Pour l’heure, il n’est pas prévu que Mathias Malzieu assiste aux compétitions de skate-board des Jeux olympiques, qui se dérouleront place de la Concorde à Paris. Le chanteur de Dionysos sera durant tout le mois de juillet et une bonne partie du mois d’août sur la route des festivals d’été avec son groupe. Comme le foot ou le tennis, qu’il suit assidûment, le skate a pourtant façonné son imaginaire et il l’accompagne toujours, alors qu’il vient de fêter ses 50 ans.
Tout a commencé pour lui dans son adolescence à Montéléger, village de la Drôme situé à quelques kilomètres de Valence et des montagnes bleues du Vercors. « On avait ces petits skates en bois de très mauvaise qualité, qui s’appelaient les Hawaii Distribution. C’étaient des jouets. On s’en servait comme des bobsleighs à roulettes pour dévaler les lotissements », se souvient-il. Le chanteur parle d’une « école buissonnière », avec des planches à roulettes qui sont des outils de « liberté joyeuse » et de jeu.
Pas vraiment skater dans les règles de l’art, le jeune Mathias se rend en ville pour s’essayer à d’autres acrobaties et s’y ennuie « comme rarement dans (sa) vie ». « Tout le monde s’est foutu de ma gueule parce que je n’avais pas les bonnes fringues et la bonne planche. Il n’y avait que des gars qui rataient des figures toute la journée sur 10 mètres carrés, alors que ce qui m’amusait, c’était de rouler, d’aller loin, et de faire descentes ».
Pendant une bonne dizaine d’années, il remise son skate au placard avant d’y reprendre goût vers 25 ans, à l’occasion d’un concert de Dionysos à Genève. Le programmateur lui fait alors essayer le longboard avec lequel il parcourt les bords du lac Léman.
Traverser l’Islande sur un skate-board à moteur
S’il prend plaisir à regarder les skaters qui font des figures sur les rampes ou dans la rue, le chanteur n’y est jamais revenu. Il collectionne en revanche des longboards et les cruisers, des « skate de papy » qui lui permettent de partir à la découverte des villes. « Poétiquement, il y a quelque chose dans le skate qui me parle. Il y a un côté tapis volant et 1001 nuits urbaines. »
C’est cette fantasmagorie qui fait naître les chansons Longboard train et Longboard blues. Et puisque l’on retrouve sur la pochette des deux lives Whatever the weather, où tout son groupe est perché sur des longboards. Mais pour le chanteur, le skate deviendra aussi un horizon. Atteint d’une grave maladie du sang, il se promet de traverser « l’Islande sur un skate-board à moteur ». Ce qu’il fera en bonne partie, une fois rétabli.
« Le fait d’être en skate au milieu de nulle-part, cela crée une sympathie. Ça attire les gens, on est entre la marche à pied et le vélo, raconte-t-il. En Islande, j’étais parti avec mon skate-board à moteur. Au bout de deux jours, je me suis pris un coup de blizzard. Le moteur est tombé en panne. J’étais à Akureyri, une ville du nord du pays. J’ai trouvé un petit magasin de sport, où le gars avait trois skates de « street ». J’ai troqué mon skate qui ne marchait plus, contre l’une de ses planches. Il a appelé l’un de ses potes, qui lui a donné des grosses roues. J’avais un skate de « street » tout raide, mais avec des grosses roues de longboard. Ça m’a permis de gagner le pari que je m’étais fait en chambre stérile et que j’avais chanté dans la chanson Vampire en pyjama. » A la suite de cette aventure, le chanteur partira vers le Cap Nord avec son skate, pour un documentaire, Norvège, l’appel du merveilleux, autour des contes et légendes scandinaves.
Pour Mathias Malzieu, le lutin bondissant de Dionysos, le skate est assimilé à un temps qui s’étire. Lui qui s’est cassé la jambe au mois de février dans un concert devrait bientôt reprendre ses longboards. Mais ce sera pour de « bonnes balades sur les pistes cyclables sur les bords de Seine », plus que pour des figures dans la lignée de l’Américain Nyjah Huston, star actuelle de la discipline ou du Français Aurélien Giraud, l’actuel champion du monde.
Dernier album de Dionysos paru : L’Extraordinorium (Tôt ou Tard) 2023
Article publié le Monday, July 29, 2024