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Le Commandant Olivier Amah menacé de mort pour ses prises de position - 27avril.com


Le commadant Olivier Poko Amah | Infog : 27avril.com «…Nous les kabyès avons la lourde responsabilité de sauver notre pays le Togo du chaos que lui imposent Faure Gnassingbé et son groupuscule plus cupides que patriotes.» Olivier Amah en septembre 2020.

Au Togo l’impunité érigée en règle fait en sorte que des assassinats d’opposants restent sans suite judiciaire, les assassins étant protégés depuis le haut lieu. Les cas les plus illustratifs ne furent-ils pas l’assassinat de Tavio Amorin par deux policiers bien connus en plein Lomé en juillet 1992, l’attentat de Soudou le 05 mai de la même année au cours duquel Marc Atidépé et 5 autres compatriotes trouvèrent la mort, l’assassinat du président du MODENA Atsutsé Kokouvi Agbobli le 15 août 2008, et plusieurs autres assassinats d’anonymes, au cours ou en dehors de manifestations, à travers tout le pays? En 2002 le sergent Pana Toyi Issifou, un natif de Pya, fut accusé d’être un ami de Messan Agbéyomé Kodjo quand ce dernier fit défection. Il fut d’abord jugé et fessé en public à Pya avant d’être exécuté à la prison civile de Kara par Ernest Gnassingbé. Une liste malheureusement non exhaustive.

Et ceux qui, menacés et n’en pouvant plus, s’étaient résolus à quitter le pays pour sauver leur peau, ne sont pas forcément à l’abri du danger. L’assassinat du lieutenant Vincent Tokofai dans son exil ghanéen en juillet 1995 par des tueurs venus de Lomé est encore frais dans les mémoires. C’est pourquoi des menaces proférées dans certains milieux kabyè autour du pouvoir togolais à l’encontre d’un ancien officier de l’armée togolaise en exil quelque part pour sauver sa vie, doivent être prises au sérieux. Le Commandant Olivier Amah, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est pas n’importe qui. Il est cet officier courageux qui a refusé la facilité et les délices sans gloire de l’instrumentalisation tribalo-ethnique à des fins politiques, pour se mettre du côté du peuple. Originaire de Pya et en bon soldat, engagé sous le drapeau pour défendre son pays, il suit l’actualité, observe, fait des propositions à ce qui reste de l’opposition sur le terrain en dénonçant de temps en temps l’arbitraire et les abus du régime togolais incarné depuis 17 ans par Faure Gnassingbé. Ce sont cette liberté d’esprit, cette lucidité, cette bonne connaissance de la chose militaire et surtout cet appel à libérer le pays qui gênent au plus haut niveau de la grande muette et surtout de sa communauté ethnique d’origine, où malheureusement pour certains la définition du pouvoir politique devrait se décliner en terme d’ethnies, de clans ou de régions.

Quand des pères et mères de famille, supposés être des personnes responsables, exploitent l’attaque terroriste de Kpikpékandi qui a fait 8 morts et 13 blessés côté togolais à des fins tribales pour un but dont eux seuls ont le secret, il est normal que des compatriotes au Togo ou dans la diaspora le dénoncent. C’est pourquoi, à la suite de beaucoup de Togolais, abasourdis et en colère à cause de cette curieuse assemblée générale des ressortissants du village de Pya à Lomé pour parler du terrorisme, une tragédie qui concerne tous les Togolais, Olivier Amah, également un natif dudit village, a vivement dénoncé dans un message-audio sur les réseaux sociaux cette incongruité qui n’a pas sa place dans une république, et surtout pas dans un pays comme le nôtre dont le tissu social est déjà fortement fragilisé par la faute de ceux qui sont au pouvoir depuis un demi-siècle.

Après cette attaque terroriste sanglante des voix se sont élevées du côté des autorités politiques et militaires de notre pays pour inviter le peuple à collaborer avec l’armée dans la lutte contre le terrorisme. Olivier Amah, ancien officier de l’armée, a également dénoncé à travers les réseaux sociaux l’incompatibilité entre le comportement répressif jusqu’à ce jour des forces armées togolaises vis-à-vis de leurs concitoyens civils et une franche collaboration. Pour l’officier-opposant en exil, les FAT (Forces Armées Togolaises) devraient se réinventer en se débarrassant de cette image peu glorieuse d’armée trop politisée pour redevenir une armée vraiment républicaine. Voilà des critiques bien fondées sur des sujets précis que le kabyè de Pya dans la Kozah a faites en n’oubliant pas de faire des propositions.

