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Traçabilité sécurisée : SICPA renforce ses implantations africaines


Depuis plusieurs années, le géant suisse SICPA, leader mondial des solutions de traçabilité sécurisée, multiplie les victoires sur les marchés africains. Le groupe basé à Lausanne vient de se positionner avec succès en Côte d’Ivoire, le Fonds monétaire international (FMI) saluant dans un rapport une mesure qui participera d’une «forte consolidation fiscale (qui) se poursuivra dans le budget 2024, avec des recettes sur les taxes en hausse à 14,5 % du PIB.»

Le fléau toujours endémique de la contrebande Le manque de traçabilité est, en Afrique, un fléau qui coûte cher. Et qui englobe aussi des pans entiers de l’économie. Sur le continent, la fraude alimentaire s’élèverait à 40 milliards de dollars annuels, tandis que 130 milliards de dollars de carburants sont volés chaque année. Autre secteur hautement sensible et sujet à l’attention des experts : les cigarettes. Entre 2013 et 2015, la contrebande de tabac aurait constitué un manque à gagner de plus de 180 millions de dollars pour les pays d’Afrique de l’Ouest et contribué, selon un rapport de mars 2020 du Centre d’Analyse du Terrorisme, à environ 20 % du financement du terrorisme. Citons encore l’orpaillage illégal, qui entraîne un détournement massif des ressources aurifères de certains États, dont il constitue pourtant l’une des principales sources de PIB.

En bout de course, ce sont les pouvoirs publics, qui souffrent d’une perte nette de recettes fiscales, qui en sont les premières victimes et, par extension, les populations locales. Autre effet délétère : le renforcement de l’insécurité et de l’instabilité dans les régions concernées, notamment les zones frontalières les plus poreuses, les plus difficilement contrôlables par des pouvoirs publics dépassés.

Les solutions de traçabilité sécurisée gagnent du terrain et engrangent des succès Face à ce phénomène endémique, le déploiement de solutions de traçabilité s’est imposé comme l’une des solutions privilégiées par les gouvernements. Avec certains succès. Début 2023 : le gouvernement congolais, en coopération avec les Émirats arabes unis, lance un partenariat stratégique et commercial pour lutter contre «l’or du sang», l’un des principaux vecteurs de l’insécurité endémique qui sévit dans l’est de la RDC. Résultat : une augmentation de 100 % des ventes d’or de l’État congolais par rapport aux années précédentes. Dans le pays, des partenariats similaires se déploient dans la filière des 3 T (Étain, Tungstène, Tantale), via le bureau minier allemand BGR.

A lire également -  Maroc : 300 millions de dollars à l’Enseignement supérieur   Dans le domaine des cigarettes et des produits alcoolisés, la Tanzanie, qui a recours au service de SICPA, a pu se targuer d’une augmentation de 60 % de ses recettes entre 2019 et 2022, tandis que le Togo et le Kenya, qui ont aussi recours au groupe suisse, revendiquent des hausses d’environ 35 % de leurs recettes sur les droits d’accise pour les bières et le tabac. Les acteurs locaux sont, sur ces marchés, loin de faire de la figuration. Les Congolais d’Innov RDC commercialisent ainsi un dispositif qui permet de tester des produits pharmaceutiques et d’en vérifier l’origine, la contrefaçon de médicaments représentant 200 milliards de dollars à l’échelle mondiale — plus que les stupéfiants ! —.

Répondre aux normes toujours plus exigeantes Plus encore, cette amélioration structurelle des capacités de traçabilité des pays africains devient de plus en plus une nécessité pour répondre aux normes toujours plus dures des zones d’importation, notamment l’Europe. Dans le domaine du caoutchouc par exemple, l’Union européenne interdit, depuis la fin de l’année 2024, l’accès à son marché pour tout produit responsable de déforestation, renforçant ainsi les exigences des groupes industriels locaux. Des mesures similaires ont d’ailleurs été mises en œuvre pour le secteur du cacao. Cette montée en puissance d’un cadre réglementaire strict au sein de l’Union européenne s’étend même à l’ensemble du secteur agricole avec plusieurs objectifs majeurs, dont l’abolition du travail des enfants, la protection des forêts ou l’assurance, pour les petits producteurs, d’un revenu de subsistance suffisant. «Ces facteurs posent un véritable défi aux acteurs agricoles qui doivent engager très rapidement les efforts nécessaires pour assurer la traçabilité des produits qu’ils mettent en vente sur le marché, notamment en cas d’exportation vers le marché de l’UE », estime dans une tribune récente un collectif d’experts issus du cabinet BearingPoint.

A lire également -  Lille accueille la 2ème édition des Conversations Citoyennes sur le thème ‘’Rôle de l’entreprise dans l’espace citoyen et social en Afrique’’«En définitive, la traçabilité comporte bien des enjeux fondamentaux pour assainir, contrôler et moderniser la vie économique africaine. Les nouvelles technologies de traçage, fournies par un large panel d’acteurs, sont à même d’aider le continent à lutter contre les trafics illicites qui minent, voire pillent son potentiel », estime Pierre d’Herbès, expert en intelligence économique français, dans le magazine français La Tribune Afrique, qui prévient tout de même qu’elles « ne pourront se substituer à une action volontaire des États pour résorber les ferments de mal-gouvernance en partie responsables de la situation.» L’adoption d’un système robuste de traçabilité sécurisée participe de cette volonté, comme semble l’attester le FMI. Reste à voir comment les pays du continent la mettront à l’œuvre.

 

 

 

 

 

 


Article publié le jeudi 1 février 2024
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