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Crimée : accusé d'espionnage, un journaliste forcé de présenter des “aveux” à la télévision | RSF
Le visage pâle, peinant à s’exprimer, le correspondant en Crimée de Krym.Realii (filiale du média américain Radio Free Europe/Radio Liberty, RFE/RL) Vladislav Yesipenko a “avoué” sur la chaîne locale russe Krym24 être un espion pour les services secrets ukrainiens (SBU). Cette interview, digne d’un interrogatoire de police, a été diffusée le 18 mars et a probablement été obtenue sous la contrainte. Arrêté dix jours plus tôt par le FSB, les services secrets russes, le journaliste a été victime de torture selon une source présente sur son lieu de détention et citée par Graty, média ukrainien spécialisé dans les abus policiers et judiciaires. L’avocat choisi par sa famille n’a pas été autorisé à voir le journaliste, signe selon l’organisation humanitaire Crimean Human Rights Group que les autorités souhaitent masquer des preuves de mauvais traitements. 



Accusé de travailler pour les renseignements ukrainiens, sous couvert de ses reportages, Vladislav Yesipenko a été inculpé pour “fabrication d'armes à feu”, un crime passible de six ans de prison. Le FSB affirme en effet avoir trouvé une bombe dans sa voiture. Le directeur de RFE/RL estime pour sa part qu’il s’agit d’une arrestation arbitraire liée à ses reportages dans la péninsule annexée par la Russie en mars 2014. Les services de renseignement ukrainiens ont également déclaré que cette arrestation était une opération de propagande menée par la Russie, avant le sommet informel sur la Crimée du 17 mars.  



“Forcer un journaliste emprisonné à se déclarer coupable et diffuser ses aveux porte gravement atteinte à l’éthique journalistique, explique la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. Ces pratiques sont également interdites par l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par la Russie et l’Ukraine. RSF craint que les aveux de Vladislav Yesipenko n’aient été obtenus sous la contrainte et s’inquiète des pressions psychologiques et physiques subies par le journaliste. L’organisation condamne également l’interdiction d’accès à son avocat et appelle à sa libération immédiate.”



Vladislav Yesipenko n’est pas le premier journaliste à être arrêté dans une zone ukrainienne non contrôlée par le gouvernement. En 2018, le reporter Stanislav Asseïev, alors détenu par les séparatistes pro-russes de Donetsk, dans l’Est de l’Ukraine, avait également été accusé d’espionnage pour le compte de Kiev. Il avait, lui aussi, été contraint de faire des aveux publics, sur une chaîne de télévision russe. 



La Russie occupe la 149e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF. L’Ukraine occupe la 96e place.


Article publié le lundi 29 mars 2021
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