À travers cet article nous voulons tirer la sonnette d’alarme, car depuis quelques jours nos contacts proches du sérail et d’autres voix dignes de foi, nous font part des propos menaçants de la part de certaines personnalités proches du pouvoir, partisanes du statu quo, contre Olivier Amah. Ces adeptes avérés du tribalisme, ne supportant pas l’idée d’un quelconque partage du pouvoir politique, ne verraient pas d’un bon oeil les prises de position de cet électron libre. En un mot, d’après les informations à notre disposition, la sécurité du Commandant Olivier Amah serait menacée; et en nous référant aux  » faits d’armes » dans un passé récent du régime Gnassingbé concernant la persécution et même l’assassinat d’opposants politiques au-délà des frontières togolaises, il y a lieu de s’inquièter en prenant au sérieux la menace sur la vie de notre illustre compatriote en exil. Pour ceux qui sont moins renseignés sur l’histoire, la vie et surtout le parcours de cet officier togolais pas comme les autres, une parenthèse pour décrire l’homme Olivier Amah.

Âgé aujourd’hui d’une cinquantaine, AMAH Poko Olivier est sorti du Collège Militaire de Tchitchao en 1990. Après une de formation à l’École d’Officiers de Bouaké en Côte d’Ivoire, il sera titularisé en 1993 sous-lieutenant. Devenu gendarme en juillet 1994 et étant commandant des troupes de maintien d’ordre à Lomé, après le décès d’Éyadéma en 2005, il refuse de réprimer dans le but de la conservation du pouvoir. Il est affecté à l’intérieur du pays. En 2007 il devient Commandant et en 2009 il est accusé de tentative de coup d’état; arrêté puis détenu d’abord au secret pendant 18 mois par la garde présidentielle, et ensuite 12 mois à la gendarmerie, il sera jugé par une cour spéciale qui reconnaîtra son innocence. Malgré le fait qu’il fût innocent, il sera condamné à 24 mois de prison puis radié de l’armée.

C’est lors d’une manifestation du CST (Collectif Sauvons le Togo) le 24 mai 2013 qu’il crée l’évènement qui le conduira une deuxième fois en prison; ce jour-là, il donna une interview où il dénonça ces lieux de torture comme la gendarmerie, où il déplora que les autorités politiques aient fait en sorte que l’armée et le peuple se regardent en chiens de faïence, et où il demanda à l’armée de prendre ses responsabilités. Olivier Amah fut arrêté et déporté à la prison de Mango le 30 mai 2013. Sous la pression des organisations de défense des droits de l’homme, il sera libéré le 14 février 2014; sentant sa vie en danger, il réussit à prendre la clé des champs en septembre 2014. Le sort du journaliste de « Radio-Légende » qui lui tendit le micro cette après-midi du 24 mai 2013 ne fut pas non plus des plus enviables. Pour échapper aux tueurs lancés à ses trousses Félix Nahm-Tchougli n’avait dû son salut qu’en quittant précipitamment le Togo.

Voilà racontée l’histoire d’un militaire doté d’un courage rare, et dont aujourd’hui des menaces sur sa vie viennent s’ajouter aux contraintes non moins pénibles de l’exil. Des milliers de cadavres jonchent la route des combattants togolais de la liberté depuis le début des années 90. Opposants célèbres ou manifestants anonymes, civils ou militaires, au pays ou dans la diaspora, ont tous payé de leur vie en demandant un peu plus de démocratie pour leur pays. C’est pourquoi c’est le devoir de tout un chacun de nous, en commençant par les organisations de défense des droits de l’homme, de nous mobiliser pour éviter davantage d’effusion de sang de Togolais ou de Togolaises où qu’ils se trouvent. Olivier Amah ou tout autre opposant, au Togo ou ailleurs, menacé d’une manière ou d’une autre, a droit à la vigilance et à la protection de tous les démocrates togolais. Disons tous non aux crimes gratuits et à l’impunité!

Samari Tchadjobo Allemagne

Samari Tchadjobo | Photo : S.T



Article publié le jeudi 2 juin 2022
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