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Le 22 novembre est la fête de l’indépendance du Liban, un pied dans la tombe mais la tète haute
Elie Saikali
L’année dernière, le Liban célébrait les 80 ans de son indépendance dans un contexte de crise économique, politique et sociale sans précédent. Sans président de la République, sans institutions, représenté par des députés divisés qui n’arrivent pas à s’entendre depuis deux ans sur un successeur au chef de l’État sortant, l’ex général Michel Aoun.
Une année a passé. Et tout va bien, si bien… Tout ce qui n’allait pas il y a un an est toujours là, avec en prime le retour de la guerre sur le sol libanais, entre le Hezbollah et Israël: 3500 morts et plus d’un million trois cents mille déplacés..
C’est dans ce contexte que le Liban s’apprête à souffler ses 81 bougies, le 22 novembre, le jour de l’indépendance (« yom al-istiqlal » comme le disent les Libanais).
Le Liban est une vieille dame de 81 ans, paralysée certes, mais la conscience intacte et la volonté absolue de (sur)vivre. Cette personne peut toujours ressentir, s’émouvoir et espérer. C’est ce que font les Libanais. Ils vivent au jour le jour avec l’espoir que cela ira mieux demain, après-demain, dans un an, dans cinq ans … tout en ressentant, dans le même temps, un sentiment d’impuissance à régler l’avenir immédiat du pays, qui se négocie ailleurs, du moins les jours fastes.
Pendant ce temps, la population sur place et la diaspora s’organisent comme elles peuvent pour tenter de contribuer au maintien en vie du pays avec des bouts de ficelle : mobilisation associative, manifestations dans le monde pour alerter la communauté internationale, envoi de médicaments et de matériel depuis l’étranger…
Des dix plaies d’Égypte, les Libanais en subissent déjà deux, les rivières de sang dues à la guerre et les ténèbres dues au manque d’électricité. Le Liban serait, croit-on à Paris ou à Washington, sur le point de disparaître. Après une longue guerre civile, l’occupation syrienne, les trois invasions israéliennes, les attentats politiques, le million et un million et demi de déplacés au Liban, les centaines de milliers de réfugiés syriens et le crash financier, pas un libanais ne veut croire à une prophétie aussi sombre.
Le Liban renaitra de ses cendres.
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Article publié le Thursday, November 21, 2024