rien n’est fait dans l’immédiat ? Témoignages.
Nous vivons une situation où l’accès au carburant est devenu un luxe que peu d’automobilistes peuvent s’offrir. C’est comme dans la série 24 heures chrono, où les événements se déroulent en temps réel. C’est exactement ça, pour comprendre la situation que vivent beaucoup de Bujumburois en ce moment.
Pour commencer, rappelons qu’au plus fort de la pénurie de carburant, Nyamitanga restait le plan B (Back up) pour de nombreux automobiles de Bujumbura. Nyamitanga était jusque-là devenu la roue de secours qui empêche la machine économique de s’enrayer.
Je passe sous silence le marché de Gatumba, qui a été fermé après une saisie du carburant des commerçants congolais. Une situation qui m’a laissé avec tant de questions. Pourquoi arrêter des personnes qui, d’une certaine manière, contribuent à maintenir l’économie à flot, surtout quand l’État lui-même semble à court de solutions viables en tous cas pour le moment ? Soit, ce n’était qu’une parenthèse.
Se déplacer à Bujumbura : un véritable parcours du combattantCes évènements sont rapportés en temps réel. Il est16h, jeudi, je dois amener mon enfant à l’hôpital. Ma voiture est presque vide. Je vais d’abord passer par mon coin habituel pour acheter igikinju comme d’habitude. Grosse surprise : le prix est passé de 20 000 BIF à 35 000 BIF. Face à l’urgence, je n’ai pas posé de choix, je prends 2 kinju et je file.
Le matin suivant, je croise ma voisine qui cherche désespérément une solution pour envoyer ses enfants à l’école. Elle me raconte qu’elle a dû acheter un bidon pour 260 000 BIF, mais qu’elle ne pourra pas se permettre de le refaire. « Pire je viens d’apprendre que le prix a grimpé, passant de 260 000 BIF à 360 000 BIF » ajoute-t-elle, l’air désespéré.
Lundi matin, je quitte la maison, comme d’habitude, pour aller au travail. Arrivé au rond-point de Mirango, je monte dans un taxi cangacanga pour 5 000 BIF. Arrivé près de Roi Khaled, une dame assise à côté de moi reçoit un appel téléphonique.
Je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre une partie de la conversation « Il n’y a plus de carburant à Nyamitanga et à Gatumba… ça va être compliqué de se déplacer. »
Comme dans beaucoup de taxis partagés à Bujumbura, la conversation s’enflamme. « Comment allons-nous nous déplacer ? » lance quelqu’un derrière moi. Et la discussion devient un débat houleux. Entre ceux qui reprochent au gouvernement son inaction et ceux qui prônent la débrouillardise, les avis divergent, mais une chose est claire : les frustrations sont profondes, et chacun vit la crise à sa manière.
Mais mon constant est que nous sommes tous dans le même bateau, essayant de naviguer tant bien que mal à travers cette situation dans un contexte où le prix de tout augmente, mais les revenus ne suivent pas. Une tragédie absolue.
Des interrogations, encore et toujours des interrogations.Le Burundais moyen peut-il supporter le coût de transport, qui se répercute sur les prix des autres besoins de première nécessité ? Des familles qui dépendent du transport pour vivre peuvent-elles survivre dans une telle situation ? Le constat est amer, la vie devient de plus en plus insupportable, et la résilience de la population commence à s’épuiser. Il suffit d’écouter les discussions dans les files d’attente des bus, à Bujumbura et à l’intérieur du pays, pour s’en rendre compte.
Il est temps que le gouvernement prenne des mesures claires et efficaces. Le peuple burundais mérite mieux que des promesses et des explications vagues. Pourquoi les solutions face à ce problème semblent-elles tarder à émerger ? Monsieur le Président, où en est-on avec l’investisseur qui avait promis de résoudre cette question lors de l’émission publique ?
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Article publié le Thursday, January 16, 2025