Le document reçu par le CICR précise les modalités de libération des personnes emprisonnées dans les deux camps et confie à l’organisation humanitaire neutre la mission de faciliter l’identification, la vérification et la libération sécurisée des individus concernés. Cette remise officielle intervient après la signature en juillet dernier de l’Accord de Principes, qui est censé jeter les bases d’une paix durable dans la région. Le CICR rappelle par ailleurs son rôle central dans la gestion humanitaire des déplacés et des démobilisés. Entre le 30 avril et le 15 mai, l’organisation a supervisé le transfert de plus de 1.300 militaires FARDC désarmés et de leurs familles de Goma vers Kinshasa.
« Déploiement des biceps » L’entente quasi-cordiale affichée à Doha contraste fortement avec la tension palpable sur le terrain dans l’Est. Le 14 septembre, M23/RDF/AFC a présenté un nouveau contingent de plus de sept mille hommes formés à Rumangabo, au Nord de Goma. Dans un discours martial, Corneille Nangaa a exhorté ces troupes à poursuivre « la libération du Congo jusqu’à Kinshasa ». Il a, par ailleurs, annoncé que « douze mille autres combattants » rejoindraient prochainement le mouvement.
Selon le M23/RDF/AFC, ces nouvelles unités comptent d’anciens membres des FARDC, d’ex-Wazalendos et de nouvelles recrues. La mise en scène de cette formation, largement relayée sur les réseaux sociaux, illustre une volonté claire de démonstration de force, en contradiction avec l’esprit des négociations de Doha.
Kinshasa a, pour sa part, procédé au redéploiement de ses troupes, notamment autour d’Uvira. On a assisté à l’arrivée de matériel supplémentaire et de renforts venus du Burundi. La juxtaposition d’une diplomatie active et d’une réalité militaire tendue révèle un double jeu du M23/RDF/AFC: jouer la carte de la négociation à Doha tout en consolidant sa capacité militaire pour peser sur les futures discussions.
« Talk and fight » C’est le retour de la fameuse doctrine « Talk and fight » chère au duo Museveni-Kagame. Ce décalage entre le discours et les réalités sur le terrain souligne la fragilité du processus de paix. Une étincelle suffirait à tout faire imploser. La crédibilité de la diplomatie régionale dépendra de la capacité des parties à traduire les engagements formels en actions.
Obed Vitangi Kakule
Article publié le lundi 22 septembre 2025
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